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Telegram : "La censure commence à devenir un sujet"

Par Aurélie Giraud

Émeutes, réseaux sociaux : que sont les boucles Telegram, où les violences s’organisent ? Véronique Reille-Soult, présidente du cabinet Backbone Consulting, maître de conférences à Sciences Po Paris et auteure de “L’Ultime pouvoir : La vérité sur l’impact des réseaux sociaux” (Éditions du Cerf), était l’invitée de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio le 4 juillet dans "Parlons Vrai chez Bourdin".

Bourdin émeutes Telegram
Telegram est l’un des moyens de communication privilégié par les émeutiers. © AFP

La messagerie instantanée Telegram est privilégiée par les émeutiers, qui y coordonnent leurs attaques depuis la mort de Nahel à Nanterre. Des incitations à la haine et des images très violentes y sont largement diffusées.

"Les deux principaux réseaux sociaux utilisés par les émeutiers sont Snapchat et Telegram"

On a beaucoup parlé des réseaux sociaux à l'occasion des récentes émeutes. "Les deux principaux réseaux sociaux utilisés par les émeutiers sont Snapchat et Telegram" explique Véronique Reille-Soult. "Snapchat est un réseau social plutôt utilisé par les jeunes, avec 20 millions d'utilisateurs quotidiens. Les jeunes Français sont particulièrement attirés par ce réseau social. La France arrive en 4è position, après l'Inde, les États-Unis et le Pakistan. L'idée, c'est de petits messages éphémères, avec une autre fonctionnalité qui est la notion de carte et de géolocalisation. On sait où sont ses amis à l'instant T".

"Telegram est une messagerie privée. Comme Signal, on peut discuter sur Telegram à plusieurs sur un fil privé. Mais il y a de plus en plus de discussions publiques, ça ressemble plus à un média. Ils commencent à développer des fonctionnalités d'un réseau social. Il y a des parties gratuites et payantes, et de la publicité. Telegram commence à devenir un réseau social à part entière". "La petite différence est que ce qui compte sur d'autres réseaux sociaux c'est l'image et la popularité. Telegram n'a pas cette fonction. Vous partagez des informations en public ou en privé, mais on ne sait pas à combien de personnes on est relié."

"La censure commence à devenir un sujet sur Telegram"

Telegram est une messagerie cryptée. Elle a été très utilisée pour organiser les manifestations, partager les pillages, localiser les policiers et publier les données personnelles de ceux qu'on veut montrer du doigt. Comment faire pour mieux gérer ce qui se dit sur Telegram ? "Il n'y a pas de censure sur Signal mais sur Telegram, ça commence à devenir un sujet" affirme Véronique Reille-Soult. "Car ils ont envie de devenir un réseau social à part entière. Il faut qu'ils trouvent un équilibre entre modération et liberté".

"Si ce sont des conversations publiques, ça peut être modéré. Mais sur le privé, c'est très compliqué, il faut trouver le bon équilibre. Quand c'est une injonction ou demande de la police ou de la justice, on peut faire quelque chose. Mais c'est compliqué de dire qu'on s'immisce dans les conversations privées". "Il y a quand même ce sentiment d'impunité sur un fil privé Telegram qui fait que certains vont jusqu'à partager des adresses ou faire des choses parfaitement illégales".

 

 

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