Le député de la France insoumise voit que la date du 11 mai choisie par le gouvernement "n'est là que pour reprendre le travail". Selon lui, les Français "attendaient de pouvoir se projeter sur ce que serait leur vie après le 11 mai" et regrette de constater seulement "un déconfinement du travail". "On comprend que selon le type d'activité à laquelle vous voulez vous adonner, les risques ne seront pas les mêmes", souligne-t-il, remarquant l'interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes "dans votre vie sociale", tout en imaginant que "dans les transports, vous serez plus de dix".
Adrien Quatennens estime que la date du 11 mai "a été guidée par la reprise de la compétition économique à l'échelle internationale". Le jeune député aurait espéré "qu'une telle mise à l'arrêt de notre économie puisse nous interroger sur le modèle d'après". "Cette crise du coronavirus ce n'est pas simplement la crise d'une maladie, c'est la crise d'un modèle économique, politique qui nous a mis en situation de vulnérabilité", insiste-t-il.
La date du 11 mai : "un boulet" ?
Pour le redémarrage des entreprises, Adrien Quatennens espère revoir "les Communautés d'hygiène et de sécurités réactivées" et entend que "les salariés puissent se réunir sur les lieux de travail pour définir les méthodes qui vont permettre de travailler en toute sécurité". Le député demande à ce que "les protections adéquates soient disponibles", même s'il estime que le 11 mai, "ne permettra pas d'être prêt partout". "On a l'impression qu'Édouard Philippe traîne la date du 11 mai comme un boulet au pied attaché par Emmanuel Macron", remarque le porte-parole de la France insoumise qui note que "le président a choisi seul cette date du 11 mai, pour une fois sans se référer au conseil scientifique". "Le gouvernement entre dans le déconfinement avec le même tâtonnement que lors de l'entrée dans la crise", regrette-t-il.
Le parlementaire espère pouvoir "organiser une planification sanitaire". "On aurait dû prendre le problème dans l'autre bout, la priorité doit être la question sanitaire. Pour pouvoir déconfiner, il y a quand même des jauges à respecter", estime-t-il, évoquant notamment la part de la population immunisée, jugée insuffisante par les scientifiques. "Dans tous les cas, il faut une perspective de déconfinement, mais le choix du 11 mai est hasardeux et ne correspond à aucune planification sanitaire", s'indigne Adrien Quatennens.
Il rappelle que sur la plateforme de la France insoumise "un plan de déconfinement complet" a été publié. "Il montre comment on aurait pu faire, on aurait pu en discuter, si le débat parlementaire n'avait pas été expédié comme il l'a été", déplore le député du Nord, qui n'a pas apprécié la sortie du Premier ministre contre l'opposition. "Notre travail depuis le début de la crise c'est un travail de contribution que nous croyons utile au pays", réagit-il en appelant à ce que "la démocratie ne soit pas être confinée".
Taxer les entreprises qui font du bénéfice pendant la crise
Pour Adrien Quatennens, il est hors de question que les salariés soient poussés à renoncer à leurs vacances et autres avantages. "Si l'idée est que les salariés doivent payer la facture de la crise sanitaire, c'est qu'on n'aura tiré aucune leçon de cette situation", répond le député. Il rappelle que lors de la Première Guerre mondiale, "on avait taxé les entreprises qui avaient des bénéfices différents entre la période normale et la période de guerre". En clair, "si vous réalisiez plus de bénéfices qu'en temps normal, vous deviez donner la différence à l'État pour organiser les conditions de la planification". Parmi ces entreprises concernées, le porte-parole de la France insoumise pointe Sanofi, "qui réalise 80% de bénéfices sur des médicaments remboursés par la Sécurité sociale et envisagent de verser 3,8 milliards de dividendes", explique-t-il. "Dans une période où on demande des efforts aux Français, ceux qui ont le plus doivent contribuer à l'effort collectif !", recommande l'élu.
De la même manière, le député appelle au rétablissement "ne serait-ce que temporairement", de l'impôt sur la fortune (ISF). "Ça permettrait de dégager 3,2 milliards d'euros que l'on pourrait injecter dans la planification sanitaire", propose-t-il, en invitant également l'État à "procéder à certaines nationalisations qui pour l'heure n'ont toujours pas été réalisées". Il cite l'exemple de Luxfer, qui produit des bouteilles d'oxygènes médicales, ou encore de certaines usines de masques, récemment fermées ou délocalisées. "Cette crise c'est aussi l'échec de ceux qui ont préféré le laisser-faire du libre-marché à l'État organisateur, ceux qui ont préféré la concurrence à de la coopération. Le monde de demain doit se construire dès maintenant", souligne Adrien Quatennens.
"On passe notre vie à entendre des ordres et des contre-ordres"
Pour le député du Nord, le choix de rouvrir les écoles maternelles et élémentaires n'est pas anodin. "Si on renvoie d'abord les petits à l'école, c'est d'abord pour que les parents puissent aller au travail 'quoi qu'il en coûte'", remarque-t-il, utilisant l'expression du Président de la République. "D'abord Macron nous parle de l'ouverture des écoles le 11 mai et se défausse ensuite sur les élus locaux pour décider", regrette l'élu qui estime que "l'on passe notre vie à entendre des ordres et des contre ordres".
Le parlementaire appelle à une prolongation du chômage partiel. "Un dispositif utile", qui permet aujourd'hui de verser 84% du salaire aux employés obligés de rester chez eux. "On préférerait 100%", glisse au passage Adrien Quatennens. À ceux qui souhaitent relancer l'activité économique et la croissance "pour rembourser les dettes", le porte-parole de la France insoumise donne les exemples de la Banque fédérale américaine qui "a garanti les prêts et a mis fin aux risques", ou encore la Banque d'Angleterre "qui prête directement au Trésor". "Pourquoi la BCE ne pourrait pas racheter aux États les titres de dettes pour les classer en dettes perpétuelles ?", interroge l'élu qui ne souhaite pas que "des générations entières s'arrachent au travail pour rembourser les dettes".
"Oui à l'unité d'action, pas à l'union sacrée"
Si les représentants de la France insoumise appellent au respect "des consignes sanitaires données par le gouvernement", il est hors de question de participer à quelconque "unité nationale". "Depuis le début de la crise, nous avons signifié notre disponibilité pour l'unité d'action", rappelle Adrien Quatennens qui voit en l'union nationale "une amnistie nationale pour ceux qui nous ont mené dans cette situation". "Il ne faudrait pas feindre que nos désaccords ne sont pas fondamentaux", insiste-t-il.
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