"L'intervention française au Mali est depuis le début discutable"
Au lendemain de la mort de treize militaires français au Mali, lundi 25 novembre, le groupe de la France insoumise a évoqué ses réticences quant à la présence de l'armée française au Sahel. Un débat que certains voient déplacé, dans un moment de deuil national. Mais Adrien Quatennens assure qu'il n'y a "pas de mauvaise polémique". "On a d'abord exprimé la vive émotion qui est la nôtre après que la France a perdu treize de ses soldats dans des conditions qui sont atroces", a rappelé le jeune député insoumis.
Mais Adrien Quatennens croit que "l'intervention française au Mali est depuis le début discutable". "Beaucoup de nos compatriotes se posent la question de son efficacité, les Maliens eux-mêmes mettent en cause l'efficacité de cette opération" explique-t-il. "Ça fait 6 ans que nous sommes engagés sur place, la situation qui était justifiée, selon le président qui avait pris cette décision, ne s'est pas améliorée, elle s'est même détériorée" souligne le député, qui juge "qu'il faut pouvoir se poser la question de l'efficacité de l'intervention". Sur place au Mali, Adrien Quatennens appelle à "ne pas faire l'amalgame entre les milices, la délinquance, la corruption et le terrorisme islamiste" présents sur place. "On ne sait plus très bien quel objectif précis nous poursuivons" déplore-t-il. "Jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons pas signé pour être dans une guerre d'occupation sur place" lance-t-il, "une solution est politique, démocratique" ajoute-t-il. "C'est aux Maliens de définir eux-mêmes l'avenir de leur pays".
"Emmanuel Macron veut faire une rupture historique"
À une semaine du début de la grève interprofessionnelle du 5 décembre contre la réforme des retraites, Adrien Quatennnens estime que "le gouvernement cherche absolument à gagner du temps". "À chaque fois qu'ils avancent sur la réforme des retraites ils nous disent 'rassurez-vous rien n'est décidé', mais à ce train-là nous serons en train de voter la loi qu'ils nous diront 'rassurez-vous rien n'est décidé'" déplore-t-il. Il rappelle que "tout le monde a intérêt au succès de la mobilisation du 5 décembre et de ses suites. Il n'y aura que des perdants et tout le monde, sans exception, est concerné". Le cadre de la France insoumise explique que "Emmanuel Macron veut faire une rupture historique. Alors que les courbes démographique montrent que cette part va continuer d'augmenter, Macron dit qu'on va plafonner les ressources à 14% du PIB. Il y a un décrochage de courbe. En gros, on va être plus nombreux à table mais Macron refuse de cuisiner un plus gros gâteau. Le système à points est un système pour de plus petites parts de gâteau".
Pour lui, "aucune pension ne devrait être inférieure au SMIC après une carrière complète". "Il faut que l'on puisse partir à un âge décent, un âge qui fait que l'on n'est pas cassé par le travail ou malade" juge-t-il. Le député rappelle que l’espérance de vie en bonne santé dans notre pays est de 63 ans, "or avec le système par points, on travaille au-delà de l'espérance de vie en bonne santé". "Travailler plus ne fonctionne pas" estime-t-il, rappelant que 300.000 chômeurs de plus de 60 ans qui ont leurs années de cotisations "ne peuvent plus partir à la retraite". "C'est à mesure que le temps de travail a diminué dans la vie, que l’espérance de vie a aussi augmenté" souligne-t-il. Dans son projet politique, la France insoumise souhaite voir "la liberté de partir dès 60 ans et de faire en sorte que le niveau de vie en retraite soit maintenu" rapporte Adrien Quatennens. Pour financer ces retraites, il aurait la solution miracle. "Si on mettait fin à l'inégalité salariale entre les hommes et femmes, il y aurait des cotisations en plus pour les retraites. Si on augmente de 1% les salaires, ça fait 2,5 milliards de cotisations en plus. 100.000 emplois créés, ça fait 1,3 milliard de cotisations en plus".
Une colère sociale qui "dépasse la question des retraites"
Si aujourd'hui on constate une colère sociale "qui dépasse largement la question des retraites", avec la précarité étudiante ou l'augmentation du nombre de pauvres, Adrien Quatennens estime qu'il y a "une erreur à ne pas commettre". "Sur le terrain des retraites, le gouvernement est en difficulté et je pense qu'il peut reculer. Je pense qu'il faut avoir pour objectif de faire battre en retraite Emmanuel Macron sur cette réforme" juge-t-il. Il prévient que "le gouvernement va jouer la division". "Ceux qui vont se plaindre, ils doivent entendre que eux aussi à titre individuel ont intérêt que cette réforme ne se fasse pas. C'est un rapport de force qui s'engage" lance-t-il.
Mais avant la mobilisation du 5 décembre, ce sont les agriculteurs qui battent le pavé, mercredi 27 novembre, dans plusieurs grandes villes françaises. "La situation des agriculteurs dans ce pays est catastrophique" regrette le député insoumis, notant qu'un agriculteur se suicide tous les deux jours et qu'un agriculteur sur trois gagne moins de 350 euros par mois. "Il y a des gens qui sont dans un modèle qui fait que l'on cherche d'abord à consommer moins cher, mais derrière le moins cher, il y a des agriculteurs à qui on fait des injonctions à produire moins cher" déplore-t-il. "Il faut libérer les agriculteurs des injonctions du marché, d'un modèle imposé par la commission européenne et Bruxelles qui encourage un modèle agricole obsolète. Il faut passer d'une agriculture intensive en chimie qui empoisonne la terre, les hommes et les agriculteurs, à une agriculture paysanne" estime Adrien Quatennens.
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