Une affaire de viols et de violences au sein du collège lycée Notre-Dame de Bétharram met le béarnais François Bayrou dans la tourmente à l'Assemblée Nationale.
Bétharram : une instruction de 1998 à 2000
"C’est une institution très ancienne, qui a formé beaucoup de jeunes ayant accédé à des carrières prestigieuses, explique Maître Thierry Sagardoytho, avocat du premier plaignant pour viol dans cette affaire en 1998. Je pense à l’ancien gouverneur de la Banque de France, et bien d’autres. Cette institution catholique a changé de nom après ces scandales. Avec l’excellence, elle s’est fabriquée une réputation de fermeté. Les châtiments corporels physiques n’étaient pas absents de la charte éducative."
"Bétharram a été secouée par un premier scandale en 1996, avec une claque assez violente à un élève, qui avait eu le tympan crevé. Une procédure judiciaire avait immédiatement été engagée. Deux ans plus tard, un gamin a dénoncé des faits de viols de l’ancien directeur. Cette instruction a eu lieu de 1998 à 2000. Elle s’est arrêtée car l’intéressé, le père Carricart s’est suicidé en se jetant dans le Tibre, quand il a su qu’une deuxième victime portait plainte contre lui."
François Bayrou, juste parent d'élève inquiet
"Après, ce fut le calme plat pendant deux décennies, rappelle Maître Thierry Sagardoytho. En 2024, un collectif d’anciennes victimes a lancé une nouvelle enquête, toujours en cours. C’est elle qui a mis le feu à l’Assemblée Nationale il y a quelques jours. Il n’y a pas de juge d’instruction désigné pour l’instant. Certains ont décelé une forme de non intervention de François Bayrou, qui aurait connu le scandale et aurait laissé faire. Selon le procureur de Pau, les auditions de victimes sont terminées. Le parquet doit désormais décider des suites judiciaires à donner. S’emparer du fait que François Bayrou est Premier Ministre aujourd’hui, c’est proprement scandaleux, c’est une récupération politique. Il est père de famille. À l’époque, il s’interroge, il s’inquiète."
"Il ne faut pas juger 1995-1998 au vu de ce que l’on connaît en 2025. À l’époque, les gendarmes de Pau ont eu le plus grand mal pour avoir des témoignages d’élèves et de professeurs. Je peux attester en tant qu’avocat de la première victime, qu’il n’y avait pas la patte de François Bayrou dans cette affaire. Il était certes à l’époque parent d’élève, il n’était plus ministre de l’Éducation Nationale. Il a fait une démarche informelle, s’est entretenu avec le juge d’instruction, qui était du même village que lui, dans un cadre privé. Sans violer le secret d’instruction, il lui a dit qu’il pensait que les faits reprochés au père Carricart étaient caractérisés, et pas plus. Il pouvait savoir ce que n’importe quel lecteur de la presse connaissait."
Retrouvez "C’est à la Une" chaque jour à 7h10 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin
Cliquez ici pour écouter "C'est à la une"