Les propos tenus par Laurent Wauquiez lors de son intervention devant des étudiants de l'EM Lyon n'en finissent plus d'agiter la sphère politique. Les Républicains, gênés aux entournures par les attaques lancées par leur président visant à la fois Gérald Darmanin, Emmanuel Macron ou les révélations sur Nicolas Sarkozy tentent d'éteindre le feu, critiquant les pratiques journalistiques ou dénonçant un indignation "qui n'intéresse que le microcosme parisien", à l'image de la porte-parole du parti, Lydia Guirous.
"Nous aurions aimé que le buzz soit au moins équivalent lorsque Emmanuel Macron, de manière officielle, a parlé des Français comme des illettrés ou des alcooliques, a-t-elle rappelé. Je crois que ces propos étaient beaucoup plus graves. À aucun moment, dans les propos de Laurent Wauquiez, vous n’avez eu de condescendance ou de mépris à l’égard des Français. Je crois que c’est très important."
Même défense pour Gilles Platret, l'autre porte-parole des Républicains : "Quand on voit la formulation des SMS ou des messages qui ont été envoyés aux étudiants de ce cours, quand on voit la façon dont deux heures de cours ont été résumées en moins de deux minutes… On a copié, recollé, expurgé, pour avoir des bouts de phrases complètement coupées de leur contexte. Est-ce que c’est du journalisme ? Non, c’est, éventuellement, un exercice de CAP d’ajusteur-monteur. Vous prenez une bande-son, vous la coupez, vous la remontez et vous en faîtes quelque chose dont vous estimez que ça va être une bombe. Oui, c’est une bombe médiatique, mais elle est très loin des préoccupations des Français."
Pour le professeur de communication politique à Sciences Po, Philippe Moreau-Chevrolet, cette sortie de Laurent Wauquiez est d'ailleurs un "dérapage trop professionnel" pour ne pas avoir été préparé : "C’est un coup de comm’, une façon de communiquer à la Trump pour exister, pour capter une partie de l’électorat en déshérence pour aller vers le FN ou d’un autre côté, qui serait tenté par un vote Macron en leur disant ‘Darmanin est coupable, vous ne devez pas le défendre parce que ce n’est pas représentatif des valeurs de notre famille politique’. Il sait très bien que tout est enregistré aujourd’hui. On peut même penser qu’il a orchestré la fuite lui-même. C’est trop calibré pour être honnête. Il ne balance pas sur quelqu’un, véritablement. C’est trop prudent pour être vraiment du off. D’une certaine façon, c’est trop professionnel comme dérapage. Finalement, le microcosme qui va s’indigner n’a pas beaucoup d’importance dans son équation parce qu’il veut parler aux Français et en priorité à son électorat de droite. Il ne faut pas oublier qu’il a une opportunité historique qui est de récupérer les électeurs FN, qui sont un peu déboussolés en ce moment. Et une menace historique aussi pour la droite, c’est l’OVNI Macron. Donc c’est une équation compliquée. Il recourt à des moyens qui paraissent désespérés mais qui sont en réalité à la fois modernes et efficaces. Après, on peut trouver le procédé antipathique. Il l’est et il est même fait pour ça."
Propos recueillis par Fany Boucaud pour Sud Radio