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Agnès Buzyn : "Il n'y a pas eu de fautes dans la procédure de changement du Levothyrox"

Par Benjamin Jeanjean

La ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn était l’invitée politique du Grand Matin Sud Radio ce mardi. Levothyrox, hôpital public et réforme des retraites étaient notamment au programme.

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Agnès Buzyn, ancienne ministre des Solidarités et de la Santé, est convoquée devant la Cour de Justice de la République.

Le soufflé n’est toujours pas retombé parmi les patients consommant du Levothyrox et réclamant le retour de l’ancienne formule du médicament produit par le laboratoire Merck. Alors que l’ancien médicament ne devrait plus circuler en France d’ici un an, la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn était l’invitée du Grand Matin Sud Radio ce mardi pour réagir officiellement. "Dès que j’ai appris l’existence de personnes qui étaient très mal avec la nouvelle formule du Levothyrox, j’ai très rapidement cherché à diversifier l’offre de façon à ce que chacun trouve le bon produit, en faisant notamment revenir l’ancienne formule. Il faut savoir que cette ancienne formule ne sera plus produite, même pour les autres produits européens, d’ici la fin de l’année 2018. On a fait revenir en France des stocks prévus pour d’autres pays (300 000 boîtes depuis cet été). J’ai réussi à obtenir du laboratoire Merck une prolongation de l’arrivée de ces stocks pendant toute l’année 2018, ce qui permettra aux médecins de prescrire à leurs patients d’autres médicaments. Parmi les cinq produits existant sur le marché, les personnes ont un an pour trouver celui qui leur convient le mieux", annonce-t-elle.

"Un défaut de communication de la part de Merck"

Pour la ministre, le système d’information autour des médicaments doit changer. "Il y a eu un défaut de communication de la part de Merck, puisque personne ne savait que la formule avait changé parmi les patients. Mais notre système n’est pas prévu pour informer les patients. Il prévoit qu’on informe les médecins et les pharmaciens, et eux préviennent en suite leurs patients. C’est organisé comme ça. C’est clairement un défaut du système, j’ai donc laissé une mission sur l’information des patients pour voir comment nous pouvons, à l’avenir, éviter ces défauts", indique-t-elle avant de refuser de se prononcer pour ou contre les patients réclamant aujourd’hui des indemnités. "Je ne vais pas commenter une affaire judiciaire en cours, mais tout ce que je peux dire, c’est que dans la procédure de changement du Levothyrox, il n’y a pas eu de fautes. L’Agence du médicament a demandé à Merck en 2015 de changer sa formule car elle était instable, et le laboratoire s’est soumis à la pression des autorités françaises pour changer cette formule. La nouvelle est meilleure, et d’ailleurs parmi les 3 millions de personnes qui prennent du Levothyrox, la grande majorité se sentent très bien avec la nouvelle formule. Pour les autres, j’ai diversifié l’offre et il y a maintenant cinq produits disponibles sur le marché", assure-t-elle.

"On ne peut pas baisser les effectifs de soignants"

Autre grand dossier trônant sur le bureau d’Agnès Buzyn : la réforme de l’hôpital. Alors que le contexte social et budgétaire des hôpitaux publics français est aujourd’hui plus que tendu, l’hématologue de profession a conscience de l’ampleur de la tâche. "La construction-même du financement des hôpitaux depuis quelques années a progressivement entraîné des dérives puisqu’on leur a demandé d’être rentables. Il y a une différence entre avoir une très bonne gestion financière d’un établissement et chercher à avoir des activités rentables. L’hôpital a une mission de service public. Il doit accueillir de façon universelle, il doit former, il doit faire de la recherche, il doit être un centre de recours. Aujourd’hui, la tarification des hôpitaux n’est plus en adéquation avec la valeur ajoutée. Il faut donc réformer le financement de notre système de santé. On ne reviendra pas sur la dotation globale parce que ça permet à chacun de garder ses sous sans forcément beaucoup travailler, mais aujourd’hui je pense que le système est pervers. C’est parce que je connaissais cette situation de l’intérieur depuis des années que j’ai accepté ce poste de ministre", rappelle-t-elle.

"La masse salariale a augmenté de façon mécanique ces dernières années puisqu’on a revalorisé le point d’indice de la fonction publique hospitalière tout en faisant ce qu’on appelle le PPCR (réforme impliquant une augmentation mécanique de la part qu’on verse au salaire). La masse salariale augmente donc alors que l’activité des hôpitaux baisse. Il y a un effet ciseau qui fait que nos hôpitaux sont aujourd’hui dans le rouge, mais pour autant je pense qu’on ne peut pas baisser les effectifs de soignants. Ces équipes sont sous une énorme tension, et on ne peut pas leur imposer un rythme d’activité encore plus élevé", ajoute-t-elle.

"La réforme des retraites, un enjeu de cohésion intergénérationnelle"

Enfin, la ministre s’est également exprimée sur la réforme à venir des retraites, le prochain grand chantier social du quinquennat d’Emmanuel Macron. Une réforme qu’elle pilotera elle-même. "La réforme venait d’un constat : les Français perdaient confiance dans leur capacité à payer les retraites, avec des jeunes qui pensent aujourd’hui qu’ils ne seront pas assurés d’avoir une retraite comme nous l’avons ou comme nous l’aurons. C’était donc un enjeu de cohésion intergénérationnelle. Maintenant que je regarde le sujet de très près, je me rends compte à quel point le système est incompréhensible et illisible. Si vous êtes une infirmière qui a travaillé 20 ans dans le privé et 20 ans à l’hôpital, vous n’aurez pas la même retraite selon que vous ayez commencé par le public ou par le privé. C’est une question d’équité", assure-t-elle.

Retrouvez en podcast toute l’interview d’Agnès Buzyn dans le Grand Matin Sud Radio

 

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