Alexis Corbière : "Peu de choses ont été faites pour éviter le choc de la deuxième vague"
Olivier Véran, ministre de la Santé, a annoncé que le pic épidémique était peut-être derrière nous, les chiffres de la pandémie de Covid-19 semblant s’améliorer. Alexis Corbière se dit "content si on a atteint le pic" mais veut rester "prudent" : "il faut féliciter tous les Français" de ce succès. Toutefois, il ne manque pas de critiquer le gouvernement : "nous, nous considérions que la difficulté c’est qu’entre le premier confinement et le second, peu de choses avaient été faites pour éviter le choc de la deuxième vague".
Pour lui, les mesures "extrêmement sévères et qui impactent nos vies" ont donc été prises du fait de ce manque d’anticipation. "Si ça produit des effets tant mieux, c’est le but, mais le coût aura été terrible." S’il espère que le plus tôt possible "on pourra se sortir de là", il souligne le fait qu’il faut faire "attention si à chaque fois on ne retient pas la leçon", comme augmenter les capacités d’accueil à l’hôpital ou les stratégies de test, "on peut avoir une troisième vague, on peut avoir une quatrième vague..."
Sur le risque de devoir vivre avec le virus au moins jusqu’à la mi-2021, le temps qu’un vaccin soit disponible, le député LFI de Seine-Saint-Denis déclare être de ceux "qui font confiance à la science". Il rappelle qu’avant même la crise sanitaire, "le personnel hospitalier était mobilisé, était dans la rue parce qu’il disait ‘attention, l’hôpital public, en raison des politiques de réductions de moyens, est en danger’". Il souligne qu’en Seine-Saint-Denis, l’hôpital public a "quatre fois moins de capacité d’accueil qu’à Paris, par exemple". "Tout ça j’aimerais, j’ai envie de reprendre les mots d’Emmanuel Macron, qu’il y ait des leçons qui soient tirées de tout ça."
"Emmanuel Macron est responsable d’une politique économique qui fait que l’effet du Covid est particulièrement douloureux"
Sur l’organisation des lycées et de l’éducation en général, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon remarque "qu’il a fallu des lycées mobilisés en grève, des lycéens, des enseignants, pour arriver à ce que M. Blanquer admette qu’effectivement il faudrait organiser les cours en demi-groupes". En tant que professeur, il estime que si on veut des classes en demi-groupes, du personnel aurait dû être embauché dès la rentée "pour voir venir le coup". "Le travail en demi-groupe ça ne s’improvise pas", ajoute-t-il.
Le décrochage scolaire, mis en avant durant le premier confinement, risque de s’accentuer durant le second par manque de moyens humains. "Bien sûr qu’Emmanuel Macron n’est pas responsable du Covid ; par contre, ce dont il est responsable selon moi, c’est d’une politique économique qui fait que l’effet du Covid est particulièrement douloureux, estime Alexis Corbière. L'hôpital public a été affaibli, notre éducation nationale du point de vue des moyens de l'enseignement a été affaiblie, etc.", insiste-t-il.
"Je n’étais pas pour la totale interdiction de la pratique du culte"
Dimanche 15 novembre 2020, devant de nombreuses églises en France, les croyants se sont rassemblés pour demander la réautorisation des messes. Alexis Corbière rappelle que LFI était favorable à ce qu’il y ait "sous une forme très adaptée, en respectant des normes, une capacité dans les lieux de culte à accueillir certains fidèles, qui ont besoin de ça. Mais il ajoute qu'il ne peut pas y avoir des règles à géométrie variable et il ne faut pas faire n'importe quoi. Les lieux de culte ne doivent pas être des clusters, mais c'est un sujet extrêmement sensible".
"Je n’étais pas pour la totale interdiction", explique le député qui revient sur l’intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale, où il a expliqué "qu’interdire la pratique du culte est quelque chose de sensible et c’était un peu brutal, quelles que soient les religions". "Pour les croyants, c'est quelque chose de très important, reconnaît-il, et pour moi qui suis prof d'histoire, c'est quelque chose qui n'est jamais arrivé. Si on peut l'éviter ou le réduire, je suis plutôt là-dessus, on peut trouver des organisations".
"Le gouvernement qui veut faire passer une loi en disant que c’est à l’origine des députés"
La France Insoumise appelle à un rassemblement devant l’Assemblée nationale avant le débat sur la nouvelle loi sur la sécurité, qui va donner de nouveaux pouvoirs et de nouveaux droits aux policiers, tout en restreignant certaines libertés. "C’est une loi à l’initiative de députés, mais en réalité à mon avis, c’est le gouvernement qui veut faire passer une loi en disant que c’est à l’origine des députés", juge Alexis Corbière.
Le "fond du sujet", pour lui, est que la loi "donne plus de pouvoir à la police municipale" alors que "la police nationale a des moyens en moins, qui baissent" : "on va demander aux communes, selon leurs moyens, de compenser ça. Moi, je ne suis pas d’accord".
Il critique également la "gadgétisation" du rapport à la sécurité comme l’utilisation "de drones". Mais, surtout, ce qu’il critique, c'est l’interdiction de diffuser les images "si vous filmez une interpellation de police". Le député rappelle l’affaire Cédric Chouviat qui a perdu la vie durant son interpellation : alors que la "première version de la police" a été de dire que l’homme a fait un malaise, "des images sont montrées et on se rend compte que la réalité n’est pas celle-là". Il rappelle également "qu’aujourd’hui la loi interdit qu’un policier soit menacé".
"Ce n'est pas simple d'obtenir 500 signatures de maires et c'est d'ailleurs un problème démocratique"
Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature pour les prochaines élections présidentielles. "J'invite le Parti communiste et d'autres gens pour qu'il y ait un grand mouvement qui se fasse ! explique Alexis Corbière. Jean-Luc Mélenchon a impulsé les choses en disant qu'il est disponible pour être candidat. On est déjà à 172.000 signatures de citoyens, il y a un premier mouvement qui est fait. Mais après, il faut essayer de lever une force".
"Ce n'est pas simple d'obtenir 500 signatures d'élus, reconnaît-il, et c'est d'ailleurs un problème démocratique. Il y a peut-être une autre voie, avec le parrainage des citoyens, et on fait d'ailleurs cette proposition de loi".
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