Le député de la France insoumise pointe du doigt les inégalité face au confinement "entre les cols blancs qui peuvent faire du télétravail et les autres", dénonçant "des mesures sanitaires qui ne sont pas prises". Par exemple, "chez Fedex à Roissy, il n'y a pas de masques", ou encore sur les livraisons "des meubles suédois en plein confinement sans mesure sanitaire...". À l'heure où 60% de notre économie tourne toujours, "est-ce vraiment une activité essentielle ?", s'interroge le parlementaire. "Le gouvernement ne définit pas ce qu'est une activité essentielle ! C'est pourtant un sujet de fond", regrette-t-il.
Une question de souveraineté
"Nous demandons quelles sont les mesures de réquisition pour reconstituer une chaîne de production de médicaments, car nous allons bientôt en manquer", prévient Alexis Corbière. "Il faut des réquisitions", insiste-t-il, déplorant que "80% des médicaments sont fabriqués en Chine et en Inde. Nous payons nos délocalisations". "Nous allons poser la question de la planification de sortie du confinement", annonce le parlementaire. "Le gouvernement est dans un brouillard, et dans une communication qui court après les événements", s'indigne-t-il, estimant que "tout ça se planifie, s'organise".
Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon rappelle que "Emmanuel Macron n'a jamais parlé de souveraineté ni de relocalisation dans son programme", lors de la campagne présidentielle en 2017. "Heureusement qu'il se rend compte que la situation aujourd'hui est grotesque", ajoute-t-il. "C'est la famille idéologique de Macron qui a organisé la délocalisation et la mondialisation", déplore Alexis Corbière. Pour lui, "la souveraineté c'est relocaliser notre économie et être indépendant face à ce qui est indispensable pour la Nation, ne pas être dépendant des autres". Le député souligne que le président de la République "a malmené l’hôpital pour des raisons économiques. Aujourd'hui je m'amuse quand je le vois touché pas la grâce".
Faire confiance au gouvernement ?
Le gouvernement a évoqué les "irresponsables" qui provoquent des polémiques en cette période de crise. "Ce sont les gestes barrières de la politique politicienne du gouvernement pour éviter les critiques", réagit Alexis Corbière. "Je lui rappelle que pendant la Première guerre mondiale on a changé les généraux en cours de guerre", ajoute l'historien. "Je devrais me taire et leur faire confiance ? Il y a 10 jours Olivier Veran disait que les masques n'étaient pas nécessaires ! Tous les 3 jours le gouvernement change d'opinion", s'indigne-t-il. "Le gouvernement a menti aux Français, on doit pouvoir les interpeller", insiste le député qui rappelle que 4.200 lits à l'hôpital ont été fermés en 2017.
"Nous devons poursuivre le dialogue et préparer le monde d'après. Tout ne continuera pas comme avant", prévient Alexis Corbière. Mais l'idée d'un gouvernement d'union nationale ne le convainc pas. "C'est une option piège", estime-t-il. "Il faudra un gouvernement de rassemblement pour mener une autre politique avec une vraie rupture du point de vue du productivisme, de la financiarisation de tout", affirme le député. "Mais ça ne se fera pas avec ceux qui ont détruit l’hôpital public", prévient-il.
"Il faudra demander des comptes une fois que nous serons sortis", assure Alexis Corbière qui estime que "la mission d'information menée par la majorité à l'Assemblée nationale nous coupe l'herbe sous le pied". Pour le député de la Seine-Saint-Denis, "Édouard Philippe n'a pas posé la question aux partis politiques du maintien des municipales, il ment quand il dit cela", avant d'ajouter "qu'il y a une volonté d'embobiner de sa part !".
"Sortons de là de manière solidaire"
Le parlementaire insiste sur les "inégalités" qui s'accentuent le temps du confinement. "Cela se retrouve dans les chiffres des élèves qui ont 'disparu' des radars", estime-t-il. Mais, pour lui, "cette perte de suivi est la reproduction des inégalités sociales". L'ancien professeur de lycée témoigne que ses collègues "travaillent même plus qu'en temps normal".
Le gouvernement a annoncé, mardi 31 mars, le décalage d'une semaine de la déclaration des revenus. "Ce n'est pas plus mal", réagit Alexis Corbière. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon pointe "les 4 milliards de l'ISF qui permettraient d'aider les petites entreprises...". Pour le député, "les groupes qui font des profits devraient aider les petites entreprises à ce qui ait une répartition plus juste". "La pire des choses serait une privatisation des profits et de nationalisation des pertes !", estime-t-il. "Que cette crise soit le moment d'une prise de conscience collective que le monde ne peut pas continuer comme avant. Sortons de là de manière solidaire", conclut le député.
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