L'allocution surprise d'Emmanuel Macron du 22 juin 2022, le risque de blocage politique du pays et la présidence de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale : Valérie Rabault a répondu aux questions de Patrick Roger.
Allocution d'Emmanuel Macron : "J’ai eu l’impression que le président de la République voulait nous transférer la responsabilité qu’il a"
Emmanuel Macron a tenu, le 22 juin 2022, une allocution présidentielle dans laquelle il a balayé l’idée d’un gouvernement d’Union populaire mais a appelé les députés fraîchement élus à voter ses lois. Valérie Rabault déclare qu’elle n’a pas pris ce discours "comme une main tendue". Au contraire : "j’ai eu l’impression que le président de la République voulait nous transférer la responsabilité qu’il a".
"S’il veut bâtier un consensus, c’est à lui d’à la fois mettre des propositions sur la table et de développer une méthode", estime la députée du Tarn-et-Garonne.
Valérie Rabault : "Quand on bâtit un consensus, on n’impose pas ses propositions"
Le Président, qui a essuyé une défaite lors des Législatives, semble mettre la pression sur les députés. "Nous n’avons aucune pression", assure Valérie Rabault. Elle prévient le Président : "quand on bâtit un consensus, on n’impose pas ses propositions".
La députée réélue juge "essentielles" les questions du pouvoir d’achat et du travail qui paye suffisamment. "Ça, ça devrait être la priorité, d’autant plus qu’on est face à une inflation galopante." Alors qu’il devrait "engager un consensus" avec toutes les forces concernées et par le biais de discussions, "ce n’est pas forcément la méthode qui est retenue", analyse Valérie Rabault.
Emmanuel Macron "ne peut pas dire qu’il a été élu sur un programme clair"
Pour certains spécialistes, il y a un risque de blocage du pays : les députés de La France Insoumise semblent plutôt prêts à stopper toutes les décisions. "Je ne suis pas favorable au blocage systématique", assure Valérie Rabault. "Par contre, je trouve que la méthode engagée par le chef de l’État n’est pas assez constructive."
Elle juge que ses propos du 22 juin 2022 sont en partie faux. Notamment lorsqu’il déclare avoir été élu sur son programme. "Moi, j’ai voté pour lui le 24 avril parce qu’il était face au RN." Un vote qu’elle a fait pour "préserver la République". "Il ne peut pas dire qu’il a été élu sur un programme clair." La députée du Tarn-et-Garonne juge que la seule mesure claire du programme est la retraite à 65 ans. "Et je suis défavorable au report de l’âge légal à 65 ans."
"Je souhaite que cette présidence revienne à un ou une député de gauche"
La présidence de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, continue de faire débat. "J’ai demandé à siéger à la Commission des Finances", annonce Valérie Rabault. Quant à la présidence, "elle revient à un groupe d’opposition, c’est le règlement de l’Assemblée nationale", rappelle-t-elle. "Je souhaite que cette présidence revienne à un ou une député de gauche."
Or, certains semblent dire que cette présidence, poste majeur au sein du Parlement, devrait revenir au RN. "Je suis stupéfaite par ces annonces", déclare l’élue. "Je m’opposerai de toutes mes forces à ce que la présidence de la Commission des Finances revienne à un ou une député(e) du Rassemblement National." Et elle demande aux députés du parti présidentiel s’ils "sont prêts à mettre un bulletin pour le RN sur cette commission". "J’espère qu’ils ne franchiront pas ce pas là."
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