Près de 20% des lits d'hôpitaux seraient fermés, selon une enquête menée par Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique. En cause : le manque de soignants. "On est en train de faire une enquête précise, territoire par territoire, hôpital par hôpital", déclare Amélie de Montchalin. Objectif : "comprendre la réalité du problème et, surtout, des causes".
Elle explique que le chiffre cache "un enjeu de recrutement" et non un "manque d’effectifs" pour causes budgétaires. L’enjeu est donc de "faire que des personnes formées soient à l’hôpital", continue la ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques, qui ne nie pas un "enjeu de fatigue après la crise sanitaire" ou encore "de conditions de travail". "Et, derrière tout ça, il y a la politique que nous menons, qui est le Ségur de la santé, qui est le plus grand plan d’investissement, à la fois dans la rémunération des soignants, 10 milliards d’euros, et les conditions de travail, 19 milliards d’euros", rappelle Amélie de Montchalin.
Hôpital : "Nous sommes le gouvernement qui, pour la première fois depuis 20 ans, 30 ans, met des moyens d’investissement"
Alors que la critique se concentre sur les moyens accordés aux hôpitaux publics, Amélie de Montchalin ne semble pas convaincue. "Aujourd’hui, nous sommes le gouvernement qui, pour la première fois depuis 20 ans, 30 ans, met des moyens d’investissement", assure-t-elle, précisant que ces moyens sont distribués dans tous les hôpitaux, "pas que dans les grands CHU". Un plan avec un budget largement supérieur à ceux des quinquennats précédents. "Tous les soignants, tous les personnels des hôpitaux, gagnent au moins 183 euros de plus par mois que ce qu’ils gagnaient avant", souligne la ministre.
Amélie de Montchalin ne manque pas de tacler Anne Hidalgo qui a annoncé vouloir un "Marshall des hôpitaux" en estimant qu’elle devrait "balayer devant sa porte". Pour la ministre, le Parti Socialiste, au pouvoir de 2012 a 2017, a "poursuivi la casse de l’hôpital" et n’a pas augmenté les salaires. "La situation dont on hérite aujourd’hui, elle héritée de ce que Xavier Bertrand faisait quand il était ministre de la Santé, puis de ce qu’a fait le Parti socialiste", regrette la ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques.
"Nous sommes aujourd’hui dans un pays où le numérus clausus, est au cœur de la contrainte de pourquoi on n’a pas forcément de médecins", souligne la ministre. Or, le gouvernement Macron a été "le premier", selon elle, à déclarer que cette politique "ne fonctionnait pas". "On met tout ce qu’on peut faire pour que l’hôpital français, après avoir tenu pendant la crise, sorte renforcé", assure Amélie de Montchalin.
Amélie de Montchalin : "les soignants, les infirmières, les médecins, ça ne se trouve pas sur les arbres"
La fermeture de 20% des lits reste toutefois urgente. Les critiques parlent de suradministration et de découragement des infirmières. C’est la raison qui a poussé le gouvernement à lancer son étude "hôpital par hôpital" pour comprendre "quels sont les besoins et comment on peut y répondre avec des éléments de court terme", juge Amélie de Montchalin. "Mais les soignants, les infirmières, les médecins, ça ne se trouve pas sur les arbres."
"Aujourd’hui nous avons à réparer une situation que nous avons héritée de quinquennats, finalement, de faiblesse, d’hypocrisie." La ministre de la Fonction publique estime que "le sujet n’est pas l’argent" mais bien les conditions de travail. Elle appelle également à "soutenir, ceux et celles qui travaillent dans l’hôpital partout en France".
Quant à l’enquête, les résultats sont "une question de jours, de semaines". Notamment car "on sait que l’hiver, c’est toujours une période difficile dans les hôpitaux". "On a une double obligation de mobilisation", estime-t-elle. Amélie de Montchalin estime néanmoins que la situation n’est pas propre à la France : "tous les pays, après la crise sanitaire, ont des enjeux de remobilisation dans les hôpitaux".
"Je trouve que l’équation de dire ‘on travaille moins et on est moins payé’, ce n’est pas une bonne équation"
La question du temps de travail dans les mairies est au centre de l’action de la ministre. "De quoi on parle ? Depuis 20 ans, tous les Français savent que le temps de travail c’est 35 heures." De fait, le gouvernement a "acté" que les exceptions "dans certaines communes" n’ont pas lieu d’être, explique Amélie de Montchalin. Il ne faut pas "qu’il y ait une exception entre le privé et le public" ou "entre les agents entre eux".
Le travail d’Amélie de Montchalin, en tant que ministre, est donc que "l’action publique soit plus efficace, mais aussi que les agents soient mieux payés". Et pour ce faire, "on s’assure qu’ils travaillent le temps de travail a minima : 35 heures". "Je trouve que l’équation de dire ‘on travaille moins et on est moins payé’, ce n’est pas une bonne équation", confie la ministre. C’est pour cela qu’elle a annoncé la revalorisation des "1,2 million d’agents qui sont les moins bien rémunérés" ; "mais en échange, on demande aux élus, on demande aux agents publics, de s’engager à travailler 35 heures".
"C’est un combat qui est à mon avis perdant et pour le service public, et pour les agents"
Elle met en avant certaines actions des élus en ce sens, comme à Montpellier où "la mairie passe aux 35 heures au 1er janvier 2022" avec une augmentation des agents à la clé. "Je ne comprends toujours pas pourquoi madame Hidalgo considère que ce serait une bonne mesure que de garder un temps de travail inférieur à 32 heures" ce qui l’a conduite au tribunal administratif, et qui "crée de l’iniquité là où je l’entends être une femme de gauche qui, je crois, croit à l’égalité".
"C’est un combat qui est à mon avis perdant et pour le service public, et pour les agents", analyse la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Elle a donc "demandé aux Préfets, d’ici à vendredi, de me faire remonter la situation de chacune des communes de France" afin d’avoir une vision claire sur l’application des 35 heures.
"Le but n'est pas de militariser la Manche mais de faire respecter les accords"
Le conflit entre les pêcheurs britanniques et français dans la Manche reprend de plus belle, après la verbalisation de deux bateaux de pêche anglais en la baie de Somme, dans la nuit du 27 au 28 octobre. Le principe est clair pour Amélie de Montchalin, "on acte les accords et on les fait respecter", sous peine de mesures de "rétorsion". "Dans l'accord, il y a l'accès aux licences de pêche pour les Français", rappelle-t-elle, assurant "tirer les conséquences", si ces licences ne sont pas délivrées pour des raisons politiques.
"Le but n'est pas de militariser la Manche mais de faire respecter les accords", précise la ministre qui annonce être "très ferme". Les négociations sur les pêcheurs avaient été menées par Michel Barnier, actuel candidat LR aux élections présidentielles. "Aujourd'hui, sur l'Europe, il dit des choses où il renie une partie de ce qu'il portait quand il était commissaire européen", note Amélie de Montchalin. "On a très bien négocié, on a fait respecter des principes d'égalité et des principes qui font qu'aujourd'hui ce n'est pas aux entreprises françaises de payer les factures du Brexit".
Amélie de Montchalin sur l'indemnité-inflation : "Les engagements seront tenus"
La ministre sera près d'Albi (Tarn) avec Gabriel Attal pour assurer le service après-vente sur le pouvoir d'achat et l'indemnité-inflation. Les agents de la fonction publique toucheront bien cette prime, comme "tous les Français qui gagnent moins de 2.000 euros net par mois". "Appuyer sur le bouton, c'est pas toujours simple, il y a 50.000 employeurs territoriaux, il faut faire les choses fiables", reconnaît Amélie de Montchalin qui est en train de préparer le dispositif. "Les engagements seront tenus", assure-t-elle.
Sur les 5,5 millions d'agents publics, "à peu près 2 millions de personnes" de la fonction publique bénéficieront de la prime "le plus vite possible et de la manière la plus fiable possible", entre décembre et janvier. Sur le terrain, la ministre veut défendre le bilan du quinquennat, à quelques mois de la présidentielle. "Nous voulons voir ce qui a été fait et ce qui est encore à faire", confie-t-elle, voulant faire le lien entre "le rêve français et la manière dont ça se concrétise sur le terrain".
Un policier témoigne sur la montée de la délinquance dans toutes les petites villes, à l'image des émeutes d'Alençon, mardi 26 octobre. La profession demande des renforts d'effectif. "C'est la politique de fermeté et de redéploiement que nous menons", précise Amélie de Montchalin qui rappelle avoir déployé "10.000 policiers sur le terrain".
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique" avec Patrick Roger
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !