C’est un amendement qui a provoqué un buzz sur Internet et les réseaux sociaux, touchant à un sujet à la fois léger et sensible parmi la population française. Alors qu’une minorité de Français essentiellement basés ou issus du sud-ouest de la France préfèrent toujours parler d’une "chocolatine" et non de "pain au chocolat", certains députés ont décidé de protéger cette appellation… dans la loi française ! Dans le cadre du débat sur le projet de loi Agriculture et alimentation, un amendement a en effet déposé en ce sens par Aurélien Pradié, député (LR) du Lot.
"Le sujet peut paraître comique ou anodin, mais en fait pas du tout. Dans le cadre de l’examen du texte agricole, nous avons voulu faire évoluer une disposition du code rural, qui fixe les grands objectifs de préservation des produits de qualité. Aujourd’hui, le code rural dit qu’un produit est de qualité car son origine et ses ingrédients sont contrôlés. Nous avons voulu introduire une phrase supplémentaire permettant de protéger des appellations populaires. Le mot "chocolatine" en fait partie mais il y en a d’autres. C’est l’idée que nous avons des spécialités locales, souvent très populaires, qui marquent la culture locale. Commercialement et d’un point de vue artisanal, il est important de les préserver", explique-t-il au micro de Sud Radio ce jeudi.
"Je l’ai appelé "l’amendement chocolatine" pour retenir l’attention"
Selon lui, cette mesure obéit à une vraie logique commerciale et culturelle. "Aujourd’hui, quand vous vous promenez à Toulouse ou dans le sud de la France, vous avez des t-shirts et des cartes postales au nom de la chocolatine. C’est aussi une filière commerciale importante. Dès qu’on aura modifié cette disposition de la loi, beaucoup de produits dont l’appellation est très locale et très populaire pourront devenir des appellations d’origine contrôlée, des produits label rouge, etc. (…) Les spécialités culinaires et la langue marquent une culture locale. L’idée est aussi de s’adresser au consommateur, qui veut pouvoir faire la différence aujourd’hui entre un pain au chocolat ou une chocolatine surgelée, et une viennoiserie bien fabriquée avec respect des produits et du savoir-faire. On entrouvre cette possibilité d’un point de vue légal, ce sera ensuite au professionnel de s’en emparer", déclare-t-il.
Interrogé sur la réception de cet amendement parmi ses collègues députés, Aurélien Pradié n’a pas caché un certain scepticisme au départ. "Au début, tout le monde a souri, en particulier tous ceux qui sont très «bobos» et qui considèrent que ce n’est pas un sujet suffisamment sérieux. Il a fallu un peu de temps pour expliquer que dans la vie parlementaire, on défendait de grands sujets mais parfois aussi de petits sujets. De manière un peu provocatrice, je l’ai appelé "l’amendement chocolatine" pour retenir l’attention de tout le monde. Mais derrière ça, il y a une vraie logique de préservation des appellations populaires", indique-t-il, avant de souligner que "beaucoup de collègues députés du nord qui voient tout le bien que ça pourrait faire" avaient co-signé son amendement.
Réécoutez en podcast toute l’interview d’Aurélien Pradié dans le Grand Matin Sud Radio