Djordje Kuzmanovic : "la gauche des trente dernières années a oublié son propre passé"
André Bercoff demande à ses deux invités du jour pourquoi ils ont quitté la France Insoumise. Djordje Kuzmanovic, ex porte-parole défense et international de Jean-Luc Mélenchon, LFI et président du mouvement "République souveraine" répond : "La campagne pour la présidentielle 2017 a été l'occasion pour Jean-Luc Mélenchon, qui menait La France Insoumise, d'incarner une ligne populiste. Lui-même avait théorisé la rupture, pas complète, du clivage gauche-droite. Et pour ce qui est des positions régaliennes, de géopolitique et de défense, en tant que responsable de ces questions-là, j'avais dirigé une publication à la revue des France nationales 'Pour un nouvel indépendantisme'. Les textes mettaient en avant les thèmes de la patrie et de la nation qui ont été des notions de la gauche. Mais la gauche des trente dernières années a oublié son propre passé".
"Après les législatives, on est revenu à un clivage gauche-droite, en vue des Européennes, considérant que ne votent que des Européistes, qu'ils soient libéraux ou progressistes. Il y a eu des rapprochements avec tel ou tel groupe de gauche. Je pense au PS et aux Verts avec par exemple Manon Aubry. Il y a donc eu un étiolement de cet indépendantisme, cette idée de la souveraineté". Pourquoi alors cette ligne populiste ne correspondait pas à vos souhaits ? "Les questions de souveraineté ont été abandonnées et les positions sur l'Union européenne ont radicalement changé. Le programme de 2017 était simple : cette Europe, on la change ou on la quitte. Mais c'est devenu cette Europe que l'on discute et que l'on re-discute, personne ne comprenait rien à la position de LFI".
Andréa Kotarak évoquant LFI : "On a échoué"
Andréa Kotarak, ancien conseiller régional LFI en Auvergne-Rhône-Alpes, qui s'est illustré sur BFM TV en appelant à voter "pour la seule liste souverainiste qui met en avant l’indépendance de la France et qui est la mieux à même de faire barrage à Emmanuel Macron, celle de Jordan Bardella", lui aussi explique son départ du parti de Jean-Luc Mélenchon : "Nous étions censés défendre la pensée mélenchoniste, souverainiste et patriote. Force est de constater que sur cette seconde mission, on a échoué".
"D'ailleurs, ce que j'avais dit s'est avéré vrai : aujourd'hui, on a une majorité de militants gauchistes qui ne partagent plus cette pensée mélenchoniste. Mélenchon est minoritaire dans son mouvement et ultra-minoritaire à gauche. Pour preuve, Clémentine Autain qui est une simple députée demande même la tête de Jean-Luc Mélenchon. On ne demande pas, quand on est député, la tête du créateur du mouvement si on sait que l'on est tout seul. Elle sait qu'elle est majoritaire au sein du mouvement".