Arnaud Benedetti, professeur à La Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, était l’invité d’André Bercoff le mardi 2 novembre sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-14h, "Bercoff dans tous ses états" pour son livre "Comment sont morts les politiques ? Le grand malaise du pouvoir" (éd. du Cerf).
Qu’est devenue la politique en France ?
Comment sont morts les politiques ? À six mois de l’élection présidentielle, et alors que l’on ne parle déjà que de ça, la question peut prêter à sourire, ou paraître un tantinet provocatrice. Pourtant, c’est une véritable analyse qui se cache derrière le titre du dernier livre d’Arnaud Benedetti. Un voyage dans la Vème République, et une dissertation sur ce qu’est devenue la politique aujourd’hui en France.
Pour Arnaud Benedetti, la politique peut se résumer à trois fonctions. "Commander et fabriquer de la décision". "Délibérer, réguler les conflits à l’intérieur de la société". "Désigner l’adversaire, l’ennemi". "Sur ces trois fonctions, on voit que la première fonction apparaît de plus en plus complexe pour les politiques.[…] Sur le deuxième aspect, nous assistons à une dévitalisation de la démocratie dans sa capacité à orienter les décisions. Et ce qui reste aujourd’hui, c’est la capacité à mener des opérations extérieures" explique le professeur à La Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, sur Sud Radio.
Une marge de manœuvre en chute libre
Dans six mois, les Français seront appelés aux urnes pour élire leur prochain président. La présidentielle, c’est l’élection reine de la France. Mais aujourd’hui, pour Arnaud Benedetti, les politiques français sont empêchés, ils n’ont plus de marge de manœuvre. Ce qui explique leur mort lente. "On est dans un monde où l’interdépendance est de plus en plus forte, ce qui réduit la marge de manœuvre. On a un autre phénomène, nouveau, c’est l’émergence de l’économique et du technique qui fait surgir des formes de pouvoir qui concurrencent le pouvoir traditionnel, comme les GAFAM. Enfin, la politique devient de plus en plus technocratique" lance l’auteur de "Comment sont morts les politiques ? Le grand malaise du pouvoir" (éd. du Cerf).
"Cette impuissance du politique fait que mécaniquement, il y a une crise de la représentation. Elle est liée à cette impuissance des acteurs politiques face aux préoccupations des électeurs. Enfin, il faut compter sur le déclassement de la politique. Toutes les études d’opinion que l’on peut analyser depuis une vingtaine d’années montrent une dégradation constante de l’image du politique dans l’opinion publique" ajoute-t-il.
La particularité française
En France, malgré tout, la politique tient une place prédominante. C’est la politique qui construit la nation. "Il y a une attente vis-à-vis de l’opérateur politique qui est encore plus grande qu’ailleurs, ce qui explique la désillusion que semble exprimer un grand nombre de nos concitoyens" analyse le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, qui évoque également les perturbations dans le mode de recrutement des politiques, qui est passé de la longue et progressive carrière pouvant mener à la présidence, à l’irruption d’OVNIS à l’image d’Emmanuel Macron, ou d’Eric Zemmour…
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