Yaël Braun-Pivet a été réélue présidente de l'Assemblée nationale avec 220 voix, contre 207 pour le communiste André Chassaigne et 142 pour le député RN Sébastien Chenu. En quoi son élection est-elle contestable ?
Benjamin Lucas : "Ce qui est en cause, c'est l'éthique, c'est la morale"
"En tout cas, on peut toujours améliorer nos règles. Le problème hier, ce n'est pas la règle d'élection du président de l'Assemblée nationale. Il faut bien qu'à un moment donné, une majorité simple suffise à être élu. Parce que sinon, on peut avoir 50, 60, 200 tours de scrutin… Je crois que c'est pas mal d'essayer de chercher le plus longtemps possible à avoir une majorité absolue et de chercher le plus longtemps une présidence de l'Assemblée nationale qui rassemble une majorité de suffrages.
Je crois que ce ne sont pas nos règles qui sont en cause hier. Ce qui est en cause, c'est l'éthique, c'est la morale. C'est le fait que le président de la République ait choisi de nommer Madame Braun-Pivet. Parce que quand il accepte la démission du gouvernement quelques heures à peine avant l'installation de l'Assemblée nationale, il le fait uniquement pour que 18 ministres puissent participer au scrutin. Et c'est plus que la marge avec laquelle est élue Madame Braun-Pivet. Il y a là un problème pour l'indépendance du parlement, qui devrait proclamer son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. En réalité, c’est cette magouille qui a permis de nommer Madame Braun-Pivet", a déclaré Benjamin Lucas.
"Yaël Braun-Pivet est désormais l'obligée du président de la République"
On dit que Yaël Braun-Pivet n'était pas forcément le choix d'Emmanuel Macron… "Écoutez, elle a été soutenue unanimement par son parti. Il n'y a pas eu de candidature contre elle au sein du groupe Renaissance, et tous les parlementaires macronistes ont voté pour elle. On sait qu'Emmanuel Macron a visiblement du mal avec le collectif, et on a l'impression qu'il n'aime pas grand monde, vu comment il a traité ses ministres et les parlementaires de son ex-majorité. Mais en tout cas, elle était la candidate soutenue par le président de la République. Et elle est l'obligée désormais du président de la République. C’est par sa manœuvre gouvernementale, par le fait qu'Emmanuel Macron ait permis à des ministres de siéger et de voter qu'elle est au perchoir. Et donc, elle est de fait aujourd'hui redevable au président de la République.
C'est très mauvais, pas simplement pour elle, pas simplement pour l'opposition, les oppositions ou les majorités à venir. Et j'espère que nous serons la majorité gouvernementale. C'est aussi mauvais pour le parlement et l'indépendance du parlement, qui doit être préservée. Parce que dans les messages des Français le 30 juin et le 7 juillet, il y a notamment l'idée d'avoir un parlement qui échappe à la tutelle du président de la République", a poursuivi Benjamin Lucas.
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