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Attentat d'Arras: ce que l'on sait du profil de l'agresseur

Par Sud Radio avec AFP

Un assaillant radicalisé sous surveillance, un frère en prison dans un dossier lié au djihadisme, un autre détenu "au profil vraiment inquiétant" et six autres personnes en garde à vue: que sait-on ce dimanche de l'enquête sur l'attentat d'Arras qui a coûté la vie à un enseignant et blessé trois autres personnes ?

Un assaillant radicalisé sous surveillance, un frère en prison dans un dossier lié au djihadisme, un autre détenu "au profil vraiment inquiétant" et six autres personnes en garde à vue: que sait-on ce dimanche de l'enquête sur l'attentat d'Arras qui a coûté la vie à un enseignant et blessé trois autres personnes ?

 

Mohammed Mogouchkov, 20 ans, est né à Malgobek, dans la République russe à majorité musulmane d'Ingouchie, selon l'administration, et est arrivé en France en 2008. Il n'avait aucun casier judiciaire mais était suivi "depuis la fin du mois de juillet", selon Gérald Darmanin, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), grâce à des écoutes et des mesures de surveillance physique.

Cette surveillance a été mise en place "parce qu'il y a eu des liens" entre lui et son frère détenu, a expliqué samedi le ministre de l'Intérieur.  "Cet élève et même la fratrie avaient fait l’objet depuis plusieurs années de signalements de la part des enseignants" du lycée à Arras, a déclaré dimanche sur TF1 le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal. "Ils avaient fait plusieurs signalements pour le grand frère dès 2016 (...) S’agissant du terroriste, il avait fait l’objet de signalements en 2021 et 2022, signalements qui étaient remontés à la direction de l’établissement, remontés aux services de l’Education nationale et transmis au ministère de l’Intérieur, ce qui a probablement entraîné la mise sous surveillance de cet individu", a-t-il ajouté.

Neuf personnes toujours en garde à vue

Sur les onze personnes qui se trouvaient en garde à vue samedi, neuf l'étaient toujours dimanche, à la Sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (Sdat) et à la DGSI. Parmi elles, Mohammed Mogouchkov, deux frères de l'assaillant dont celui incarcéré, sa soeur née en 2005, sa mère, un de ses oncles et un détenu. Deux garde à vue ont en revanche été levées: deux Biélorusses, "qui n'avaient rien à voir avec l'enquête", a appris l'AFP de sources policières.  Depuis son arrestation vendredi, Mohammed Mogouchkov "ne s'est pas exprimé", a précisé l'une de ces sources. Les gardes à vue peuvent durer jusqu'à 96 heures. Les "motivations" de l'auteur "restent à définir", a estimé samedi M. Darmanin, alors qu'il affirmait vendredi sur TF1 qu'il y avait "sans doute" un lien avec les événements au Proche-Orient.

Un entourage au cœur de l'enquête

"Le père et le frère ont eu une influence déterminante, semble-t-il, dans le passage à l'acte", selon une source policière à l'AFP.  Le père de l'assaillant, fiché S et expulsé en 2018, "était tenant d'un islam radical", a expliqué le ministre de l'Intérieur.  Il se trouve "très probablement en Géorgie", a précisé dimanche une source policière. Son frère aîné a été condamné à cinq ans d'emprisonnement, en 2023, pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attentat aux abords de la présidence de la République, dont il avait connaissance. Il a ensuite été condamné pour apologie du terrorisme. Le cas d'un autre détenu, également en garde à vue, interroge les enquêteurs. D'après Le Parisien, ce prisonnier radicalisé échangeait avec l'assaillant sur des réseaux sécurisés. Selon une source proche du dossier à l'AFP, Maxime C. a un "profil vraiment inquiétant". Lors de ses détentions dans différentes prisons, il a été "constaté une influence auprès des codétenus".

"Pas de failles" selon les autorités

Il n'y a "pas eu de faille des services de renseignements", a affirmé Gérald Darmanin. "Rien dans les éléments qu'on avait pu obtenir ne permettait de prédire que cet individu (...) pouvait passer à l'acte", a renchéri Elisabeth Borne dans La Tribune Dimanche. Mohammed Mogouchkov a été contrôlé jeudi, la veille des faits, sans "qu'aucune infraction ne puisse lui être reprochée". Ce contrôle était destiné à vérifier "s'il n'avait pas des armes sur lui, mais aussi pour procéder à des techniques de renseignement plus intrusives et notamment accéder à son téléphone et aux messageries cryptées de son téléphone", selon M. Darmanin.

"Il a manqué sans doute quelques heures", pour permettre aux enquêteurs d'exploiter ces techniques, a-t-il précisé, ajoutant qu'il n'était toutefois "pas certain" que l'auteur parlait sur son téléphone avant son passage à l'acte.  Son profil "s'apparente donc à un individu radicalisé dont le potentiel est connu mais qui décide subitement de passer à l'acte, rendant difficile sa neutralisation", selon une source du renseignement.

"La seule chose dont nous avions connaissance sur cette personne, c'est lorsqu'il s'en est pris à sa maman. Il a connu une garde à vue pour violences intrafamiliales", selon le ministre de l'Intérieur.  L'assaillant ne pouvait légalement pas être expulsé, étant entré en France avant l'âge de 13 ans, a souligné M. Darmanin.  "Que pouvait-on faire de plus en l'occurrence ? Est-ce que ce qui est imprévisible doit être prévu ?", a lancé dimanche sur France Inter le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

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