Aurélien Taché : "Cet État est trop lent, a du mal à s’adapter"
À quelques heures de l'allocution du Président de la République, qui doit annoncer l'instauration d'un couvre-feu dans les zones les plus exposées au Covid-19, Aurélien Taché s'interroge sur cette mesure. "Elle va être très compliquée à faire respecter. Il y a un petit côté double peine, les gens vont continuer à travailler et ne pourront pas aller voir leurs familles", commente-t-il, en proposant par ailleurs des mesures "plus simples".
"Et si on le rendait contraignant aux entreprises aidées ou ayant touché le chômage partiel ?", propose le député du Val d'Oise qui perçoit comme l'un des premiers enseignements de cette crise "une hyper administration". "Cet État est trop lent, a du mal à s’adapter", déplore le parlementaire qui remarque "qu’en France, on a du mal à accepter que l’État ne peut pas tout régler, laisser les villes s’organiser".
"Il faut augmenter le RSA"
La communication du gouvernement n'est pas du goût du fondateur de "Nous Demain", qui la qualifie "d'anxiogène". "Plusieurs personnes s’expriment en permanence. Les médecins disent que de plus en plus de gens fragiles sont en train de lâcher. Cette anxiété généralisée va engendrer des pathologies terribles", prévient le député écologiste qui attend d’Emmanuel Macron un tournant plus "rassurant, apaisant, qu’il y ait un sentiment de justice".
"Nous allons avoir un million de personnes en plus sous le seuil de pauvreté", constate Aurélien Taché qui estime qu'il "faut augmenter le RSA", alors que "l’on va en avoir 10 ou 20% de plus qui vont se retrouver sur le carreau". Le député du groupe Ecologie démocratie solidarité conteste la politique menée par le gouvernement. "On trouve 100 milliards pour les entreprises, on fait une politique du chiffre pour la sécurité... Je préfèrerais une politique du chiffre contre la pauvreté", ajoute-t-il, qualifiant "la politique menée d'antisociale". Face au risque de perdre 800.000 emplois, l'élu propose "de relever les minima sociaux au-dessus du seuil de pauvreté. Ce ne serait pas si cher que cela d’avoir une politique évitant la catastrophe sociale. Dix milliards, ce n’est quand même pas grand chose".
Une politique du chiffre
Si Aurélien Taché n’est plus dans la majorité présidentielle, ce n'est pas parce qu'il a changé de camp ou d'idée. "Ce sont le président et le gouvernement qui se sont dit que leur électorat de 2017 ne les intéressait plus", regrette-t-il, dénonçant "une politique 100% entreprises qui agite les vieilles recettes de Nicolas Sarkozy". Selon l'ancien parlementaire LREM, l'exécutif souhaite "faire du chiffre" et cela "ne produit pas vraiment de résultats".
Au sujet du cannabis, Aurélien Taché appelle à la "dépénalisation", afin de "soulager les policiers". L'annonce d'Emmanuel Macron d'un nouveau texte contre le séparatisme, devenu pour la laïcité, convient au député du Val-d'Oise. "Il faut lutter contre l’islamisme, le terrorisme, le radicalisme. Il faut aussi investir dans une vraie présence dans ces quartiers", estime-t-il, en ajoutant que ce dernier point se jouerait dans "la loi de finances".
Si un mystérieux collectif appelle à dégonfler les pneus des SUV, l'écologiste Aurélien Taché "dénonce la violence et tout ce qui peut mettre en danger la sécurité des gens". "Qu’ils soient dans une forme d’activisme ne me choque pas, mais il y a des limites", précise l'élu qui regrette qu'avant "il y ait une culture du débat", alors qu'aujourd'hui "la violence est en train de monter."
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