Qu’adviendra-t-il du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Alors qu’un rapport remis la semaine dernière assurait que les deux solutions envisagées (construction d’un nouvel aéroport ou agrandissent de celui déjà existant) étaient envisageables bien qu’imparfaites, la décision finale des autorités devrait se faire attendre encore quelques semaines. Invitée du Grand Matin Sud Radio ce mercredi, Barbara Pompili reconnaît aisément la complexité de la situation. "C’est un rapport salué de toutes parts pour son sérieux et qui a le mérite de sortir enfin des postures. Il y a deux solutions imparfaites, mais au moins on peut se baser sur quelque chose. Il ne faut pas se voiler la face, ce dossier est un vrai bourbier depuis des dizaines d’années, qui s’est enkysté et a créé des tensions terribles. De toutes façons, c’est un dossier dont il faut sortir et qui ne laissera personne dans la satisfaction", déclare-t-elle.
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"La ZAD ? L’armée qui vient avec 4000 personnes, ce n’est pas la solution"
Reste à savoir ensuite quel sort réserver à la ZAD, actuellement occupée par des militants opposés au projet de nouvel aéroport. Pour la députée (LREM) de la Somme, la précaution doit être de mise. "La ZAD doit revenir à la normale, il faut que l’État de droit revienne et qu’il puisse y avoir une vie correcte là-bas. Pour que la ZAD se vide, il faudra qu’il y ait à un moment un dialogue pour que ça se passe pacifiquement. Ni vous ni moi n’avons envie d’une guerre avec éventuellement des morts. Personne. Une partie des gens dans la ZAD veulent en découdre, mais une autre partie sont là pour créer une autre société. Je ne mets pas tout le monde dans le même sac. Si on fait une caricature, on ne s’en sortira pas. L’armée qui vient avec 4000 personnes créer un champ de bataille avec des morts, ce n’est pas la bonne solution. Il faut vider la ZAD, oui. Maintenant, on peut être ferme et intelligent. On n’est pas obligés de faire bêtement les choses", insiste-t-elle.
Celle qui est aujourd’hui la présidente de la Commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire s’est également exprimée sur la fin programmée de l’exploitation des hydrocarbures en France d’ici 2040. "Le texte a été définitivement voté hier, c’est une grande satisfaction. La transition énergétique va créer des emplois. L’enjeu est de la gérer. L’échéance donnée pour la fin totale de l’exploitation est 2040, nous sommes en 2017... J’ai connu les fermetures des mines de charbon du jour au lendemain, je sais ce que c’est qu’un territoire qui d’un seul coup se retrouve sans rien. Tout le travail à faire est justement d’anticiper. Arrêtons de faire comme on a toujours fait avant : on se bouche les yeux, on ne regarde pas et on gère comme on peut quand le problème arrive… Il faut travailler avec les territoires concernés pour reconstruire une économie autour de la transition énergétique. Je vous fiche mon billet qu’il y aura plus d’emplois à la fin qu’il n’y en avait au départ", veut-elle croire.
"Les migrants ? Ceux qui ont une baguette magique, qu’ils nous la donnent !"
Autre dossier chaud du gouvernement cette semaine, le recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence. Alors que certaines associations montent au créneau pour dénoncer cette circulaire ministérielle, Barbara Pompili appelle à gérer la situation en respectant les droits humains. "On est face à une situation d’afflux de migrants dû à plusieurs facteurs (guerres, crise économique, dérèglement climatique...). Ceux qui ont la baguette magique pour trouver la bonne solution, qu’il nous la donnent ! C’est une question très complexe. Il faut qu’on accueille bien ces personnes qui souffrent, ce sont des êtres humains qui ont une histoire et un parcours. Ensuite, il faut gérer les demandeurs d’asile, réduire les délais d’attente et voir ceux qui restent et ceux qui ne restent pas. Je crois qu’il faut respecter absolument les droits des personnes. Nous sommes le pays des Droits de l’Homme", martèle-t-elle.
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Par ailleurs, alors que le Premier ministre Édouard Philippe est au cœur d’une polémique suite à un vol privé Tokyo-Paris à 350 000 euros spécialement affrété pour lui faire gagner deux heures de trajet, Barbara Pompili s’étonne de ce choix. "J’ai entendu ça ce matin, j’ai été un peu étonnée. Ils ont toujours fait attention à l’argent public, donc je me dis qu’il a dû se passer quelque chose qui a dû obliger à prendre cette décision. Il y a un point sur lequel je trouve qu’il faut arrêter les polémiques stériles, c’est que lorsqu’on a des déplacements très longs, je pense normal que le Premier ministre et son équipe puissent dormir. Je ne comprends juste pas que cela n’ait pas été prévu avant. (…) D’une manière générale, il est fait très attention à la dépense publique, et un vrai effort a été fait. Il ne faudrait pas non plus que ce qu’il s’est passé là cache le reste de ce qui a été fait", rappelle-t-elle.
Enfin, l’ex-secrétaire d’État chargée de la Biodiversité a également réagi à la tentative de rapprochement d’Emmanuel Macron avec les chasseurs le week-end dernier au château de Chambord. "Je suis dans un territoire de chasseurs. Je constate une chose : que ce soit chez les chasseurs ou les écolos, il y a des abrutis des deux côtés. Il y a aussi des gens très bien avec lesquels j’ai travaillé, parce qu’ils remettent des haies, parce qu’ils gèrent des espaces naturels, etc. Avec des chasseurs normaux et intelligents, on peut faire des choses très bien pour la biodiversité, n’en déplaise à ceux qui veulent toujours entretenir la guerre !", assure-t-elle.
Retrouvez en podcast toute l’interview de Barbara Pompili dans le Grand Matin Sud Radio