Vainqueur incontesté de la primaire de la gauche, Benoît Hamon n’a toujours pas réussi à réunir son propre camp derrière lui pour cette campagne présidentielle. Alors que les proches de Manuel Valls ainsi que ceux de François Hollande ne cachent plus leurs hésitations sur l’attitude à adopter face à une campagne socialiste très marquée à gauche, la tentation d’un vote Macron est de plus en plus forte chez de nombreux élus de gauche. Interrogé à ce sujet, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone n’a pas caché son dilemme actuel, même s’il reconnaît que Benoît Hamon a été "démocratiquement désigné".
Bartolone et les trois temps du mitterrandisme
"Dans l’état actuel des choses, j’ai du mal à m’y reconnaître (Ndlr : dans la campagne de Benoît Hamon). J’ai des divergences de fond avec lui, notamment sur la question de la fin du travail. J’ai pourtant tout fait, à mon poste, pour essayer de faciliter les rapprochements au sein du groupe socialiste, j’ai essayé même de nier le terme de frondeurs, parce qu’il me semblait important de continuer à conjuguer les trois temps du mitterrandisme : le débat, le compromis et le rassemblement. Un choix collectif a été fait pour un candidat, il faut le respecter. Mais il faut entendre aussi le mal-être de ceux qui se rendent bien compte que le théorème mitterrandiste n’est plus en vigueur, et qu’une part des électeurs sociaux-démocrates qui votent traditionnellement pour le PS ne se sent pas pleinement représentée", a-t-il déclaré dans les colonnes du journal Le Monde.
Quinze jours de réflexion avant de choisir entre Hamon et Macron
Face à la montée en puissance de Marine Le Pen et du Front national, Claude Bartolone peut-il alors être tenté de glisser un bulletin "Macron" dans l’urne le 23 avril prochain ? "C’est une question qui me préoccupe tous les jours. Un choix collectif a été fait. Parce je suis militant socialiste engagé à gauche, je ne peux pas être attiré par une aventure personnelle. Mais dans le même temps, on sent la morsure de l’extrême-droite sur la société. On ne peut pas laisser Marine Le Pen caracoler en tête au premier tour, au risque de la mettre en position favorable au second. On est tous ballottés par les événements. Je ne veux pas fuir votre question, mais je me donne une quinzaine de jours pour savoir ce que je ferai", a-t-il expliqué.
Hamon : "Ni inquiet, ni en colère"
En déplacement dans les Bouches-du-Rhône ce mardi matin, Benoît Hamon a été interrogé sur les propos de Claude Bartolone. Le candidat socialiste s'est dit "ni inquiet, ni en colère". "Si je devais m’inquiéter et être en colère pour ça... Non moi tout va bien, je suis en bonne santé", a-t-il déclaré.