Dans son dernier livre, Béatrice Houchard revient sur les différentes pratiques du pouvoir des présidents de la Ve République. Le fait du prince, aux éditions Calmann Lévy, nous plonge dans les arcanes du pouvoir, montrant ainsi "la solitude" des chefs d'États face à certaines décisions, ainsi que certains de leur caprices.
Ainsi Nicolas Sarkozy, "qui avait une culture de la télévision" au point de convoquer les dirigeants de France Télévisions dans son bureau et de s'improviser "directeur des programmes" en donnant des conseils sur la grille des chaînes publiques, ou Jacques Chirac, "devenant Premier ministre de cohabitation en 1986 et qui fait en sorte que le président de la République, François Mitterrand, ne reçoive plus les télégrammes diplomatiques émanant du Quai d'Orsay".
Un président qui veut laisser une trace avec un grand musée, c'est plutôt un bon caprice. Ça coûte cher, mais on ne va pas se plaindre que Louis XIII ait fait construire Versailles
Béatrice Houchard évoque également "des caprices qui ne sont pas forcément négatifs. Quand Georges Pompidou décide, bien avant d'arriver à l'Élysée, de faire un grand musée d'art moderne à Beaubourg, c'est une des premières choses qu'il décide quand il devient président de la République. Même chose avec François Mitterrand et le Louvre ou l'opéra Bastille. Il y a sans doute des excès, mais un président qui veut laisser une trace avec un grand musée, ce sont plutôt de bons caprices. Ça coûte cher, mais on ne va pas se plaindre que Louis XIII ait fait construire Versailles."
Une tendance à un exercer tel un monarque qui ne déplaît pas forcément, selon la journaliste politique de l'Opinion, aux Français : "On reproche souvent aux présidents d'être trop monarques, mais l'opinion publique aime bien que le président représente autre chose que sa personne." Et ne pardonne pas souvent quand ce n'est pas le cas, "on l'a vu avec Nicolas Sarkozy en short à l'Élysée ou avec François Hollande pendant cinq ans".
Cette tradition, même s'il est encore un peu tôt pour véritablement en juger, Emmanuel Macron semble l'avoir remise au goût du jour. "Il en a la posture. Il a beaucoup observé François Hollande est il s'est dit 'Surtout pas ça !' Le fait qu'il répète 'Je suis le chef', 'Je veux', 'Je fais ce que j'ai décidé de faire' participe de cette tradition."
Écoutez l'interview de Béatrice Houchard, invitée du Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger et Sophie Gaillard