Benoît Hamon était ce jeudi l'invité politique de l'émission Territoires d'infos, la matinale de Public Sénat et Sud Radio présentée par Cyril Viguier avec la presse quotidienne régionale.
"Dans certains cas, il faut utiliser la nationalisation temporaire"
Interrogé d'abord sur l'actualité autour de la délocalisation de Whirlpool, dont les syndicats seront reçus ce jeudi par Bernard Cazeneuve, l'ex-ministre de l'Éducation nationale a rappelé qu'il ne pouvait pas promettre l'interdiction des délocalisations - comme peuvent le faire certains candidats - s'il était élu.
"Interdire les délocalisations est impossible" a-t-il déclaré, ajoutant tout de même que, "dans le cas de Whirlpool, on (pourrait) demander le remboursement de l'ensemble des aides publiques indûment perçues", comme le "CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) ou le crédit d'impôt recherche" par exemple. Il a par ailleurs déclaré que "dans certains cas, qui relèvent du savoir faire stratégique", "il (fallait) utiliser l'arme de la nationalisation temporaire", citant l'exemple de STX que "nous risquons de perdre".
À la question de savoir si Pierre Gattaz devait intervenir dans ce genre de situation, Benoît Hamon a affirmé ne rien attendre de la part du président du Médef car "il défend très bien les chefs d'entreprises des grandes entreprises mais assez mal l'entreprise française", selon lui. Il a par ailleurs critiqué le positionnement de M. Gattaz dans la campagne en affirmant qu'il "n'était pas dans son rôle" et qu'il était "inadmissible que le patronat rentre dans le débat de cette manière là". Allusion au fait que le patron des patrons avait comparé le candidat socialiste à Marine Le Pen dimanche dernier.
"Je propose des choses plus concrètes que Mélenchon"
Au sujet de la progression fulgurante de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages et de leurs divergences, Benoît Hamon a déclaré qu'il proposait "des choses encore plus concrètes" que le leader de la France Insoumise. Selon lui, son désaccord avec M. Mélenchon réside dans le fait que ce dernier "prépare une chronologie qui pourrait nous amener à sortir de l'Europe", ce qui nous conduirait vers "un grand vertige".
Le candidat du PS s'est donc adressé aux électeurs de gauche, qui pourraient hésité entre lui et son rival, en les mettant en garde. "On ne construira pas un projet de transformation et de justice sociale en sortant de la coopération en Europe", a-t-il déclaré.
À plusieurs reprises, Benoît Hamon a évoqué cet électorat de gauche, le prenant presque à témoin en parlant des nombreuses défections au sein du Parti socialiste.
Les coups de poignard dans le dos me rappellent Chirac et à la fin il a gagné"
"J’ai connu dans ma famille politique des trahisons mais ce n'est pas moi que l'on trahit, c’est le peuple de gauche qui a été trahi par ceux qui n’ont pas respecté leur parole". C'est par ces mots que le candidat socialiste a ainsi fustigé les élus PS l'ayant "lâché" lors de la campagne, sans jamais les nommer.
Dans une touche d'humour, il a comparé sa situation à celle de Jacques Chirac en 1995, rappelant qu'à la fin celui-ci avait gagné la présidentielle. Déterminé, il a conclu en déclarant qu'il était un "combattant" et que c'était "le peuple de gauche qui (lui) donnait de la force", donnant rendez-vous à "tous les Français" le 19 avril place de la République à Paris, afin de se "mobiliser pour la gauche" dans un "grand moment festif".