C’est un coup de poignard auquel il ne s’attendait sûrement pas. Auteur d’une proposition de loi censée revaloriser les retraites agricoles pour les faire atteindre 85% du Smic net pour une carrière complète, André Chassaigne, député (PCF) du Puy-de-Dôme, a appris ce mercredi que le gouvernement essayait tout bonnement de mettre sa loi… en attente. "Je suis absolument furieux, cette proposition d’augmentation des pensions agricoles a été votée l’an dernier à l’unanimité à l’Assemblée nationale, toutes sensibilités confondues ! La semaine dernière, elle a aussi été votée à l’unanimité des suffrages exprimés en commission des Affaires sociales au Sénat. Il n’y avait donc pas de problème pour qu’en fin d’après-midi, cette proposition de loi soit votée. Et on vient d’apprendre ce matin que le gouvernement avait déposé un amendement à 9h23 pour bloquer le vote ! Vous vous rendez compte : la procédure du vote bloqué n’a pas été pratiquée depuis 25 ans !", s’emporte-t-il au micro de Sud Radio.
Concrètement, le gouvernement souhaiterait reporter cette discussion sur les retraites à… 2020, dans le cadre d’une réforme plus générale. "Ils veulent une loi globale après 2020 pour l’ensemble des catégories sociales. Mais aujourd’hui, un paysan retraité après une carrière complète touche 840 euros, une femme 570 ! Ce sont les retraites les plus basses de notre pays... Le problème, c’est que j’ai proposé que ces retraites soient financées par une recette qui ne plaît pas : l’augmentation de la taxe sur les transactions financières de 0,1%. Ça ferait une recette de 500 millions d’euros par an, et ils n’en veulent pas !", explique-t-il.
Le député communiste avoue ne pas saisir l’attitude d’Emmanuel Macron sur ce sujet. "On a un président qui n’est pas conscient de ce que représente le retraité dans notre pays. Aujourd’hui, le retraité doit s’occuper bien souvent de ses enfants et de ses parents. Quand il a de l’argent, ça rentre dans l’économie réelle et ça permet de répondre aux besoins. Il ne le comprend absolument pas. (…) Je lui ai envoyé un texto en début d’après-midi, et je n’ai pas eu de réponse. Je l’avais déjà alerté la semaine dernière en lui disant que c’était extrêmement important ! Même s’il y a une réforme des retraites dans deux ans, rien n’empêchait aujourd’hui de revaloriser les retraites agricoles ! Je ne comprends pas...", déclare-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview d’André Chassaigne dans le Grand Matin Sud Radio