Pour Clément Weill-Raynal, 95% des personnes figurant sur le "Mur des cons" "avaient le tort d’être classées à droite"
Au cours de cet entretien, le journaliste Clément Weill-Raynal a d’abord raconté à André Bercoff comment il a mis au grand jour le fameux "Mur des cons", qu’il a trouvé dans les locaux du Syndicat de la magistrature en 2013, qui avait fait scandale, et dont le procès se tient ces jours-ci.
"C’est très cocasse. Ma rédaction m’avait envoyé interviewer la présidente du Syndicat de la magistrature sur la polémique opposant les magistrats et Nicolas Sarkozy dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Il fallait que je fasse cette interview rapidement, mais la présidente du Syndicat de la magistrature ne voulait pas la faire dans son bureau, ni dans la grande salle d’accueil. Et pendant qu’on était dans cette salle d’accueil et qu’elle réfléchissait où on pouvait faire cette interview, un des syndicalistes derrière moi a dit : Il ne faut pas filmer le "Mur des cons". Alors je regarde autour de moi, et c’est là que j’aperçois le "Mur des cons", a raconté Clément Weill-Raynal à André Bercoff.
"Et là il s’est passé quelque chose d’essentiel. Je vois ça, je me dis : Tiens, c’est leur tableau de chasse des gens qui ont été condamnés ! Ce n’est pas très délicat, mais pourquoi pas. Puis je scanne du regard et je me dis : Mais non, il y en a qui n’ont pas été condamnés ! Il y en a qui sont dans des procédures judiciaires mais n’ont pas été condamnés, et d’autres qui n’ont jamais connu les tribunaux. J’active ma mémoire et je me rends à l'évidence : 95% de ces personnes ont le tort d’être classées à droite. Si c’était des postiers ou des sidérurgistes, on en penserait ce qu’on veut, mais là ce sont des magistrats, il y a un problème. Alors, pendant que le caméraman installe son matériel, je prends mon iPhone et je filme à la volée les fameuses images qui ont fait le tour de la Toile", a poursuivi Clément Weill-Raynal.
Clément Weill-Raynal : "on m’a reproché d’avoir sorti l’affaire"
Clément Weill-Raynal a également parlé de son indignation face à la réaction du Syndicat de la magistrature, du parquet et des syndicats de journalistes au cours de cette affaire. "D’abord ils ont plaidé la blague de potache. Puis, dans les jours qui ont suivi, ils ont fait disparaître ce "Mur des cons". Alors, au moment où les huissiers envoyés par les 15 plaignants sont arrivés dans le local syndical, ce Mur n’existait plus. D’ailleurs, il y a une plainte supplémentaire pour destruction de preuves qui a été déposée. Elle a été classée sans suites par le parquet".
"Et ce qui est très intéressant, c’est que le Syndicat national des journalistes et la CGT Journalistes me sont tombés dessus à bras raccourcis et ont monté contre moi un procès de Moscou. J’ai gardé les tracts et les communiqués officiels qui ont été publiés contre moi. On ne m’a pas reproché d’avoir privé ma rédaction d’un scoop (ce qui, éventuellement, pouvait se discuter), mais il m’était très clairement reproché d’avoir sorti l’affaire. D’avoir révélé une information qui ne devait pas être portée à la connaissance du public parce que le Syndicat de la magistrature est un syndicat ami avec notamment la CGT. Certains syndicats de journalistes ont donc une action très éloignée de la défense des intérêts de la profession. Ils n’hésitent pas à manier la menace, l’intimidation, l’outrance, l’injure… D’où d’ailleurs le titre de mon livre, Le fusillé du Mur des Cons", a déclaré Clément Weill-Raynal.
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