Dans une émission spéciale de La vérité en Face, présentée par Patrick Roger, le Ministre de l'Industrie et de l'Énergie de France, Marc Ferracci, a annoncé une aide exceptionnelle de 500 millions d'euros après plusieurs mois de grogne dans le monde agricole.
Une crise agricole qui se conclut ?
Depuis le mois de janvier 2024, les agriculteurs mènent des actions sociales en France pour dénoncer leurs conditions de travail et leur faible rémunération. Cette crise agricole a mis en lumière les défis structurels auxquels est confrontée l'agriculture française, notamment en ce qui concerne la pression exercée sur les prix par la grande distribution et la concurrence étrangère.
Moment clé de cette crise : la signature par l'Union européenne, le 6 décembre 2024, du traité de libre-échange avec le Mercosur. Pour rappel, le traité du Mercosur a été créé en 1991 et a pour but de construire un marché commun rassemblant cinq pays : le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay et, depuis 2024, la Bolivie. L’Union européenne veut s’associer à ces pays pour accroître ses échanges commerciaux autour de produits comme la viande, le sucre, le riz, le miel… Le but du traité est de supprimer plus de 90 % des droits de douane qu'impose le Mercosur aux produits provenant du Vieux Continent.
Ce traité suscite donc de vives inquiétudes chez les agriculteurs français. Ils redoutent une concurrence déloyale, notamment en raison des différences de normes environnementales et sanitaires entre l'Amérique du Sud et la France. Cette annonce a renforcé la mobilisation agricole, exacerbant les tensions entre producteurs, distributeurs et décideurs politiques. C'est pour cette raison que Marc Ferracci a annoncé au micro de Patrick Roger une aide exceptionnelle : "On va annoncer le lancement d'un fonds de 500 millions d'euros dans les prochaines semaines, dont 200 millions d'euros d'argent public. Par la suite, des investissements privés viendront soutenir l'industrie agroalimentaire. C'est une filière dans laquelle il y a beaucoup de TPE/PME, représentant entre 95 et 98 % des entreprises."
Redonner le pouvoir aux acteurs de terrain
Pour répondre à ces préoccupations, Marc Ferracci, Ministre de l'Industrie et de l'Énergie, a souligné la nécessité de renforcer le pouvoir des producteurs et des transformateurs. Le but est de rééquilibrer les relations commerciales avec la grande distribution, souvent accusée de tirer les prix vers le bas : "Le pouvoir de négociation et les relations avec la grande distribution doivent basculer du côté des producteurs et des transformateurs, c'est-à-dire de l'industrie agroalimentaire, parce que ce sont nos emplois industriels qui sont en jeu dans les territoires."
Une industrie qui a le vent en poupe
"L'industrie agroalimentaire est la filière qui contribue le plus aux ouvertures d'usines, en termes nets en France. Aujourd'hui, on ouvre plus d'usines dans cette filière qu'on en ferme." selon Marc Ferracci, Ministre de l'Industrie et de l'Énergie de France. L'industrie agroalimentaire se positionne comme un pilier majeur de l'économie française, en particulier dans les zones rurales. En 2023, ce secteur a enregistré 201 ouvertures de sites industriels nettes. Une tendance en hausse de 14 % par rapport à 2022. L'industrie agroalimentaire contribue à un contexte global de réindustrialisation, surpassant d'autres secteurs comme les industries vertes, l'économie circulaire (+29), les transports (+22) et la santé (+20). L'industrie agroalimentaire apparaît donc comme une des solutions principales pour dynamiser l'économie des territoires ruraux.
Simplifier pour mieux progresser
Marc Ferracci insiste enfin sur la nécessité de simplifier les démarches administratives pour favoriser la compétitivité du secteur agricole et agroalimentaire. La réduction du coût de l'énergie et du travail figure également parmi les priorités gouvernementales pour accompagner cette transition : "Ce que me disent les investisseurs et les entrepreneurs, c'est qu'on doit aller plus vite sur les enjeux de coût de l'énergie, de coût du travail et de simplification administrative. Nous allons le faire, car nous avons un projet de loi de simplification qui va revenir au Parlement dans les prochaines semaines. On a besoin d'actionner tous les leviers pour rendre nos agriculteurs et nos industries agroalimentaires performants."