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Danièle Obono : "La non-mixité n’est pas dangereuse, le ministre devrait se renseigner"

Par Benjamin Jeanjean

Députée (France Insoumise) de Paris, Danièle Obono était l’invitée politique du Grand Matin Sud Radio ce vendredi. L’occasion pour elle de parler harcèlement sexuel, stage antiraciste interdit aux blancs et travail à l’Assemblée nationale.

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C’est l’une des figures les plus en vue du groupe de la France Insoumise à l’Assemblée nationale depuis cet été. Députée de Paris, Danièle Obono (37 ans) était l’invitée politique du Grand Matin Sud Radio ce vendredi, au micro de Patrick Roger. Elle s’est notamment longuement exprimée sur le sujet du harcèlement sexuel et de la libération récente de la parole à ce sujet. "Je souhaite que la parole continue de se libérer, et surtout qu’on passe aux actes. Au vu de tous ces témoignages, on voit bien qu’il y a un problème structurel dans tous les secteurs de la société. Il faut que les choses avancent, que les victimes soient entendues et qu’il y ait des actes politiques forts qui permettent de mettre un terme à ces violences", assure-t-elle d’emblée.

"La harcèlement public est tellement diffus qu’on s’y habitue"

"On le sait, le simple fait de franchir la porte d’un commissariat de police exige déjà tout un effort extrêmement dur. Les procédures prennent du temps et le soutien psychologique manque souvent. Il faut bien souvent essayer tout d’abord de se reconstruire soi-même, et en plus devoir supporter des mois voire des années de procédure. Tout ça nécessite des moyens. (…) Le harcèlement dans l’espace public est tellement diffus qu’on s’y habitue, on intériorise. On n’a pas aujourd’hui le réflexe ne serait-ce que de réagir. Il faut que ce soit collectif, qu’il y ait dans la société des réflexes, qu’on puisse tout de suite réagir quand on est témoins de quelque chose", ajoute-t-elle.

Alors que certains quartiers voient aujourd’hui ressurgir une forme d’exploitation et de traite des femmes, Danièle Obono assure que le problème, réel, est plus vaste. "La question de la traite des femmes et de l’exploitation est plus large que ça. On n’a pas suffisamment de moyens pour enquêter et démanteler ces réseaux et ces trafics. Il faut donner des moyens à la police pour démanteler ces trafics-là. On connaît souvent ces réseaux, on sait qu’ils se mêlent souvent à une autre forme de criminalité internationale. Il faut sensibiliser tout le monde, dans toute la société. La délinquance en col blanc dans les tours de la Défense participe aussi à ces trafics car c’est dans les paradis fiscaux que l’argent de ces trafics est recyclé", clame-t-elle. 

"La non-mixité existe dans beaucoup de mouvements"

La députée de Paris a également été interrogée sur la controverse autour des stages antiracistes interdits aux blancs organisés par le syndicat Sud-Éducation 93. "Ce qui a été organisé par ce syndicat est beaucoup plus large que ça, ils l’ont d’ailleurs expliqué. La non-mixité est une pratique qui existe dans beaucoup de mouvements : les mouvements féministes, LGBT, etc. La question est de savoir de quel outil on se dote pour pouvoir organiser des débats, échanger et discuter. Cette pratique répond à des besoins de catégorie. Les personnes victimes de violence sexiste, par exemple, peuvent éprouver le besoin de discuter avec des personnes de confiance qui partagent les mêmes problèmes. Dans ce cas-là, c’est plus un outil pédagogique pour pouvoir libérer plus facilement la parole", souligne-t-elle avant de rebondir sur les récentes propos de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, qui a condamné cette initiative. "Le ministre devrait peut-être se renseigner un peu plus. Dans l’Histoire des mouvements sociaux, ces formes d’action existent", assure-t-elle.

"La France Insoumise est le groupe le plus présent à l’Assemblée"

Sur un plan plus politique, Danièle Obono a tenu à défendre l’action de la France Insoumise à l’Assemblée nationale, qui se heurte à l’obstacle infranchissable d’une majorité écrasante au Palais-Bourbon. "Depuis le début de la législature, le groupe La France Insoumise a été le plus présent à l’Assemblée nationale. Sur la loi Travail, nous avons été ceux qui ont proposé le plus d’amendements. Il y a derrière ça tout un travail pour décortiquer le texte, élaborer des propositions et les défendre en Assemblée. On a commencé le travail et on continue. Nous étions encore à l’Assemblée jusqu’à 0h20 la nuit dernière pour défendre jusqu’au bout des amendements. Je ne suis pas sûre qu’en proportion, la majorité ait été aussi présente. (…) Jean-Luc Mélenchon a dit que, pour le moment, la majorité a réussi à faire passer ses réformes. C’était institutionnellement plié dès le départ avec cette très grande majorité. En revanche, nous participons à faire émerger un mouvement d’opposition sociale, qui existe dans l’opinion mais qui malheureusement n’a pas encore été à la hauteur", déclare-t-elle.

Retrouvez en podcast toute l’interview de Danièle Obono dans le Grand Matin Sud Radio

 

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