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Danièle Obono : les discriminations ne se résolvent pas "par la mise en place d'un numéro vert"

Danièle Obono, députée LFI de Paris, était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 7 décembre 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Danièle Obono interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio le 7 décembre 2020 à 7h40.

Danièle Obono - manifestations : "Sur ledit maintien de l’ordre, il y a eu des défaillances"

Les manifestations contre la loi de sécurité globale qui se sont déroulées le week-end du 5 décembre 2020 ont une nouvelle fois donné lieu à des violences à cause de casseurs immiscés entre les manifestants. "Je pense que pour personne qui souhaite une mobilisation large, l’intervention de provocateurs qui commettent des dégradations ou qui s’attaquent à des policiers n’est souhaitable ni n’est soutenue", déclare Danièle Obono.

"Rappelons d’abord qu’il y a eu des mobilisations importantes", souligne malgré tout la députée de Paris, car les pratiques et les violences font oublier "quel est l’objet de la mobilisation". Cette mobilisation est "historique", estime la députée LFI malgré une baisse du nombre de participants par rapport à la première journée de manifestations qui s’est tenue une semaine auparavant. "Il y avait du monde, et je pense qu’étant donné la gravité de ce texte, c'est non seulement en France mais jusqu’au niveau international que cette loi est contestée et critiquée. Pour elle, il est très dommageable que cette mobilisation en soit réduite à des images de violences, de destruction".

"La question qu’il faut se poser c’est 'comment est-ce que les autorités peuvent avoir une stratégie de maintien de l'ordre qui permette que les manifestations se déroulent correctement ?'" La députée souligne que "la manifestation était nassée" avec "des lignes de policiers" devant et sur le côté et derrière et pourtant "quelques centaines d’individus ont réussi à faire dégénérer. Beaucoup l'ont remarqué, et même les spécialistes, sur ledit maintien de l’ordre, il y a eu des défaillances."

 

"Il y a une responsabilité des donneurs d’ordre de la hiérarchie et du ministre"

Les débordements ont eu lieu à Paris mais également dans d’autres villes de France. Pour Danièle Obono, il y a un "échec" du maintien de l’ordre et "il faut se poser la question des responsabilités", notamment au niveau de la "hiérarchie". La députée LFI cible, comme Jean-Luc Mélenchon, le préfet Lallement "qui est connu aujourd’hui pour son positionnement très agressif". "S’il avait une stratégie plus intelligente vis-à-vis du maintien de l’ordre, il n’aurait pas besoin d’être si agressif" envers les citoyens, estime la députée.

Outre le préfet Lallement, il y a aussi "le ministre", souligne Danièle Obono. Si elle estime que "ce n’est pas une question de laisser-faire" vis-à-vis des casseurs, elle juge que la question est bien de savoir "quelle est la stratégie ?".
La réponse du ministre semble être "le nouveau schéma de maintien de l’ordre" qui est "unanimement critiqué" et qui est "la continuation de ce qui est mal fait". "Il y a une responsabilité des donneurs d’ordre" de la hiérarchie et "du ministre. Ça met en danger les agents qui sont sur le terrain, qui ne sont pas formés pour se trouver dans des situations où ils sont agressés, où ils se mettent à user de manière disproportionnée de la force, parce que rien n'est maîtrisé et ils se sentent en danger", estime-t-elle.

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, semble reculer sur le texte de loi. "Je crois que ses promesses n’engagent que lui car c’est un texte qui est en navette parlementaire. L’article 24 n’est pas réécrit", souligne la député qui ajoute qu’il va "être discuté au SénatCette loi dans son ensemble, notamment l’article 24, est extrêmement problématique." La députée rappelle que des organismes nationaux et supranationaux, comme l’Onu, ont pointé les problèmes liés à l’article 24 ou encore "la surveillance de masse avec les drones" et "la remise en cause de droits fondamentaux et libertés fondamentales".

 

"On a l’impression d’être dans un gouvernement PTT 2.0, parce qu’il y a un numéro vert pour tout"

Dans une interview en direct accordée au média en ligne Brut, Emmanuel Macron a annoncé qu’il allait renforcer la lutte contre les contrôles aux faciès dans la police, avec notamment la création d’une plateforme de signalement. "Je suis assez dubitative, je ne suis pas sûre de savoir quoi approuver", déclare Danièle Obono, car le chef de l’État a "dit tout et son contraire". Elle rappelle que des "brigades de luttes contre les discriminations" avaient été mises en place par Marlène Schiappa et qui étaient, en fait, "une plateforme qui n’a jamais marché".

"Ils ont refusé ce que nous proposions : la mise en place d’un récépissé de contrôle d’identité, ce que demandent depuis des années toutes les associations antiracistes. La question de la lutte contre les discriminations ne se résout pas par la mise en place d’une plateforme ou d’un numéro vert", souligne la députée de Paris. "On a l’impression d’être dans un gouvernement PTT 2.0, parce qu’il y a un numéro vert pour tout".

"La question c'est 'quelle mesure met-on en place ?', pas seulement dans la police, parce que la lutte contre les discriminations ne se résume pas à celles qui existent dans la police, tient-elle à préciser. Il faut comprendre pourquoi ces comportements se produisent et continuent". Elle rappelle les révélations de StreetPress sur les groupes Facebook de policiers où des propos "racistes, sexistes et homophobes" étaient tenus quotidiennement. "Six mois plus tard, ces plateformes existent toujours", souligne Danièle Obono. "Qu’a fait, encore une fois, la hiérarchie, pour mettre un terme à cela ? Ce sont souvent des policiers et policières eux-mêmes qui dénoncent ces actes au sein de la police. Ces lanceurs et lanceuses d'alerte ne sont pas entendus ni soutenus".

Selon elle, "il y a une impunité qui s'installe, car les responsables, ceux qui sont en charge de la formation, du contrôle, des sanctions, ne font pas leur travail. Même quand c'est une minorité, ça déteint et salit l'ensemble de l'institution. Il ne s'agit pas d'un discours anti-flic de Danièle Obono ou de la France Insoumise, il s'agit d'une réalité que dénoncent de l'intérieur ces policiers et policières. Je soutiens la police républicaine", affirme-t-elle.

 


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