Depuis 2010, il a autant marqué les esprits par son génie mathématique que par son style. Toujours en costume trois pièces, lavallière autour du cou et broche en forme d’araignée accrochée à sa veste, Cédric Villani était un mathicien à part, récompensé de la médaille Fields en 2010, l’équivalent du prix Nobel en mathématiques, il est désormais un politique à part. Le scientifique a décidé de se lancer dans les élections législatives sous l'étiquette La République en Marche dans la cinquième circonscription de l’Essonne, entre Saclay, Orsay, Les Ulis et Gif-sur-Yvettes. Et promis, s’il est élu, il n’abandonnera pas son style bien à lui. "Je crois que ce n’est pas en changeant de look qu’on gagne en respectabilité, c’est en connaissant bien ses dossiers", affirme Cédric Villani.
De la stabilité des plasmas aux problèmes de RER
Jeudi, il tenait un de ses premiers meetings de campagne à la maison de l’ingénieur sur le plateau Paris-Saclay. Cette zone se veut une sorte de Silicon Valley européenne avec des formations scientifiques de pointe et des entreprises de haute technologie. Pourtant dans le discours de Cédric Villani, pas de réflexion sur la stabilité des plasmas, son domaine de prédilection, mais des échanges sur les problèmes liés aux transports. Pour autant, les mathématiques ne sont jamais très loin. "Je dis souvent qu’il y a des points communs entre le métier de mathématicien et d’homme de loi. J’aime bien citer Abraham Lincoln, quelqu’un qui était un homme de loi avant d’être politique avec une très forte attirance pour la mathématique, affirme Cédric Villani. En mathématique, on se préoccupe beaucoup de règles, on est beaucoup sur l’analyse des problèmes. On est aussi, comme dans tous les métiers de recherche, sur l’idée qu’on a des problèmes à résoudre et qu’on va mettre toutes ses forces dans la bataille pour les résoudre."
Dans l’amphitéâtre, beaucoup de sympathisants En Marche sont venus voir le candidat, mais aussi des curieux, et des étudiants de l’école d’ingénieur comme Pierre et Mathias, qui a demandé à faire dédicacer sa guitare par le mathématicien. "Je croyais qu’il allait parler de mathématique, c’est pour ça que je suis venu. Mais, c’était quand même intéressant, avoue le premier étudiant. Avoir d’autres types de raisonnements, notamment un raisonnement plus logique, peut faire avancer les choses, ou apporter un nouveau point de vue". Les deux ont appréciés de le voir s’emparer du problème du quotidien, comme l’accès difficile à Paris avec le RER B ou RER C. "Il est conscient des problèmes de la population en général (…) Il a très bien décrit la situation à la fin quand il a dit 'c'est très mal indiqué, on sait pas comment venir, c’est loin de tout', on est sur la même longueur d’onde".
Reste une équation à résoudre pour Cédric Villani, comme le dit une habitante de la circonscription : un bon mathématicien est-il égal à un bon politique ? Françoise, ancienne professeur de mathématiques, a un début de réponse : "Ça apporte de la notoriété. Avoir quelqu’un qui nous représente qui est connu mondialement, c’est très important".
Mais avant d’être élu, il faudra réussir à battre la députée PS sortante, Maud Olivier, très impliquée notamment sur les droits des femmes et épaulé par un un vice-président de l’Université Paris-sud, astrophysicien et cosmologiste de métier.