Finie la consultation unique à 25 euros chez le médecin généraliste. Dorénavant, ce dernier pourra facturer ses patients légèrement plus cher, en fonction de la nature de la consultation. Invité du Grand Matin Sud Radio ce jeudi, Olivier Dartigolles (porte-parole du PCF) dénonce un nouveau coup dur porté aux Français. "De la cuisse de Jupiter est sortie depuis cinq mois une aggravation des conditions de vie. Le reste à vivre des familles, quand tout est payé, est aujourd’hui très faible. Si on mettait à contribution les revenus du capital au même niveau que les revenus du travail, on aurait une vraie protection sociale du 21ème siècle", déplore-t-il, recommandant sur ce sujet de "mettre fin au numerus clausus dans les facs de médecines, s’attaquer aux déserts médicaux, prendre ces questions à bras-le-corps, ce que ne fait en aucun cas le gouvernement actuel".
"Nokia a touché 62 millions de CICE en licenciant 600 personnes"
"Emmanuel Macron avait annoncé une politique équilibrée, et de gauche et de droite. C’est, au final, une politique et de droite et de droite", ajoute-t-il avant de balayer d’un revers de main la proposition du chef de l’État de restreindre nettement l’octroi de la Légion d’Honneur. "Tout ça, c’est de la poudre de perlimpinpin. C’est un écran de fumée. Je vois par exemple qu’un sénateur communiste, Pascal Savoldelli, l’un des rapporteurs du budget 2018, vient de révéler que le CICE allait plomber les dépenses publiques de 27 milliards d’euros l’année prochaine. Si on fait le total depuis qu’il a été créé, de 2013 à 2019, c’est plus de 70 milliards d’euros en moins pour les dépenses publiques. Et voilà que ce parlementaire a demandé à Bercy la liste des entreprises bénéficiaires de ce CICE par département, pour voir si elles jouent le jeu. Un groupe comme Nokia a licencié 600 personnes et a touché plus de 62 millions d’euros de CICE, ce qui fait 100 000 euros par personnes licenciées ! Vous vous rendez compte ? Voilà un vrai sujet", clame-t-il.
Selon le dirigeant communiste, l’ensemble de la politique socio-économique d’Emmanuel Macron est à revoir aujourd’hui. "Emmanuel Macron enquille beaucoup de contre-réformes, tout en maintenant dans l’actualité politique des annonces qui détournent de l’essentiel. C’est une politique très régressive qui aura des conséquences très douloureuses, regardez le tsunami du logement social qui frappera les territoires. Il est temps de mettre en lien tous ces sujets-là pour montrer le travail de démolition entrepris. C’est une avalanche spectaculaire de mauvais coups. (…) Le seul "Merci Macron" que je peux donner, c’est sa capacité à avoir réactivé de manière spectaculaire le clivage gauche-droite. Aujourd’hui, dans l’opinion publique, qu’on le veuille ou non, les Français jugent qu’il s’agit d’une politique de droite", pointe-t-il.
"On a un énorme travail devant nous à gauche"
Reste à savoir désormais quelle réponse apportée à cette politique, à l’heure où la gauche paraît plus divisée que jamais. "C’est dur, il y a eu un effet de sidération. Emmanuel Macron – reconnaissons-lui cela – a fait un hold-up sur la question du changement. Ce n’est pas la première fois dans la vie politique. Nicolas Sarkozy avait dit "rupture", François Hollande avait dit "changement". On a un énorme travail devant nous, forces progressistes de gauche, pour donner à voir la gravité du projet Macron dans son ampleur. La passion française pour l’égalité reste en vie. Beaucoup de personnes jugent que cette politique ne va pas dans la bonne direction. Elles peuvent avoir le moral dans les chaussettes, certains peuvent juger que c’est plié, d’autres sont au contraire très déterminées. Face à tout cela, la gauche doit reconstruire un projet fort et surtout rassembler autour de ce projet", recommande celui qui est aussi conseiller municipal de Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Enfin, Olivier Dartigolles écarte – pour l’instant – la question du leadership de cette opposition de gauche. "On n’a pas besoin d’un premier opposant, mais on a besoin de construire des ripostes unitaires dans la diversité des sensibilités politiques, syndicales et associatives. Il y a beaucoup de forces dans le pays qui ne veulent absolument pas de cette politique, mais elles sont trop divisées. (…) On a besoin de tout le monde, bien évidemment que Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise font partie des forces qui doivent converger dans la bonne direction. Il n’y a pas besoin d’affirmer un leadership, personne n’a à se ranger, à se rallier derrière quelqu’un", conclut-il.
Réécoutez en podcast l’interview d’Olivier Dartigolles dans le Grand Matin Sud Radio