Décidément, les arbitrages budgétaires entre les ministères n’ont pas fini de faire parler. En annonçant que l’armée allait devoir se serrer la ceinture, Emmanuel Macron a récemment suscité la grogne des hauts gradés, dont le chef d’état-major des armées le général Pierre de Villiers, qui avait jugé cette trajectoire budgétaire "pas tenable" dans une audience à huis clos à l’Assemblée nationale. Des propos rapportés au président de la République, qui a publiquement recadré dans la foulée le général en lui rappelant que ses décisions s’imposaient aux responsables militaires. Alors que les deux hommes sont censés se voir ce mercredi, Pierre de Villiers a pris les devants en annonçant sa démission, considérant "ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel (il) croit pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd'hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays". Face à cette crise très rare entre la hiérarchie militaire et l’Élysée, de nombreuses personnalités politiques s’en prennent aujourd’hui au chef de l’État.
La droite entre colère contre Macron et hommage à de Villiers
À droite, Éric Ciotti, qui avait déjà salué le courage du général de Villiers plus tôt sur Sud Radio, a fustigé sur Twitter "l’irresponsabilité", "l’arrogance" et "l’incompétence" du pouvoir personnifié par Emmanuel Macron.
Irresponsabilité totale d'un pouvoir qui par arrogance et incompétence sacrifie un homme de la qualité de Pierre #deVilliers
— Eric Ciotti (@ECiotti) 19 juillet 2017
Macron préfère Darmanin au général #deVilliers ! Quelle faute irresponsable ! Hommage au général Courage !
— Eric Ciotti (@ECiotti) 19 juillet 2017
Son collègue Xavier Bertrand a, lui, déploré le départ d’un "grand soldat", jugeant que "ses vérités sont toujours là".
Remettre en cause le budget des #armées, c’est oublier que nous devons protéger ceux qui nous protègent. #CEMA
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 19 juillet 2017
Le Général De Villiers : un militaire sincère, droit et soucieux de la sécurité de ses soldats, de nos compatriotes et de l’intérêt national
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 19 juillet 2017
Ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin assure de son côté "comprendre" le général de Villiers.
Il faut comprendre Le Gal de Villiers,un grand chef d'état-major.Il a eu aussi à se battre trop souvent contre les finasseries budgétaires.
— Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) 19 juillet 2017
La gauche dénonce des institutions bafouées
Le ton est le même à gauche, où cette démission est largement imputée au président de la République. "La démission du Général Pierre de Villiers après l'annonce des coupes budgétaires pour nos armées est le nouveau chef d'œuvre d’Emmanuel Macron", ironise ainsi Benoît Hamon sur Twitter.
La démission du Gal Pierre de Villiers après l'annonce des coupes budgétaires pour nos armées est le nouveau chef d'œuvre d'@EmmanuelMacron
— Benoît Hamon (@benoithamon) 19 juillet 2017
Ancien ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas déplore de son côté un Parlement bafoué par l’attitude d’Emmanuel Macron.
De cette démission du CEMA, on pourrait retenir que le chef de l'Etat ne reconnaît pas au Parlement le droit d'être informé...
— Jean-Jacques Urvoas (@JJUrvoas) 19 juillet 2017
Membre de la Commission de défense de l’Assemblée nationale, le député-maire (PS) d’Alfortville, Luc Carvounas, évoque des "institutions bafouées" et réaffirme tout son "respect" au général de Villiers.
#CEMA #devilliers demis après s'être exprimé devant le Parlement par #Macron #InstitutionsBafouees Vous avez tout mon respect mon Général
— Luc Carvounas (@luccarvounas) 19 juillet 2017
La France Insoumise regrette aussi cette décision. Le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière salue ainsi "un homme d’honneur", qui a "fait son devoir en s’exprimant devant la Commission de Défense de l’Assemblée nationale".
Je regrette la démission du Gal #devilliers. Homme d'honneur, il a fait son devoir en s'exprimant devant la Commission Défense de l'Ass Nale
— Corbiere Alexis (@alexiscorbiere) 19 juillet 2017
Le Pen fustige un président "pas digne d’un chef des armées"
Le ton est encore plus fort du côté du Front national. Dans un communiqué publié sur le site du parti, Marine Le Pen s’en est directement prises à Emmanuel Macron. "Cette démission illustre les dérives très graves et les limites très inquiétantes de M. Macron, aussi bien dans son attitude que dans sa politique. Humilier devant ses troupes un homme comme le général de Villiers n’est pas digne d’un vrai chef des Armées. Sabrer dans le budget de la Défense, au mépris de sa propre parole et des dangers du monde, n’est pas digne d’un chef d’État lucide et responsable", déclare-t-elle notamment.
Sur franceinfo, Florian Philippot est allé dans le même sens. "Emmanuel Macron s'est comporté en petit chef en humiliant un grand soldat devant ses hommes, pour un choix qui, sur le fond, est désastreux. (…) Tout cela démontre que contrairement aux belles images et la belle communication, le costume est un peu grand pour lui", a-t-il critiqué.
Démission du général de Villiers : "Macron s'est comporté en petit chef (...) le costume est un peu grand pour lui" estime @f_philippot pic.twitter.com/4MAN8k5juk
— franceinfo (@franceinfo) 19 juillet 2017