C’était un grand oral très attendu par les quelques 15 000 maires réunis en congrès à Paris cette semaine. Ce jeudi, Emmanuel Macron s’est adressé devant ces derniers pour clarifier plusieurs points de sa vision des territoires et de la politique gouvernementale en direction des collectivités locales. Invité du journal de 18h sur Sud Radio, Denis Merville, maire de Sainneville-Sur-Seine et président de l’Association des maires de Seine-Maritime, salue certaines paroles mais attend des actes concrets.
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"Le président n’a pas apporté beaucoup de réponses aux questions que nous nous posions à court terme. Il a rappelé ses engagements de campagne, comme l’exonération pour 80% de nos administrés de la taxe d’habitation, mais nous sommes persuadés que nous ne serons pas totalement compensés. Il a également dit qu’il fallait réviser la fiscalité locale, qui est certes très ancienne avec des valeurs locatives qui datent de 1970, et à laquelle divers gouvernements se sont attaqués sans que cela n’aboutisse. Il s’engage à une réforme applicable dès 2020, on aurait peut-être pu commencer par là avant de supprimer la taxe d’habitation...", assure-t-il d’emblée.
"Un bon nombre de communes vont voir leur DGF baisser"
Si Denis Merville se réjouit de la volonté apparente d’Emmanuel Macron de ne pas imposer par la force les regroupements de communes, il se veut méfiant et attend de pouvoir juger sur pièce. "Il a pris un engagement que je soutiens puisque je pense que toute la coopération intercommunale doit reposer sur une base volontaire et qu’il faut refuser les mariages forcés. Maintenant, est-ce que ça se fera en pratique ? Il y a quand même un certain nombre d’interrogations. Sur le court terme, il y a assez peu de réponses. Il dit que la DGF (Ndlr : Dotation Globale de Fonctionnement) est maintenue, mais pas individuellement ! Il y a des prélèvements pour les communes défavorisées (DSU, dotation de solidarité urbaine) ou pour les communes les plus rurales (DSR, dotation de solidarité rurale). Cela veut dire qu’un bon nombre de communes qui ne touchent ni l’une ni l’autre vont voir leur DGF baisser. Et on n’a pas eu d’explication là-dessus", déplore-t-il.
D’une manière générale, le maire seinomarin salue la vision officielle du chef de l’État, mais assure avoir déjà entendu cette petite musique quelque part. "Il est au début de son quinquennat et hérite d’une situation passée. Rappelez-vous la réforme de la taxe professionnelle, où Nicolas Sarkozy avait dit qu’on serait totalement compensés. Mais dans la loi de finances de cette année, la dotation de compensation baisse encore de 8% ! On reste donc très prudents et méfiants quand il nous dit que la taxe d’habitation sera compensée... On n’a pas de garantie très concrète. Après, dire qu’il fait davantage confiance aux élus, qu’il respecte leur volonté, qu’il veut s’adapter aux terrains, que la France est diverse, etc., c’est effectivement ce que nous demandons ! Un peu de souplesse, un peu de bon sens, un peu de pragmatisme. On ne peut qu’y souscrire, maintenant il faudra voir ce que ça donnera...", lance-t-il.
Retrouvez en podcast toute l’interview de Denis Merville sur Sud Radio