À l'occasion d'un déplacement dans la cité phocéenne, Édouard Philippe a prononcé un discours devant l'Assemblée des présidents de collectivités locales. Ces dernières, inquiètes de la tournure des événements en raison de la baisse de leur dotation et l'augmentation des charges, attendaient le Premier ministre de pied ferme et notamment sur la question de l'accueil des mineurs étrangers, devenu un gouffre pour le budget de l'aide social à l'enfance.
Les collectivités réclament davantage de moyens
Présent lors de cette allocution, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, s'est directement adressé au Premier ministre en préambule, lui transmettant les doléances de ses collègues élus locaux, non sans une certaine pointe d'humour qui a détendu l'atmosphère malgré la gravité des sujets évoqués. "Nous faisons tous les efforts qu'il faut mais nous n'y arriverons pas tout seul. Aide-toi, le ciel t'aidera, aujourd'hui vous êtes le ciel, aidez-nous Monsieur le Premier ministre !" a ainsi lancé le premier édile de la ville à l'attention du pensionnaire de Matignon, qui lui a répondu dans la foulée, toujours sur un ton décalé. "Comme je suis un homme du Havre et du nord, je suis un homme de peu de mots. Je m'engagerai donc peu, ce qui me permettra de tenir beaucoup", a rétorqué le natif de Rouen. Retrouvant un ton plus solennel et sérieux à l'heure d'aborder la délicate problématique des mineurs non-accompagnés, Édouard Philippe a promis à son auditoire que, dorénavant, l'État en assumera l'accueil d'urgence jusqu'à ce que leur minorité soit attestée.
Et le Premier ministre de promettre par ailleurs une enveloppe de 132 millions d'euros à répartir entre tous les départements, afin de financer la prise en charge de ces mineurs. Dans la mesure où les présidents des Conseils départementaux ont d'ores et déjà chiffré le budget de l'aide sociale à l'enfance à hauteur d'un milliard d'euros par an, on semble bien loin du compte comme nous le confirme Martine Vassal (Présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône) : "On nous annonce 132 millions mais pour nous, dans les Bouches-du-Rhône, ça nous coûte déjà 20 millions aujourd'hui. On aura un million, il va donc falloir en trouver 19. J'aurais pensé qu'il (Édouard Philippe) allait annoncer un peu plus d'argent", déplore-t-elle. Si les crédits promis semblent loin de satisfaire tout le monde, la promesse de davantage de dialogue est cependant perçue comme un encouragement par certains élus comme Dominique Bussereau : "Comme dans un film de cowboys et d'indiens, il y a des pistes et après il y a la bataille finale. Pour l'instant, nous allons suivre les pistes", nous a ainsi déclaré l'ancien secrétaire d'État aux Transports.
Venu à Marseille pour rassurer les élus locaux en leur martelant qu'il n'y aurait "aucune promesse vide", Édouard Philippe repart donc en sachant que sa marge de manœuvre reste restreinte.
Propos recueillis par Stéphane Burgatt à Marseille.