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Edwy Plénel : "Il y a bien eu une lune de miel entre M. Sarkozy et M. Kadhafi"

Par Jérémy Jeantet

Le fondateur et directeur de Mediapart a réagi, au micro de Sud Radio, à la garde à vue de l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, dans l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.

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Nicolas Sarkozy est entendu depuis ce mardi matin dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption de Nanterre. Une garde à vue dans le cadre de l'enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.

"Les policiers travaillent dans le cadre de cette information judiciaire depuis cinq ans et (...) ils ont énormément d'éléments, a indiqué Edwy Plenel, fondateur et directeur de Mediapart, site qui a révélé ces soupçons en 2012. Ils ont tous les indices matériels, documents, carnets, traçabilité, argent liquide et ainsi de suite, qui attestent qu'il y a bien eu promesse puis début de versement d'argent par la dictature libyenne, pour le financement de la campagne de M. Sarkozy en 2007."

On verra au bout de ces 48h de garde à vue si, comme c'est probable, Nicolas Sarkozy est mis en examen

"Dans l'enquête judiciaire, à partir du moment où il y a tous ces éléments, on convoque les potentiels mis en cause, M. Sarkozy donc, mais je pense qu'il y en aura d'autres dans son entourage, et on le confronte à ces éléments, a-t-il ajouté au micro de Sud Radio. On verra au bout de ces 48h de garde à vue si, comme c'est probable même si on ne peut jamais en être sûr à la place des juges eux-mêmes, il est mis en examen."

Parmi ces proches évoqués par Edwy Plenel, il y a Claude Guéant, qui a été mis en examen dans cette affaire, ainsi que Brice Hortefeux, qui est entendu à sa demande ce mardi matin par les mêmes enquêteurs : "MM. Hortefeux et Guéant sont au cœur de cette affaire depuis le début. Quand nous commençons à la révéler à l’été 2011, c’est à partir des archives de l’intermédiaire Ziad Takkiedine. Et on voit tous ces voyages en Libye pendant deux ans, alors que M. Sarkozy n’est pas ministre des Affaires étrangères mais ministre de l’Intérieur. Mais il va rencontrer le Guide Suprême libyen et faire des têtes à têtes avec M. Kadhafi. Dans les documents, déjà à cette époque, il est question, sous la plume de M. Takkiedine qui organise tout ça, de ‘l’autre sujet’, comme il dit de manière sybilline, c’est-à-dire l’argent."

Il y a eu quatre ans d'enquête judiciaire, où nous avons gagné et la justice a dit que rien ne permet d'établir que ce document attestant de la promesse de financement libyen est un faux

Selon Edwy Plénel, le fait que les enquêteurs convoquent Nicolas Sarkozy cinq ans après l'ouverture de l'information judiciaire est une preuve de la solidité du dossier et des accusations formulées à l'encontre de l'ancien président de la République : "Quand nous avons sorti en 2012 ce document libyen attestant de cette promesse de financement, M. Sarkozy a crié à la fausse nouvelle, au faux et usage de faux, au lieu de nous attaquer à la loyale sur le terrain de la loi sur la presse, en diffamation. Là, nous aurions amené nos éléments. Il n’a pas osé faire ça et il a préféré la contourner. Il y a eu quatre ans d’enquête judiciaire, quatre ans où nous avons gagné et où la justice a dit que rien ne permet d’établir que ce document est un faux. C’est une façon de dire qu’il est vrai. Ils ont utilisé toutes les techniques, les plus modernes, pour voir si ce document était un traficotage. Surtout, ils ont auditionné énormément de gens. Ces auditions font partie de ce dossier. Tous ces témoignages vont dans le même sens. Il y a bien eu une lune de miel dont la clé était la corruption entre M. Sarkozy et M. Kadhafi."

Et, au-delà de la simple question du financement d'une campagne présidentielle par le dirigeant d'une dictature, il y a aussi "de très lourdes interrogations sur ce qu'a signifié la guerre et l'intervention de 2011 où, sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, la France a été au-delà du mandat des Nations Unis en renversant le régime libyen, comme si on avait voulu effacer des traces."

Propos recueillis par Félix Mathieu pour Sud Radio

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