Angela Merkel renonce à interdire aux Allemands de célébrer Pâques
« Je sais que cette proposition a provoqué une incertitude supplémentaire, je le regrette profondément et je demande pardon à tous les citoyens. », annonçait Angela Merkel hier.
Vingt-quatre heures plus tôt, Merkel annonce un verrouillage de cinq jours pour Pâques. Elle se fait déchiqueter par la presse, l’opposition, son parti, les églises. Jusque-là, une journée très banale : Macron, Castex et les autres ont essuyé le même tollé plusieurs fois, la dernière étant la valse des attestations idiotes couronnée par leur slogan bêtasson. Ce qui est terriblement exotique, c’est la réaction singulière de la chancelière.
En quoi cette réaction détonne ?
Elle a été capable de changer d’avis et l’a admis publiquement : « une erreur doit être reconnue comme telle et être corrigée ». Enfin, elle a assumé : « Cette erreur est uniquement la mienne ». En face, nos gouvernants ne changent d’avis qu'une fois le dos au mur du réel. Mais sans jamais admettre qu’ils ont changé, ou qu’ils se sont trompés, ce qui revient à ajouter de la mauvaise foi à l’arrogance. Quand il devient impossible de le nier, nous avons droit au « c’est pas de ma faute ». D’où la comédie récurrente de la colère présidentielle signifiant que lui n’y est pour rien et qu’il est entouré d’incapables.
Que voulez-vous, qu’ils fassent pénitence ?
On ne leur demande pas de se flageller. Mais j’ai fait un rêve dans lequel Olivier Véran ou Emmanuel Macron disait « Je me suis trompé ». Nous aurions dû fermer les frontières, autoriser les sorties en plein air, laisser tranquilles les marchands de fringues. On n’entendra pas non plus Emmanuel Macron regretter d’avoir proféré que la culture française n’existe pas. Il se contente de dire le contraire aujourd’hui.
Finalement, qu’ils le reconnaissent ou pas, ça change quoi ?
Cette incapacité à admettre une erreur est au cœur de notre culture politique. Cela induit la suffisance de l’expertocratie qui sait ce qui est bon pour le peuple. Cela montre, aussi, que l’enjeu, en France, n’est pas d’être dans le Vrai mais dans le Bien. On préfère se tromper avec Sartre qu’avoir raison avec Aron, à l’image de la question des frontières. Et quand la définition du Bien change, on change avec lui, et on passe du col mao au rotary en loucedé. Comme dirait Edgar Faure, « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ». À ce petit jeu, on risque d’être balayé par celui de l’Histoire.