Revenons sur l’affaire des dîners clandestins révélée par un reportage de M6.
« Bon appétit Messieurs, Ô ministres intègres… »
Des ministres participeraient à des soirées clandestines et luxueuses, des têtes doivent tomber ! Pendant trois jours, toute la France a eu des allures de Tribunal révolutionnaire. Les médias qui reniflaient avec gourmandise l’odeur du scandale, les politiques, rivalisant dans la vertu outragée et tous les agités du clavier s’en sont donné à cœur joie sur le mode : « Pendant qu’on meurt en réa, ils se gobergent dans de la vaisselle en or ». Exemple chimiquement pur de discours populiste.
Sauf que la présence alléguée de ministres relevait du pur ragot. M6 diffuse ici anonymement le témoignage d’un personnage qui semble sortir de “La vérité si je mens” version terroir du genre “Moi je connais le Président de la République et la Reine d’Angleterre”. Toute la presse commente ses affirmations que n’étaye pas la moindre preuve. Darmanin, qui veut laver plus blanc que blanc, ouvre une enquête suivi par le Parquet.
Voilà une illustration parfaite de ce qu’on appelle le biais cognitif, ou l’idéologie. On voit ce qu’on croit. Et tout le monde veut y croire… Mais c’était de l’humour !
Ça aurait pu être vrai…
Et quand bien même ? La belle affaire. Deux tiers des Français avouent transgresser les règles sanitaires. D’accord, ce n’est pas bien, mais nous sommes des humains. Certes, la majorité des Français ne peuvent pas se payer des dîners à 500 balles. Les gens riches ne vivent pas comme tout le monde : même par temps de pandémie, les malheureux doivent se fader des soirées rasoir où l’on mange mal dans un décor de mauvais goût.
On me dit que, dans le cas des ministres, il y a l’exemplarité, cette tarte à la crème que personne ne conteste. Pour autant, on attend des ministres qu’ils tiennent leur administration, pèsent sur le cours des choses et défendent l’intérêt général. Pas qu’ils soient des guides spirituels, des premiers prix de morale et encore moins des exemples. Comme le disait Montesquieu, “la vertu elle-même a besoin de limites”.