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Élisabeth Lévy - "Si l'Europe est la dernière servie, c'est parce qu'elle n'est pas une puissance"

L'Europe a de quoi pâlir, entre son taux de vaccination à 2 % de la population et sa marge infime de négociation avec les laboratoires qui font du Vieux Continent leur "variable d'ajustement". Qui croit encore que c'est l'UE qui nous sortira de cette crise ? Le secteur de la santé, d'autant plus, doit être une prérogative des États-nations.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, que nous n'avons jamais élue. (Photo de Francisco Seco / AFP)

Avec les ratés de la campagne vaccinale, l’Union européenne est sous le feu des critiques.

Regardons les taux de vaccination : Israël (54 %), UK (13 %), US (9 %) et enfin, l’UE (2%). 

L’Europe a commencé plus tard et va moins vite. D’où les critiques virulentes envers la présidente de la Commission, notamment en Allemagne, son propre pays. Ça n'empêche pas le Parti européiste de s’auto-célébrer. Dans Le Monde, Ursula von der Leyen se dit convaincue que la stratégie européenne d’achats groupés est la bonne. Elle promet que 70 % des adultes seront vaccinés avant la fin de l’été. D’ici là, nous aurons eu un surcroît de morts, de malades et de chômeurs.

Comment s’explique cette performance de médiocrité ?

Un papier au vitriol de Laurent Alexandre et Nicolas Bouzou dans Le Figaro, titré “Brexit 1/Europe 0”.

  • Le mammouth européen n’a rien à envier à son homologue français en ce qui concerne la multiplication des procédures, normes et homologations. C’est le principe de précaution puissance 27. Ursula von der Leyen l’assume en litote : « Certains pays ont eu recours à des procédures d’autorisation d’urgence, en vingt-quatre heures. Nous, on a pris le temps : 3 à 4 semaines. C’était la bonne décision. » Apparemment, il n’y avait pas urgence.
  • L’Union Européenne s’est également fait trimballer par les fabricants. Laurent Alexandre et Nicolas Bouzou résument : « L’Europe est la variable d’ajustement des laboratoires pour les livraisons. » Alors pour l’Europe qui protège, on repassera. 

Les États auraient-ils fait mieux ? 

Mais les États ont fait mieux partout. Précisément parce qu’ils sont des États. Si l’Europe est la dernière servie, c’est parce qu’elle n’est pas une puissance. Et qu’elle ne peut pas l’être. La puissance va avec la souveraineté, et la souveraineté suppose une communauté politique, à savoir un peuple. Or, il n’y a pas de peuple européen. Nous n’avons pas élu madame Von der Leyen. Ce n’est pas à elle que nous demandons des comptes. 

À m’entendre, on devrait sortir de l’UE, mais non. 

Il faut simplement arrêter de faire comme si elle était un super-État et revenir à l’Europe des nations chère au général De Gaulle. En effet, le cadre naturel de la solidarité collective : c’est la nation. C’est particulièrement vrai dans le domaine sanitaire, qui d’ailleurs est une compétence des États. Alors au lieu de nous raconter de belles histoires de Bisounours, il serait temps d’admettre que ce ne sont pas les bons sentiments qui font l’Histoire mais les rapports de force. Et que parfois, l’Union fait la faiblesse.

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