La France est-elle réformable ? Cette éternelle question revient dans le débat public à chaque tentative de réforme de grande ampleur, les gouvernements de tous bords déplorant alors les blocages structurels de la société française face au changement. Alors que le gouvernement d’Édouard Philippe s’apprête à affronter son premier mouvement social de grande ampleur le 12 septembre prochaine en marge de son projet de réforme du code du Travail, le président de la République Emmanuel Macron n’y est pas allé par quatre chemins au moment d’aborder le sujet.
"C’est un peuple qui déteste cela"
"La France n'est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n'y ont pas réussi, car les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on ne les fait pas ! C’est un peuple qui déteste cela. Il faut lui expliquer où on va, et il faut lui proposer de se transformer en profondeur, pour mener un projet plus grand que soi. La France n’est elle-même que quand elle mène des combats qui sont plus grands qu’elle. Mais se réformer pour ressembler aux autres ou répondre à un chiffre, à une contrainte… Notre pays n’est pas fait ainsi. Par contre, se transformer en profondeur pour retrouver le destin qui est le sien, retrouver la capacité à emmener l’Europe vers de nouveaux projets, à être à la hauteur dans notre combat dans un monde en train d’éclater, où les régimes autoritaires émergent et le camp de l’Occident se fracture, ça c’est un combat", a-t-il déclaré depuis Bucarest, où il s’adressait à la communauté française présente sur place.
Un aveu de pessimisme de la part du chef de l’État ? Pas tellement, Emmanuel Macron étant persuadé que sa méthode fonctionnera. "Nous y parviendrons. Car les Français ont fait le choix un peu fou d'un mouvement politique nouveau, d'une personnalité politique qui n'existait pas dans leur quotidien depuis longtemps", explique-t-il.