Emmanuel Macron est arrivé vendredi dans un climat tendu, sous les huées, les cris et les sifflets, venant notamment des employés de GM&S qui luttent pour sauvegarder leurs emplois. La scène a rappelé celle vécue par celui qui n’était alors que candidat lorsqu’il était allé à la rencontre des salariés de l’usine Whirlpool à Amiens.
Vivement interpellé par les salariés, il a souligné qu'il rencontrerait quelques instants plus tard leurs représentants à la sous-préfecture."On fait le maximum", a-t-il répondu à deux interlocutrices qui exigeaient "quelque chose de concret à la sortie". "Madame, je ne suis pas le Père Noël, le concret, on le fera ensemble", a encore répliqué Emmanuel Macron, insistant toutefois: "Je vous promets qu'on fera le maximum".
"On vous attend à la sortie !"
"C'est une région qui va mourir M. Macron !", l'a interrompu un autre homme, évoquant les donneurs d'ordres de GM&S, Renault et Peugeot qui "gagnent des milliards". "Ça n'est pas que ça la solution", a alors observé le président qui a également promis de suivre ce dossier au-delà des élections législatives. "Je suis élu pour cinq ans", a-t-il ainsi fait remarquer. Mais "je compte sur vous aussi pour que, sur la base des solutions négociées, on y arrive", a-t-il enchaîné.
Emmanuel Macron s'est également défendu de se réfugier derrière son entourage et sa protection. "J'aurais pu vous laisser derrière des grillages, je ne l'ai pas fait" et "j'ai toujours procédé ainsi (...) je ne me suis jamais caché", a-t-il fait valoir dans une allusion avec sa rencontre avec les ouvriers de Whirlpool en avril. Réponse de l'une de ses interlocutrices: "on vous attend à la sortie !".
Puis le président s'est enfermé peu avant 20h avec le représentants des salariés à la sous-préfecture, pour une réunion qui a duré une bonne heure. Il en est ressorti peu après 21h sans faire de déclaration. Selon les syndicats présents, le chef de l'État s'est engagé à "une cellule de crise" qui va "travailler activement à organiser les conditions de la reprise". Cette cellule de crise est "d'ores et déjà opérationnelle", a précisé à des journalistes et aux salariés le syndicaliste Vincent Labrousse. La réunion a également abouti à une rencontre vendredi prochain à Bercy avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, les constructeurs automobiles clients de GM&S, et des représentants des 277 salariés, pour un point sur le dossier.
Quelques minutes avant de rencontrer le président, Yann Augras, délégué CGT de GM&S, expliquait être venu "lui dire qu'on voudrait bien que les constructeurs (automobiles PSA et Renault clients de GM&S, ndlr) et l'État arrêtent de se foutre de la gueule des salariés, parce que la comédie a assez duré, ça fait six mois qu'on est redressement judiciaire !". "S'il y avait eu une réelle volonté de l'Etat et des constructeurs de faire venir des gens dans la discussion qui soient constructifs pour notre avenir on n'en serait pas là aujourd'hui", a-t-il lancé. Il a estimé que le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui a annoncé fin mai avoir obtenu des garanties de commandes en hausse de PSA et Renault s'était fait "rouler dans la farine".