Emmanuelle Wargon : "Quand une décision de justice est si mal comprise, c'est qu'il y a une inadaptation de la loi"
20.000 personnes ont manifesté à Paris le 25 avril 2021 pour contester le verdict concernant le meurtrier de Sarah Halimi, jugé pénalement irresponsable. Pour Emmanuelle Wargon, l’affaire "révèle en tout cas une inadaptation de la loi". Selon elle, l’incompréhension et le rejet de la décision, qui applique le droit existant, "ça veut dire que la loi elle-même doit changer". Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, a promis un nouveau texte de loi "pour mieux faire la part des choses entre l’irresponsabilité pénale, la question de la consommation de la drogue et son facteur aggravant ou pas".
Le syndicat de la Magistrature dénonce, de son côté, une mise en cause de la justice alors que les magistrats ont appliqué la loi. La décision, concède la ministre déléguée en charge du logement, peut "être perçue comme un déni de justice" tout en rappelant que "la justice applique la loi aujourd’hui". "La question, ce n’est pas l’institution judiciaire : c’est la loi que la justice applique", loi qui est "devenue inadaptée".
[#SudRadio] @EmmWargon " Quand une décision de justice est si mal comprise, c'est qu'il y a une inadaptation de la loi. Ce n'est pas un déni de justice, c'est une loi inadaptée. Ce changement de loi est indispensable"
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"L’antisémitisme est comme tous les racismes : c’est un cancer de cette société"
Cette affaire a eu un tel écho dans la société française car la victime était juive : "il y a de l’antisémitisme en France", concède Emmanuelle Wargon. "On a une résurgence depuis maintenant une bonne dizaine d’années", juge-t-elle en appelant à la vigilance. "L’antisémitisme, ça n’est pas que la question de la communauté juive, encore une fois. C’est comme tous les racismes : c’est un cancer de cette société."
La lutte contre l’antisémitisme et le racisme en général "passe par la lutte contre le ou les séparatismes", souligne Emmanuelle Wargon, d’où qu’ils viennent. Il faut "lutter contre tous ceux qui ne respectent plus les valeurs fondamentales de la République, dont le respect des autres, et qui cherchent à atteindre cette République à travers des actes violents". "C’est finalement le même combat la lutte contre le séparatisme, l’islamisme radical et l’antisémitisme."
[#SudRadio] @EmmWargon "L'antisémitisme ce n'est pas que la question de la communauté juive. Il faut lutter contre tous les séparatismes"
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La policière tuée à Rambouillet a été victime d’un immigré clandestin, ce qui a relancé le débat sur le contrôle aux frontières. "Je me méfie de l’amalgame trop direct entre immigration et terrorisme", explique Emmanuelle Wargon. Dans les attentats qu’a subis la France ces dernières années, "la majorité des terroristes étaient, en fait, Français ou nés en France". "C’est une question de radicalisation. Ce contre quoi on doit vraiment lutter, mais de toutes nos forces, c’est cette radicalisation."
"On ne peut pas dire que la lutte contre le terrorisme serait réglée si on était plus durs sur l’immigration"
Alors que les Régionales se tiendront dans quelques semaines, Emmanuelle Wargon estime que le thème de la Sécurité sera "prioritaire dans la campagne des Régionales". Candidate dans le val-de-Marne avec Laurent-Saint-Martin, candidat LREM à la région Île-de-France, la ministre déléguée souligne que "la première proposition que nous avons faite, c’est une proposition sur la sécurité du quotidien" et notamment dans les transports.
Toutefois, elle critique Valérie Pécresse, président de la région Île-de-France candidate à sa succession, qui a fait elle aussi le lien entre immigration et terrorisme. "On ne peut pas dire que la lutte contre le terrorisme serait réglée si on était plus durs sur l’immigration."
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"C’est important que ce ne soit pas une année scolaire perdue"
Ce lundi 26 avril 2021, les maternelles et les primaires retournent en classe, malgré une pandémie qui continue de faire plusieurs dizaines de milliers de cas chaque jour en France. "L’école, c’est aussi extrêmement important pour l’équilibre des enfants, pour les apprentissages, explique Emmanuelle Wargon. Nous avons cherché à maintenir les écoles ouvertes autant que possible, le plus possible".
Elle concède néanmoins que "on est sur un plateau" épidémique, tout en précisant que "le nombre de cas recule un peu", comme l’avait expliqué Jean Castex. La ministre se veut rassurante : "les protocoles sont extrêmement stricts à l’école" bien qu’un point d’ombre existe, celui des cantines, si bien que le Premier ministre a demandé aux parents qui le peuvent de garder leurs enfants à la maison pour le déjeuner. "C’est important que ce ne soit pas une année scolaire perdue. C'est aussi une question d'égalité de tous les élèves devant l'éducation pour la suite, c'est un combat qui mérite d'être mené".
MaPrimeRenov’ : "On est sur une multiplication presque par 4"
Le dispositif MaPrimeRenov’ pour la transition énergétique a été élargi en 2021, en remplacement du CITE (Crédit d’impôt transition énergétique). Le succès a été au rendez-vous : "les chiffres sont, en fait, extrêmement impressionnants, sont très très bons : on a eu 220.000 dossiers déposés cette année", soit depuis le début de l’année, ce qui représente un nombre quasiment équivalent au nombre de dossiers déposés sur toute l’année 2020. "On voit bien qu’on est sur une multiplication presque par 4."
"MaPrimeRenov’ répond à un besoin", estime Emmanuelle Wargon qui invite les Français qui ont envie de faire chez eux des travaux d'amélioration énergétique, de rénovation, à aller voir les aides disponibles sur maprimerenov.gouv.fr.
[#SudRadio] @EmmWargon " Les chiffres #MaPrimeRenov sont impressionnants, c'est un dispositif qui marche et qui répond à un besoin. Cet été les propriétaires bailleurs pourront en bénéficier : cela laisse le temps de s'organiser "
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Les arnaques "étaient plutôt sur les dispositifs d'avant à 1 euro, qu'on est en train d'arrêter progressivement, au profit de MaPrimeRenov’", souligne par ailleurs la ministre déléguée.
Les professionnels de l'immobilier sont assez inquiets concernant l'ensemble des mesures qui vont restreindre le marché de la location si les logements ne sont pas mis aux normes dans les années qui viennent. "On a fait le choix dans la loi climat et résilience de dire qu'à partir de 2025 pour les logements qui sont les plus passoires, très mal isolés, les étiquettes G, puis à partir de 2028 pour les étiquettes F, on ne pourrait plus les mettre en location, explique Emmanuelle Wargon. Cela laisse 3 ans ou 6 ans pour faire des travaux, MaPrimeRenov' est ouverte aux propriétaires bailleurs à partir de cet été. On va améliorer encore l'accompagnement, ça laisse le temps de s'organiser !"
"Il faut rendre permanente la loi SRU qui dit qu'il faut 25% de logements sociaux partout"
Sur le terrain de la mixité sociale, "je me bats pour qu'on continue à faire du logement social, affirme Emmanuelle Wargon. 2 millions de Français sont sur liste d'attente pour accéder à un logement social, qui est pour 70% des Français, rappelle-t-elle. Il faut continuer à en faire partout, y compris dans les communes riches, c'est la raison pour laquelle je propose dans une prochaine loi qui arrive de rendre permanente la loi SRU qui dit qu'il faut 25% de logements sociaux partout. Il y aura toujours des sanctions financières, prévient-elle, et parfois même la reprise par l'État des permis de construire".
D'après elle, "une commune peut être très attractive, y compris avec du logement social. Il y a beaucoup de préjugés : le logement social est du logement de qualité pour les classes moyennes". Beaucoup de personnes y restent longuement, souligne Patrick Roger, parfois quasiment à vie. "C'est un sujet très important pour que ces attributions permettent une bonne mixité sociale dans le logement social, concède la ministre déléguée. Je veux remettre dans les priorités du logement social les travailleurs-clés, les travailleurs de la deuxième ligne, ceux dont on a tellement besoin pour faire fonctionner nos villes".
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