Le conflit aura duré plus d'un mois. Le mouvement social qui paralysait la Guyane depuis la mi-mars a pris fin hier soir, après la signature d'un accord entre les représentants du mouvement, les élus locaux et l'État. Cette issue a de facto entraîné la réouverture des barrages qui bloquaient les axes routiers et impactaient sérieusement l'économie du département ultra-marin.
Cet accord valide notamment les 2,1 milliards d'euros supplémentaires que réclamaient "Pou la Gwiyann dékolé" (collectif à l'initiative de la contestation), alors que cette demande, jugée "irréaliste" par Bernard Cazeneuve le 3 avril dernier, avait été initialement rejetée par le gouvernement. Cette somme vient donc s'ajouter à un premier plan gouvernemental chiffré à 1 milliard d'euros, lequel avait été approuvé au début du mois par l'État. Aucun calendrier précis n'a toutefois été décidé pour ce budget qui devra en outre subir un "examen prioritaire" avant sa mise en place.
Parmi leurs revendications, les leaders du mouvement souhaitent notamment de nouvelles mesures destinées à renforcer la lutte contre l'insécurité, mais également un meilleur accès aux ressources vitales et énergétiques pour les communes isolées, ainsi qu'une amélioration des services scolaires et de santé.
La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts - qui avait présenté ses excuses au peuple guyanais le 30 mars dernier - mais aussi Davy Rimane (porte-parole du collectif "Pou la Gwiyann dékolé") se sont félicités de cet accord. Toutefois, la signature n'est pas forcément vue d'un bon œil par tous les acteurs du mouvement. Ainsi, Olivier Goudet, membre des "500 frères" - l'un des fers de lance de la contestation et dont les protagonistes sont cagoulés - a rappelé que "l'État devait à la Guyane 7 milliards et pas 2". Et l'intéressé de lancer un avertissement : "Une fois que le prochain gouvernement sera en place, dès le premier jour, on va rentrer en action".
En dépit de cette sortie de crise, la grogne n'est donc pas entièrement estompée et de nouvelles manifestations ne sont pas à exclure dans les semaines à venir.