Muriel Pénicaud et le gouvernement avaient promis un "big bang" de la formation professionnelle. Les grands axes de la réforme dévoilés ce lundi par la ministre du Travail ont certes encore le temps d’être approfondis, mais une disposition notamment a retenu l’attention : la reprise en main par l’État de la gestion des fonds alloués à la formation professionnelle, tâche jusqu’ici assumée par de très nombreux organismes. Directeur des affaires institutionnelles de l’un de ces organismes (Opcalia), Vincent Graulet était l’invité du journal de 18h sur Sud Radio ce lundi pour évoquer cette nouvelle donne.
"Je ne sais pas si nous sommes les grands perdants de la réforme, ce qui est certain c’est que c’était une mission historique. En même temps, cela fait des années que nous avons dépassé ce stade et pour nous, la collecte de ressources reste une activité très marginale. Depuis plusieurs années, notre ambition est d’accompagner les entreprises et les salariés. On a beaucoup basculé depuis la dernière réforme de 2014 sur une ingénierie de services. La collecte, certes, mais ce n’est pas non plus l’alpha et l’oméga", assure-t-il.
"Souhaiter que tout ne se décide pas au niveau de cette agence nationale"
Pour faire face à cette nouvelle mission, le gouvernement a notamment annoncé la création d’une agence "France compétences" co-gérée par l’État, les régions, le patronat et les syndicats. "C’est la confirmation que le gouvernement veut travailler dans un mode quadripartite avec ces acteurs, certainement avec une volonté d’être plus présent de la part de l’État. Il ne s’est pas caché pour dire qu’il y avait beaucoup d’acteurs dans le champ de la formation (entre 40 et 60 000 organismes). Il faudra certainement travailler beaucoup plus sur la qualité de l’offre", réagit Vincent Graulet.
Selon lui, les autorités publiques auront toutefois besoin d’aide pour effectuer tous les contrôles nécessaires. "Le gouvernement ne pourra pas tout faire tout seul. Aujourd’hui, le contrôle d’organismes de formation, je dirais que ça représente bon an mal an 150 agents issus de l’appareil d’État. Ils s’appuient beaucoup aussi aujourd’hui sur des acteurs comme les OPCA pour travailler sur la labellisation et le référencements des organismes de formation. (…) Il faut souhaiter que tout ne se décide pas au niveau de cette agence nationale. Il y aura bien évidemment un principe de décentralisation, de déconcentration et de responsabilisation des acteurs", indique-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Vincent Graulet dans le 18h Sud Radio