Franck Riester : "La position de la France est claire : il faut que le monde entier ait accès aux vaccins"
La France était contre la levée des brevets sur les vaccins contre la Covid-19 jusqu’à ce que, le 6 mai 2021, Emmanuel Macron change radicalement de ton après que Joe Biden se soit prononcé en faveur de la suspension. "La position de la France est claire : on veut absolument faire en sorte que le monde entier puisse accéder le plus rapidement possible au vaccin", souligne Franck Riester. Il rappelle que le président de la République était "à la manœuvre" pour de nombreux dispositifs comme Covax qui vise à distribuer les vaccins dans le monde. "La question juridique des brevets est finalement un élément assez mineur par rapport au reste de la problématique" notamment la production et la distribution des vaccins partout, "comme en Afrique et en Asie, dans un certain nombre de pays qui n'ont pas aujourd'hui d'industries pharmaceutiques qui permettent de produire ce vaccin".
[#SudRadio] @franckriester "La position de la France est claire : il faut que le monde ait accès aux #vaccins. La question juridique des #brevets est finalement moindre que la capacité de production"
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Alors que le gouvernement a maintes fois voté contre des résolutions visant à lever le brevet des vaccins, notamment à l’Assemblée nationale ou à l’OMC, Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, explique : "on dit depuis le départ qu’il y a dans les règles internationales, le droit international, la possibilité d’ores et déjà de faire des exceptions à la propriété intellectuelle pour permettre la diffusion et la production très large de vaccins".
Les moyens existants, "le problème, c’est comment on produit", souligne le ministre délégué. Il prend en exemple les difficultés en Europe, même si "la situation s’améliore, la capacité de produire augmente et ça va s'améliorer dans les prochaines semaines". "Produire un vaccin, c’est quelque chose de très complexe." Sanofi pourrait être incluse dans cette nouvelle phase de production : "on voit bien qu’il y a une volonté très forte de la France et des industries pharmaceutiques françaises d’aller vers une production, une diffusion massive de ce vaccin".
"C'est grâce au leadership du président Macron qu'on arrive à faire bouger les lignes en Europe"
La Chine pratique une forme de concurrence déloyale envers les pays occidentaux, notamment sur la production à très bas prix. "Il faut bâtir la politique commerciale européenne du 21e siècle", concède Franck Riester, ce qui passera par le fait d’être moins "naïfs" et de plus "protéger nos entreprises. C’est tout ce que le président de la République insuffle au niveau européen. La Commission européenne a présenté cette semaine un projet d'instrument européen qui permettra à l'Europe d'empêcher un certain nombre d’entreprises chinoises de racheter des entreprises européennes ou de participer à des marchés publics européens". Une limitation qui concernera les entreprises financées par les États, notamment l’État chinois.
"Nous travaillons aussi à la possibilité de réagir tout de suite à des pays qui appliqueraient des tarifs douaniers de façon forte contre l’Europe." Une réaction impossible aujourd’hui, souligne le président d’Agir. "L’Europe doit affirmer sa souveraineté, l’Europe doit affirmer sa puissance. On a besoin d'échanges commerciaux mais sûrement pas à n'importe quel prix !" Des mesures qui sont prises "à l’initiative" et "grâce au leadership du président Macron". En Europe, explique Franck Riester, "il y a un certain nombre de pays qui ont encore une vision très libérale de la politique commerciale européenne", notamment des "pays du Nord" et "d’Europe de l’Est", parfois même l’Allemagne.
"La France ne transigera pas : nous ne signerons pas le Mercosur en l’état"
Pour les mêmes raisons de protection mais aussi d’engagement, la France refuse de signer l’accord de libre-échange Mercosur avec l’Amérique du Sud. "On ne peut pas augmenter les échanges avec ces pays-là, avec des conséquences sur la forêt", explique Franck Riester. Ces pays ne respectent pas non plus les "normes sanitaires et phytosanitaires" que l’Europe demande à ses propres agriculteurs. "La France ne transigera pas : nous ne signerons pas le Mercosur en l’état."
[#SudRadio] @franckriester " Nous ne signerons pas le #Mercosur en l'état "
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Le ministre délégué refuse toutefois d’appeler cette nouvelle politique du "protectionnisme" qu’il définit comme "utiliser des moyens déloyaux ou des moyens disproportionnés pour se replier sur soi-même". La politique européenne, précise-t-il, "c’est tout l’inverse : nous, on veut continuer de développer les échanges commerciaux".
"Nous cherchons à relocaliser les chaînes de valeurs pour réduire notre dépendance"
La pénurie de semi-conducteurs continue dans le monde, ce qui empêche l’industrie de produire. "La crise sanitaire a perturbé les chaînes de valeurs, les chaînes d’approvisionnement qui étaient réglées en flux tendu", explique Franck Riester, ce qui a entraîné "l’apparition de fragilités dans nos chaînes de valeurs" car ces dernières sont dépendantes "d’un certain nombre de pays".
Pour le gouvernement français, il est donc "absolument nécessaire" que soient "relocalisées un certain nombre de chaînes de valeur". Cela permettra à l’Europe de ne plus être dépendante "de zones géographiques qui nous mettent en risque pour notre industrie ou en risque pour nos consommateurs".
[#SudRadio] @franckriester " La crise sanitaire a bouleversé les chaîne d'approvisionnement. Aujourd'hui nous cherchons à relocaliser les chaînes de valeurs pour réduire notre dépendance "
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Crise de la pêche : "Nous ne transigerons pas"
Une manifestation de pêcheurs a eu lieu au Nord de la France, où des violences ont éclaté entre les pêcheurs britanniques et les pêcheurs français. Pourtant, les accords étaient prévus, précise Franck Riester, qui estime que "les Britanniques ne respectent pas l’accord" sur le Brexit. "On le dit très clairement aux Britanniques : il faut qu’ils respectent l’accord."
Selon le ministre, "des licences ont été accordées en nombre bien insuffisant, avec des conditions qui n’ont été ni expliquées" ni imposées après consultation des autorités européennes. "Nous ne transigerons pas." L’accord n’ayant pas été respecté, "les décisions qui ont été prises par les Britanniques, nous les considérons comme nulles et non-avenues".
[#SudRadio] @franckriester "Nous disons très clairement aux britanniques : respectez l'accord sur la #peche! Il faut que l'accord soit respecté, nous l'avons dit très clairement à nos homologues. Nous ne transigerons pas. Les pêcheurs peuvent compter sur nous" #jersey
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"Estrosi quitte LR ? Un épisode de plus du naufrage de ce parti qui se rabougrit"
Christian Estrosi, maire de Nice, a annoncé quitter les Républicains. Pour Franck Riester, ancien membre des LR et aujourd'hui président d'Agir, c'est "un épisode de plus du naufrage des Républicains, ce grand parti de la droite républicaine qui se rabougrit, qui est incapable d'ouvrir ses bras pour rassembler des femmes et des hommes de bonne volonté au service de l'intérêt général. Pourquoi ce parti depuis Paris empêche les élus en régions de faire cet effort de rassemblement ? s'interroge-t-il. Pas d'accords partisans, il s'agit simplement de faire le rassemblement ! C'était l'ADN de la droite républicaine et aujourd'hui, on a un parti qui exclut", regrette-t-il.
"Aujourd'hui, on voit des gens qui refusent que dans la région Sud le président sortant rassemble les bonnes volontés au service d'un projet fort. Pour lui, ce n'est pas l'intérêt du parti qui compte mais celui de la région. Le général de Gaulle a fait sienne cette volonté de dépasser les clivages partisans au service de l'intérêt général, rappelle-t-il, mettre son pays avant son parti. Quelques uns préemptent ce parti et lui font prendre des décisions complètement différentes de ce qui a toujours été l'ADN de notre famille politique, déplore-t-il. Une fois de plus, c'est une image pitoyable de la politique que donnent les Républicains".
"C'est une grande chance que Sophie Cluzel, qui est une ministre exceptionnelle, qui est une femme d'une humanité rare, s'engage dans cette région. Je lui fait confiance pour mener les discussions avec toutes les bonnes volontés de cette région pour monter un projet fort".
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