À quelques semaines du premier anniversaire des Gilets jaunes, François Boulo dresse un constat du mouvement, de son avenir et de son courant qu'il présente au micro d'André Bercoff, la Ligne jaune.
François Boulo : Macron veut "passer en force par tous les moyens"
Alors qu'une lettre adressée à Emmanuel Macron et co-signée par des leaders du mouvement, dont Jérôme Rodrigues et Priscilla Ludoski, a été dévoilée lundi matin 28 octobre, l'avocat François Boulo y voit une "autre méthode d'interpeller le président. Ils ont peu d'espoir que Macron accueille favorablement leur demande", reconnaît-il. "En réalité, c'est plus pour provoquer le refus du président, pour montrer que le président de la République n'entend absolument pas dialoguer ou négocier avec les Gilets jaunes", analyse-t-il. Et c'est ce qu'a une nouvelle fois montré le chef de l'État, sur RTL. Il déclare qu'il ne montrera "aucune forme de faiblesse" face aux contestations contre la réforme des retraites. "Il veut passer en force par tous les moyens", déplore l'avocat.
François Boulo le reconnaît, "pour une bonne part de l'opinion publique, le mouvement est terminé". Mais pour lui, il s'agit "d'une lecture erronée". L'avocat souligne que "le 17 novembre 2018 est un phénomène majeur où des centaines de milliers de personnes qui, depuis des années, étaient isolées, résignées ou impuissantes, ont pris conscience de leur force collective". Il note qu'il y aura "un avant et un après". "La révolution se fait dans les esprits. Avant ils étaient éloignés de la politique, maintenant ce sont des citoyens qui ne baisseront plus la tête".
Mais la baisse de mobilisation, notable depuis plusieurs mois, est en partie due à "la répression". "Le pouvoir a brisé physiquement et psychologiquement le mouvement", jusqu'à ce que "les personnes aient désormais peur d'aller manifester". Mais il l'assure, "des centaines de milliers de personnes sont des agents dormants qui attendent pour sortir et entamer un rapport de force pacifique pour faire barrage au quinquennat d'Emmanuel Macron".
"Mettre en réseau le mouvement"
Pour l'avocat, deux stratégies peuvent être encore porteuses dans ce rapport de force. À court terme, "il faut essayer par la grève de briser l'élan du quinquennat pour empêcher les retraites et la vague de privation", exalte-t-il. "Il faut arrêter le massacre", lance l'avocat. Dans un deuxième temps, à moyen ou long terme, "une force alternative sur le plan politique doit prendre le pouvoir, que l'on arrête cette politique libérale". Une politique qui "creuse les inégalités de plus en plus. Tout le monde est en train de s'appauvrir", avertit-il, avant de souligner "que si les classes populaires et moyennes inférieures connaissent déjà cet appauvrissement depuis des années, les classes moyennes supérieures commencent à être touchées".
Si le mouvement semble avoir peur de désigner un leader, pour l'avocat, c'était "une force dans un premier temps". "Le mouvement est né sur tous les ronds-points du pays. Il n'y avait pas de coordination et d'organisation possible", analyse-t-il. Mais après un an d'existence, il y a "une nécessité de s'organiser pour porter un message clair dans l'opinion publique, faire comprendre les revendications et faire un contre-pouvoir".
C'est le rôle que se donne François Boulo avec sa plateforme de la Ligne jaune qui regroupe 27.000 personnes. Il souhaite "mettre en réseau le mouvement et s'ouvrir à ceux qui ne sont peut-être jamais mobilisés". L'objectif est "d'élever le niveau de conscience". Il rappelle que "chaque citoyen a au moins une raison d'être en colère contre Emmanuel Macron".
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