François de Rugy, ancien ministre de l'Écologie et ancien président de l'Assemblée nationale, est l'auteur du livre Du pouvoir, des homards...mais surtout de l'écologie ! paru aux éditions Plon.
François de Rugy sur l'école : "Il faut lutter contre les intégrismes d'où qu'ils viennent"
Un an après la décapitation de Samuel Paty, quelle leçon en avons-nous tiré ? "Ça nous a vraiment tous marqué, surtout moi qui suis petit-fils d'instituteur et fils d'enseignant", confie François de Rugy. "Nous avons voté à l'Assemblée nationale en juillet dernier une loi qui renforce la protection des enseignants contre les attaques qui peuvent venir, c'est un comble, y compris des parents. Au-delà de ça, ce que fait Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, c'est de renforcer l'idée que les enseignants ne sont pas simplement là pour transmettre des savoirs, mais aussi des valeurs", explique le député de la majorité. Parmi ces valeurs, "les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité, laïcité. C'est ce qu'a fait Samuel Paty, il l'a payé malheureusement de sa vie. Il faut que les enseignants se sentent investis de cette mission de transmission des valeurs", estime-t-il.
"Des enseignants me disaient il y a déjà de nombreuses années qu'ils essayaient de soulever ces problèmes", rapporte le député. Pas uniquement la défense des valeurs de la République, mais également "la lutte contre une forme de prosélytisme religieux intégriste, la lutte contre les intégrismes d'où qu'ils viennent". Pour lui, "si on veut former des citoyens libres, ce qui est la mission de l'école, il faut parfois faire le bras de fer avec tous les intégrismes", déplore l'élu. Dans une vidéo, le candidat du NPA, Philippe Poutou affirme que la police tue. "Les extrêmes de gauche, de droite, ou d'ailleurs ont toujours fait commerce de ces mots d'ordres simplistes, de ces propos outranciers", réagit François de Rugy, qui s'inquiète "quand ça risque de contaminer l'ensemble du débat politico-médiatique".
[#SudRadio] @FdeRugy, député et ancien ministre de l'écologie
🗣️ "Les propos de #Poutou ? Les extrêmes ont toujours fait commerce de ces propos outranciers. Ce qui m'inquiète c'est que cela contamine l'ensemble du débat politico-médiatique"
➡️ https://t.co/beY4NPh9sd pic.twitter.com/GiaUlpFZnG
— Sud Radio (@SudRadio) October 15, 2021
François de Rugy : "On peut toujours mettre quelqu'un en difficulté sur la base d'une photo, tronquée, volée"
Dans son livre, François de Rugy revient sur sa démission du ministère de l'Écologie pour les soi-disant dîners fastueux alors qu'il était président de l'Assemblée nationale. N'a-t-il pas trop vite cédé à la pression ? s'interroge Patrick Roger. "Il y a des images qui sont imposées par une vague médiatique et reprises indéfiniment par les réseaux sociaux", déplore l'ancien ministre. Mais il y a aussi une réalité : "la réalité de ce que je suis, de mon parcours. J'ai été élu, ce qui a été ma légitimité en politique. Est-ce qu'on juge un homme ou femme politique sur une image véhiculée contre la réalité ou sur les faits ?", s'interroge-t-il. Ce dîner et cette photo ont pourtant existé. "On peut toujours mettre quelqu'un en difficulté sur la base d'une photo, tronquée, volée. Est-ce qu'on pense que la démocratie peut vivre avec ce fonctionnement ou doit-elle avant tout être un jugement des citoyens sur l'action des hommes et femmes politiques ? C'est ça le cœur du débat !", estime le député de Loire-Atlantique.
François de Rugy évoque à plusieurs reprises dans son livre de cambriolage et d'officine politique : qui lui en voulait ? "Il faudrait demander à Médiapart comment des documents qui ont été photographiés dans mon appartement lors d'un cambriolage ont pu se retrouver sur un site internet qui se dit d'information. Je n'ai pas envie de polémiquer avec eux !", répond le parlementaire. "C'est un livre d'abord et avant tout sur des questions écologiques" tient-il à préciser. "Mon combat c'est le climat, la biodiversité, l'écologie. Je suis venu à l'écologie dans mon enfance, engagé dans une association au lycée", rappelle l'élu.
François de Rugy : "Il faut déconstruire le cartel vert !"
Sur l'écologie, "Il faut déconstruire le cartel vert !", réclame François de Rugy. Un cartel vert composé "d'Europe-Ecologie-Les Verts et un d'un certain nombre d'associations sur la même longueur d'onde de radicalité, comme Greenpeace. Derrière, il y a une course à la radicalité dans le discours, on l'a vu lors de cette primaire entre quatre candidats qui disaient chacun être tous plus radical que l'autre", remarque-t-il. "Faire des grands discours, des dénonciations, contestations, les écologistes le font depuis 40 ans. Ensuite, il faut passer à l'action !", invite le député.
[#SudRadio] @FdeRugy, député et ancien ministre de l'écologie
🗣️ "Il faut déconstruire le cartel #Vert, c'est-à-dire #EELV et un certain nombre d'associations qui sont dans la radicalité comme @greenpeacefr"
➡️ https://t.co/beY4NPh9sd pic.twitter.com/NVGxcp2X2C
— Sud Radio (@SudRadio) October 15, 2021
Peut-on considérer les écologistes d'EELV comme de vrais écologistes ? "Je ne veux pas leur dénier le fait d'être écologistes mais ils sont souvent un frein pour le changement écologique", répond François de Rugy qui évoque "plusieurs écologies". "Il y a plusieurs visions : celle portée par EEVL et par un certain nombre d'associations et celle que je porte : une écologie de progrès, fondée sur la recherche scientifique, l'innovation technologique et le développement économique. Par exemple sur l'énergie, on ne peut pas relever le défi du climat en se passant du nucléaire, surtout en France", explique-t-il. "La France le pays qui émet le moins de gaz à effet de serre", assure l'élu. Concernant Fessenheim, "c'était un engagement que nous avons pris et nous l'avons tenu", affirme l'ancien ministre. "L'histoire nous dira si c'est une erreur".
François de Rugy : "L'écologie crève d'être dans le dire en permanence !"
François de Rugy s'engagera-t-il pour la présidentielle de 2022 ? "Je ne me représenterai pas aux élections législatives de juin 2022, j'ai déjà fait trois mandats", annonce-t-il. "Avec ce livre, je veux contribuer à la bataille des idées sur l'écologie. Il faut de l'action, le temps n'est plus à éveiller les consciences ! L'écologie crève d'être dans le dire en permanence ! L'écologie préfère être dans la proclamation que dans l'action", déplore l'ancien ministre qui n'abandonne pas pour autant la politique. "Je dis qu'il ne faut pas s'accrocher à un mandat de député à vie. Je suis toujours macroniste, je pense qu'il pourra faire un deuxième mandant, qui sera toujours plus écologique", soutient-il.
L'ancien ministre avait participé à la primaire des socialistes en 2017. Tandis qu'Anne Hidalgo a été investi par le PS, jeudi 14 octobre, "le problème c'est qu'elle ne fait pas le travail, dans l'opposition, de ce qu'on ferait si on était aux responsabilités". Selon lui, l'opposition "dénonce, critique, s'oppose" à l'Assemblée nationale. Concernant les propositions de la maire de Paris, sur la baisse de la taxe sur les carburants, François de Rugy y voit un double discours. "Un jour, elle nous dit que l'on va baisser la vitesse sur l'autoroute pour des raisons écologiques, un jour, elle veut baisser les taxes sur les carburants, alors qu'un autre jour, elle demande d'augmenter la taxe carbone", note le député, pour qui "ce n'est pas sérieux".
[#SudRadio] @FdeRugy, député et ancien ministre de l'écologie
🗣️ "#Hidalgo ? Le problème de la gauche c'est qu'il n'y a pas d'opposition. @Anne_Hidalgo critique, dénonce mais ne propose rien !"
➡️ https://t.co/beY4NPh9sd pic.twitter.com/CNip3h392q
— Sud Radio (@SudRadio) October 15, 2021
Nicolas Hulot "est le symbole de cette écologie de la proclamation"
Dans son livre, le député s'en prend à Nicolas Hulot, son prédécesseur à l'Écologie. "Il est le symbole de cette écologie de la proclamation, qui fait des annonces mais ce qui est important c'est de mettre en œuvre, réaliser", s'explique François de Rugy qui a senti "très vite qu'il ne voulait pas s'inscrire dans la durée".
Face à la hausse des prix des carburants, des manifestations sont prévues, samedi 16 octobre sur les ronds-points. "J'avais proposé deux choses qui n'ont pas été retenues", se souvient l'ancien ministre. Un chèque carburant exceptionnel "pour que l'on passe un mauvais moment pour les gens qui ont vraiment besoin de leur voiture pour aller travailler", mais aussi une baisse temporaire des taxes "juste sur une période où les prix augmentent". Mais si les prix à la pompe baissent, François de Rugy propose "d'augmenter les taxes pour ne plus être dans ce yo-yo".
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique" avec Patrick Roger
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !