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François Kalfon : "Édouard Philippe, c'est l'incompétence honnête"

Par Mathieu D'Hondt

François Kalfon (Conseiller régional d'Île-de-France et membre de la direction collégiale du Parti Socialiste) était ce mardi l'invité politique de Patrick Roger dans le Grand Matin Sud Radio.

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Alors que le gouvernement a effectué sa rentrée politique à l'occasion d'un séminaire au terme duquel les grands axes de travail ont été détaillés, Sud radio recevait ce mardi François Kalfon (Conseiller régional d'Île-de-France et membre de la direction collégiale du Parti Socialiste).

Bonjour François Kalfon, Emmanuel Macron a connu un été délicat dans les sondages mais finalement n'est-ce pas un bon signe d'être impopulaire ? Est-ce que ça ne signifie pas en réalité qu'on veut bouger les lignes et que, fatalement, on ne plaît pas à tout le monde ?

On est impopulaire quand on fait des zigzag... "Jupiter" (Emmanuel Macron ndlr) nous fait une opération de "team building" comme on fait dans les entreprises pour dire à ses ministres et à Édouard Philippe : "Bougez-vous et parlez". Manque de pot, si j'ose dire, quand M. Philippe parle, c'est les bévues, les erreurs, les approximations en chapelet...

...sur quoi précisément ? Parlez-vous de cette interview où il a demandé à réviser ses fiches pour pouvoir répondre à une question ?

Vous n'êtres pas Jean-Jacques Bourdin et je ne suis pas Édouard Philippe donc je n'aurais pas la réponse là-dessus. Mais enfin, avouez que c'était tout à fait singulier...

...cela dit, c'est transparent et honnête finalement

Oui ! Édouard Philippe, pour sa rentrée, c'était l'incompétence honnête, c'est tout à fait ça. Cela ne nous a pas rassurés et c'est, plus sérieusement, la conséquence des choix faits par M. Macron qui, du haut de ses 39 ans - il est talentueux - a organisé finalement le vide autour de lui. N'ayant pas compris que diriger la France est un travail d'équipe, il a organisé, d'une certaine manière, la désorganisation que nous avons vue. Ses zigzag - on en a eu l'exemple assez pathétique sur le budget de la Défense, -l'ont illustré cet été. Moi, je ne comprends toujours pas où nous en sommes sur les APL. Chaque ministre nous dit que c'est une erreur, une boulette, mais à ma connaissance, on n'a pas supprimé cette baisse des APL. Donc je demande ce matin au gouvernement de dire très officiellement qu'il supprime cette baisse.

Ce que vous reprochez à Emmanuel Macro finalement, c'est qu'il y a chez lui davantage de flou que chez François Hollande, déjà critiqué de la sorte, c'est bien ça ?

Chez Emmanuel Macron, il y a du flou et il y a un loup et le loup s'appelle Macron. Il se fait agneau et sympathique au Conseil des ministres mais je parierais ce matin, en le regrettant, que nous aurons un budget où on a déjà mangé notre pain blanc puisqu'on sait que seul le budget du ministère de l'Éducation va être augmenté.

Justement, cette hausse du budget de l'Éducation nationale annoncée par Jean-Marie Blanquer, c'est plutôt une bonne nouvelle, non ?

Je souhaite que des choses positives soient dîtes. Par exemple, le dédoublement des classes en CP dans les zones d'éducation prioritaire, j'y suis favorable. Maintenant, il y a aussi la suppression des "emplois aidés" qui impacte déjà les communes. Certaines ne sont même pas en situation d'organiser la rentrée. Et je ne parle même pas des crédits sur les rythmes scolaires...

C'est plutôt bien de détricoter les rythmes scolaires, non ? Était-ce une erreur de Najat Vallaud-Belkacem ?

Je ne pense absolument pas que c'était une erreur que de modifier ces rythmes scolaires. Je pense aux enfants, qui ont connu la réforme des rythmes scolaires, et les parents, on ne peut pas à chaque fois faire la "Pénélope", c'est-à-dire un pas en avant puis deux pas en arrière. Moi je suis élu d'opposition à Melun, les rythmes scolaires y ont été mis en place et c'est plutôt quelque chose de positif donc pourquoi détricoter cette réforme ?

Parce que parfois on n'a pas les moyens de pouvoir assurer l'ensemble des services, notamment avec ces "contrats aidés" qui vont être gelés.

On est typiquement face à une mesure dogmatique. Vous savez, pourquoi on a eu cette élection avec le score de Mme Le Pen et M. Mélenchon ? C'est parce qu'il y a cette France périphérique qui souffre. Or, ces "contrats aidés" ne sont autre chose que le soutien au secteur associatif, le soutien des activités d'emplois qui n'ont pas de modèle économique mais un modèle social tout à fait déterminant pour le soutien aux activités de territoire. Ce sont 170 000 emplois aidés qui sont supprimés de façon parfaitement autoritaire dès cette rentrée.

Mais il faut bien faire des économies dans les collectivités ?

Je prends la seule baisse des 3 milliards d'euros de l'ISF qui n'a rien à voir avec les gains sur l'APL qui sont de l'ordre de 350 millions d'euros. Vous savez combien de contribuables vont bénéficier de cette baisse ? C'est 1% des contribuables et vous savez ce que ça veut dire pour les gens qui paient l'ISF ? C'est 16 000 € d'économies dès le premier euro pour ceux qui sont en bas de l'ISF et ça va même jusqu'à 400 000 € d'économie. Songez bien que dès 1 200 euros de pensions de retraite, on va araser le pouvoir d'achat des retraités. Donc d'un côté, 1% des contribuables va bénéficier d'un cadeau compris entre 16 000 et 400 0000 € et de l'autre, on va avoir des retraités qui vont être arasés dès 1 200 € de pension. Or vous le savez bien, c'est parmi les bas-salaires que l'argent, les gains de pouvoir d'achat vont directement à la consommation, à l'économie productive.

Vous annoncez que vous serez aux côtés des salariés le 12 septembre, lors de la journée d'action contre les ordonnances, pouvez-vous nous dire ce qui ne vous convient pas dans cette réforme du code du travail ? Le plafonnement des indemnités prud'homales par exemple ?

Ça ne me convient pas pour la simple et bonne raison que ces indemnités n'ont rien d'un cadeau. Elles sont la conséquence d'une faute, d'une erreur de la part de l'employeur qui fait l'objet d'une action en justice. C'est pourquoi je pense que c'est au juge lui-même de fixer le préjudice subi par le salarié en cas de licenciement abusif. C'est un aspect bien connu. J'en donnerai un autre : alors que le chômage continue d'augmenter en réalité, est-ce qu'il faut faciliter la possibilité, dans les territoires - je parle des territoires qui décrochent - de fermer des établissements, des entreprises ? Ce qu'il y a dans ce texte - et je demande solennellement ce matin à retirer cette dimension du texte - c'est la possibilité finalement de licencier plus facilement, dans des procédures collectives, les salariés. On sait très bien comment ça se passe : quand vous faites un plan social sur un savoir-faire qu'il y a dans un petit territoire et que l'entreprise ferme, ce savoir-faire est perdu. Je crois que la première des priorités n'est pas de désindustrialiser un peu plus le pays.

En même temps, on réclame davantage de souplesse sur le marché du travail, ce sont les patrons qui le disent...

... vous savez combien y a-t-il eu de réformes du marché du travail en 20 ans ? Il y en a eu 165. Pourquoi ? Parce que ça part d'un diagnostique faux et humiliant qui est de dire que les difficultés économiques, que nous connaissons, sont le fait des salariés.

>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :

 

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