François Ruffin se déplacera aujourd'hui en Haute Garonne à Saint Gaudens afin de soutenir le candidat de la France insoumise Philippe Gimenez , dans le cadre de la législative partielle qui aura lieu les 11 et 18 mars prochain . L'intéressé a également prévu de rencontrer les agriculteur locaux et participera à un match de football avec des sans-papiers.
"Saint Gaudens, c'est la France périphérique qui a le sentiment d'être abandonnée"
Avant de se rendre dans le Sud Ouest, le député LFI de la Somme a bien voulu répondre à nos questions, pour nous en dire davantage sur l'objectif de sa visite et sur la volonté de la France insoumise qui compte bien ravir cette 8e circonscription de Haute Garonne , historiquement ancrée à gauche et jusqu'alors détenue par les socialistes, avant que le Conseil constitutionnel n'invalide la dernière élection, le 18 décembre 2017.
"C'est un endroit intéressant, une France un peu périphérique qui voit s'éloigner les services publics et qui a le sentiment d'être abandonnée. En tout cas, c'est le genre de territoire que je connais ", explique-t-il dans un premier temps avant de préciser son propos : "Quand j'ai regardé ce qu'il se passait sur Saint Gaudens et ce qu'il se passe dans mon coin, dans ma "circo" (sic), il y a une intuition qui peut être la même : un monde agricole en difficulté, un monde ouvrier en difficulté. Quand on regarde les votes : chez nous, c'était Marine Le Pen en tête à la présidentielle, là-bas c'est Marine Le Pen aussi. Et puis, il y a un sentiment de décrochage, le sentiment que les métropoles avancent sans elles. Je pense qu'il y a quelque chose à faire pour réussi à parler à cette France ".
"J'ai regardé ce qu'il se passait là-bas : fermeture de classes, pas de budget pour les hôpitaux... Quand on leur donne quelque chose, c'est juste en millions. Quand on parle pour les riches, c'est en milliards, mais quand on parle pour nous, c'est en millions du côté du gouvernement . Quand la première chose de faite est de mettre en place la suppression de l'ISF pour les actionnaires, c'est quand même un gros symbole qui est envoyé ", insiste-t-il encore, comme pour mieux souligner la mise à l'écart de ces territoires.
"Les États généraux de l'alimentation, c'est la montagne qui accouche d'une souris"
Concernant les agriculteurs et de manière plus générale les orientations qu'il préconise pour la loi à venir, M. Ruffin propose une mesure concrète. "La première chose à faire, ce sont des prix planchers, c'est-à-dire intégrer le revenu des agriculteurs - grosso modo 2 Smic par exploitation - à l'intérieur du prix et ça vous sert de prix de base dans la négociation avec les transformateurs . Il faut donc partir du coût de production pour les agriculteurs en y incluant un salaire à l'intérieur ", explique-t-il ainsi, rappelant au passage que "Serge Papin, le patron de System U a dit la même chose " et que Michel-Edouard Leclerc pense la chose "possible ". "Dans les coins où c'est un peu moins productif, où il y a un peu moins de tête d'élevage par agriculteur, ça veut dire qu'il y aura un peu moins de 2 Smic ", précise-t-il cependant.
"Je suis favorable au protectionnisme et j'y suis très fortement favorable en matière agricole ", poursuit-il par ailleurs. "Il faut se demander ce que l'on veut faire de notre agriculture. Est-ce que l'on veut une agriculture ouverte sur le monde avec Ceta, Mercosur et avec pour objectif d'aller en refourguer un maximum à l'étranger ? ", interroge-t-il. "C'est une vision, mais il y en a une autre qui dit que l'on doit d'abord consacrer l'essentiel de notre agriculture à l'autoconsommation. Ce ne sont pas les cours mondialisés qui doivent définir les cours chez nous. C'est un mécanisme dont on peut sortir si on le veut, mais encore faut-il qu'il y ait une volonté politique ", affirme-t-il.
Et l'intéressé de constater que les fameux États généraux de l'alimentation ne sont pas à la hauteur des attentes, selon lui. "Je me suis engagé dans ces États généraux de l'alimentation (...) j'ai vu le ministre, je suis allé dans des fermes, entre les dorures et la gadoue. Au total, les gens ont consacré 35 000 heures à s'écouter les uns les autres et ce que je vois, c'est le décalage entre les attentes, les possibilités. C'est vraiment la montagne qui accouche d'une souris même si elle est bio, ça ne suffit pas ", conclut-il ainsi, non sans une certaine ironie.
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