Le variant britannique du Sars-CoV-2, le virus responsable de la Covid-19, se répand en France et inquiète les autorités. De nombreux élus, notamment dans le sud de la France où un cluster familial de plusieurs dizaines de personnes a été identifié, demandent plus de contrôles, notamment au niveau des aéroports. Le variant a d'ailleurs été importé en France par une famille résidant au Royaume-Uni venue passer les fêtes de fin d’année à Marseille. "Les Français se sont rendus compte que les difficultés que nous rencontrons face à ce virus ne doivent pas tout à l’incertitude qu’il provoque", estime François-Xavier Bellamy, pour qui, "il y a aussi une très grande part d’impréparation dans la manière dont nous répondons".
"La France est humiliée par son incapacité à s’organiser"
"Il y a quelque chose de révoltant dans le sentiment que la France est humiliée par son incapacité à s’organiser", estime le député européen en évoquant entre autres la campagne vaccinale. Même si "cette crise sanitaire est difficile à gérer", il souligne que sur la stratégie et l’organisation "il y a quelque chose d’incompréhensible à voir se multiplier les erreurs, les fictions, les mensonges parfois". Tout cela empêche la France de se "sortir de ce naufrage dans lequel nous sommes en train de nous enliser". Entre la campagne de vaccination, le déficit, l’argent mis sur la table, pour le professeur de philosophie, "sur tous les fronts, nous sommes condamnés à cette impuissance".
Les politiques semblent accuser l’administration pour ces dysfonctionnements, mais François-Xavier Bellamy rappelle qu’en 1914 "le général Joffre a limogé 100 généraux en quelques semaines parce qu’ils étaient incapables de faire face" à l’attaque de l’Allemagne. "Le gouvernement est entièrement responsable de la situation", accuse le député européen. "S’il considère que l’administration ne fait pas son travail", ce que le gouvernement semble dire, "dans ce cas que le gouvernement prenne ses responsabilités" et qu’il "fasse en sorte que les choses fonctionnent vraiment", recommande-t-il.
"Nous accumulons les retards dans des domaines qui sont bien plus importants"
Le député rappelle que "la France est le pays au monde où les prélèvements obligatoires sont les plus importants" mais cela ne semble pas permettre au gouvernement de fonctionner correctement. "La France est le pays, d’une certaine manière, où le service rendu est le plus défaillant", dénonce l'eurodéputé LR qui le note dans le secteur la santé, mais pas uniquement.
"Le retard sur le vaccin est un retard qui se rattrape, mais nous accumulons les retards dans des domaines qui sont bien plus importants", insiste-t-il, comme pour l’apprentissage des mathématiques, selon la dernière enquête internationale sur le sujet. "Notre éducation nationale est la dernière d’Europe aujourd’hui selon ces résultats", s'indigne François-Xavier Bellamy. Le parlementaire européen estime que l'État a "un problème général d’incapacité à faire face aux défis les plus importants pour notre avenir ; et la crise sanitaire n’en est qu’un révélateur".
"Prendre des décisions efficaces"
Pour contrôler le virus, François-Xavier Bellamy estime qu’il faut "contrôler beaucoup mieux et surtout restreindre beaucoup plus la circulation entre nos pays". Cela permettrait d’empêcher "au maximum" l’importation du variant britannique sur le sol français. "Plus on pourra maîtriser cette importation, plus on pourra la réduire et plus on aura de chances d’éviter sa propagation", prévient l'élu versaillais.
"Il faut prendre des décisions qui soient efficaces sur le front sanitaire mais en prenant en considération aussi le fait que toutes les mesures que nous adoptons peuvent avoir des effets sur d’autres domaines et sur d’autres terrains", explique-t-il. Le député estime, par exemple, que le maintient des écoles ouvertes est "fondamental". Concernant un troisième reconfinement, que certains jugent inéluctable à ce stade, François-Xavier Bellamy explique qu’il faut "tout faire" pour l’éviter.
"Il y a de quoi s’inquiéter"
La fin du mandat de Donald Trump devient chaotique, après qu'une partie de ses partisans ont envahi le Capitole à Washington, mercredi 6 janvier. Certains estiment que le président sortant pourrait une nouvelle fois inciter ses supporters à agir contre les institutions, mais ce n’est pas l’avis de François-Xavier Bellamy. "Je ne le crois pas : Donald Trump a affirmé qu’il allait mettre en œuvre cette transition, il a donc implicitement reconnu la légitimité de l’entrée au pouvoir de Joe Biden".
Néanmoins, "il y a de quoi s’inquiéter pour les tensions qui traversent très profondément la démocratie américaine", admet l’élu européen, pour qui "c'est un exemple de la voie à ne pas suivre. Selon lui, les États-Unis se sont "laissés happer" par le politiquement correct qui "restreint l’espace de la conversation civique légitime, du débat démocratique". Cette situation, qui se transfère de plus en plus en France, empêche de "parler de manière paisible alors même que nous pouvons être en désaccord", s'inquiète François-Xavier Bellamy.
"Ceci peut arriver à n’importe qui demain"
Toutefois, aux États-Unis, le président Donald Trump a sa part de responsabilité "dans la propagation de mensonges". Mais ce qui est "plus grave", pour l'eurodéputé, c’est la censure de Donald Trump sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Twitter. "Je suis extrêmement préoccupé par cette situation", déclare François-Xavier Bellamy. "Je crois que tous ceux qui sont attachés à la liberté, quelle que soit leur opinion sur Donald Trump, tirent aujourd’hui le signal d’alarme", avertit l'élu. Et lorsque ses militants et ses soutiens vont vers un autre réseau social connu pour sa tolérance et ses opinions, "ce réseau social est supprimé des plateformes de distribution d’Apple et de Google et Amazon qui en assure les serveurs lui retire son autorisation", s'indigne-t-il.
"Nous entrons dans un monde où seules les opinions légitimes seront hébergées sur les lieux où se déroule aujourd’hui, une partie du débat démocratique", prévient François-Xavier Bellamy. Si Donald Trump, encore en exercice, peut être empêché de parler, "alors ceci peut arriver à n’importe qui demain". D’autant plus que, selon lui, "il y a là-dedans un parti pris idéologique extrêmement marqué, beaucoup plus qu’une volonté d’éviter la violence ou d’éviter les excès".
"Nous perdons le sens de la liberté"
Les GAFAM ont une position dominante sur ces sujets et sur la capacité à autoriser, ou non, certaines personnes à s’exprimer sur leurs plateformes, qui restent des entreprises privées. "Nous perdons le sens de la liberté", s’inquiète le député européen, qui rappelle que "nous avons le droit d’être en désaccord avec Donald Trump", mais cela appelle à la discussion et à la contestation. "Sommes-nous encore capables d’assumer que des opinions qui nous dérangent soient publiées ? C’est la vie en démocratie", insiste le député européen qui se dit "très inquiet de voir que certains s’en réjouissent".
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