S’il ne fait plus aussi souvent la Une des journaux que dans les années 1980, 1990 ou 2000, le Sida tue toujours des millions de personnes chaque année dans le monde. La France n’est pas épargnée par ce fléau et les jeunes générations seraient aujourd’hui moins bien informées que les précédentes. Un constat partagé par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal.
"Permettre la création de centres de soin au contact avec les étudiants"
"On constate une forme de relâchement, et c’est quelque chose qui ne doit pas se produire concernant les règles de santé d’une façon générale et encore plus pour le Sida. Notre objectif dans le cadre du plan étudiant est de permettre la création de centres de soin, directement au contact avec les étudiants dans les centres d’enseignement supérieur, avec une très grande importance apportée à la prévention et aux étudiants qui parlent aux étudiants. C’est très important que ce soit fait par les mêmes générations, la parole est beaucoup plus libre", déclare-t-elle au micro de Sud Radio.
La ministre a par ailleurs salué la qualité de la recherche contre le Sida en France, reconnue internationalement. "C’est une cause qui a une résonance particulière en France. L’ANRS est extrêmement efficace. La France est un pays où on a encore une avance et de très belles découvertes qui se font. Je pense à Montpellier où on travaille sur les cellules réservoirs du virus, à Bordeaux où on traite la tuberculose, une maladie qui entraîne le décès de patients séro-positifs. Nous avons de très belles équipes de recherche françaises très visibles au niveau international", assure-t-elle.
"L’université est un monde d’adultes, pas comme l’école"
Frédérique Vidal s’est également prononcée contre l’interdiction du port du voile à l’université. "À partir du moment où il n’y a pas de trouble à l’ordre public et que le port du voile n’est pas interdit pour des raisons de sécurité pratique, les règles de la laïcité s’appliquent. L’université est un monde d’adultes, pas comme l’école. Peut-être que les professeurs attendent que des règles soient fixées. Personnellement, je pense que la loi de 1905 fixe toutes les règles. Personne n’empêche évidemment un professeur de discuter avec un étudiant ou une étudiante, ce qui est important c’est que chacun se sente bien, qu’il soit croyant ou non-croyant, dans un pays laïc", indique-t-elle.
Pour ce qui est de l’orientation, vaste projet de réforme du gouvernement, la ministre, biochimiste de formation, a annoncé la mise en place très prochainement d’une nouvelle plate-forme pour les étudiants : Parcoursup. "Elle sera présentée avant les vacances de Noël. Elle a été testée et est opérationnelle maintenant. De nouvelles choses se mettent en place. L’important pour les jeunes est de s’approprier tous ces nouveaux outils et de commencer à réfléchir, à discuter de leur orientation", dit-elle avant de confirmer par ailleurs la fin prochaine de la traditionnelle compensation des notes à l’université. "Le projet de loi prévoit des licences plus flexibles et personnalisées. Elles ne correspondront donc plus à des années figées et identiques pour tout le monde. Il faudra évidemment travailler sur la mise en place d’une autre forme de compensation. Celle qui existe aujourd’hui, calculée sur l’année, doit être changée", explique-t-elle.
"Préparer la population aux métiers de demain"
"Le constat est très simple. Dans les universités, pour la première année de licence, on a un tiers des étudiants qui réussissent, un tiers qui abandonnent, un tiers qui échouent. Le tiers qui abandonne, c’est probablement un défaut d’orientation, c’est pour ça qu’on travaille dessus. Le tiers qui échoue, c’est parce qu’il n’est pas suffisamment accompagné, on n’a pas vérifié que les bases étaient acquises. Le tiers qui réussit, on souhaite évidemment l’amplifier. On a besoin de jeunes diplômés et formés en France pour préparer la population aux métiers de demain. Notre objectif est vraiment d’orienter pour mieux réussir", conclut-elle.
Retrouvez en podcast toute l'interview de Frédérique Vidal dans le Grand Matin Sud Radio