Alors que le président de la République a annoncé, lundi 13 avril, la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai et évoqué la possibilité d'un déconfinement à partir de cette date, plusieurs ministres du gouvernement ont semblé hésitants face à cette possibilité dès le lendemain. Pour Gilles Le Gendre, "le message n'est pas brouillé : le confinement intégral prendra fin le 11 mai, et le déconfinement progressif pourra commencer". "Il ne faut surtout pas que nous croyons que le déconfinement c'est comme le changement d'heure d'été ou d'heure d'hiver, qu'il se fait d'un seul coup, tout le monde en même temps, toutes les situations à la même enseigne", rappelle-t-il.
Pour établir cette étape tant attendue par les Français, l'exécutif se tient à trois impératifs. "Un impératif sanitaire, qu'en aucun cas l'épidémie puisse redémarrer de manière massive", assure le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale. Il y a aussi un critère économique, "il est important de faire redémarrer l'économie", estime-t-il, sans oublier les questions de "justice sociale". "Il y a des Français pour qui le confinement crée des situations infernales, de grande pauvreté à prendre en compte", affirme-t-il.
Emmanuel Macron "n'a pas changé"
Certains notent un changement de ton de la part du président de la République, au profit de la souveraineté en opposition à la mondialisation. Mais pour Gilles Le Gendre, le chef de l'État n'a pas changé. "Non Emmanuel Macron n'a pas changé, il critiquait le capitalisme, la mondialisation et la financiarisation de l'économie dans son livre programme Révolution", rappelle le député de Paris. "Elle a eu des effets très positives notamment pour les pays les plus pauvres, mais nous avons vu qu'elle avait des excès. Peut-être que cette crise sanitaire est un exemple d'excès ou de situation mal maîtrisée", ajoute-t-il en rappelant "qu'Emmanuel Macron ne cesse de parler de souveraineté pour la France et l'Europe depuis qu'il est élu !".
Les semaines qui arrivent seront consacrées aux débats sur les conditions de déconfinement. "Dans quinze jours, le gouvernement remettra un rapport très précis qui permettra d'envisager toutes les situations", annonce Gilles Le Gendre. Concernant la réouverture des écoles, le député précise : "tous les enfants ne se retrouveront pas devant la porte de l'école le 11 mai au matin, en même temps et pour des journées de classe normale. Nous irons progressivement, par petits groupes en mixant la présence dans la classe et les cours à distance". "Le dispositif mis en place sera graduel et progressif", insiste-t-il.
Rassembler les Français
Autre impératif pour sortir de cette crise, le gouvernement souhaite rassembler les Français "autour d'un programme qui devra définir des priorités", explique le parlementaire. "La réforme des retraites n'est pas abandonnée, ce n'est pas à moi de le décider", précise-t-il. "Dans les priorités, il y aura le redémarrage de l'économie, la consolidation et la création de nouvelles solidarités et la transition écologique", dévoile Gilles Le Gendre qui précise qu'en cas "de dilemmes entre deux réformes utiles, il faudra choisir celle qui rassemble les Français. Si ce n'est pas le cas il faudra penser à la mettre de côté".
"Mon souhait c'est de faire le rassemblement des Français le plus large, qui passe par la recherche d'un consensus le plus large entre les forces politiques, les élus locaux, les syndicats, les syndicats patronaux et les associations", assure le député de Paris qui souhaite s'inscrire "dans une logique de refondation". En réaction à diverses propositions de membre de l'opposition sur une éventuelle dissolution de l'Assemblée nationale, Gilles Le Genre "ne voit pas l'intérêt d'une dissolution pour l'instant".
"Imaginer des dispositifs inédits"
En cours de réflexion dans les coulisses du gouvernement, la mise en place de l'application Tracking Stop Covid. "Elle n'est pas encore au point", précise Gilles Le Gendre. "Nous sommes assurés d'un certain nombre de garanties notamment sur les libertés publiques, personne ne sera obligé de la mettre sur leur smartphone, toutes les données seront anonymisées, jamais elles ne seront centralisées. Cette application est conforme à toutes les réglementations françaises et européennes en matière de protection des données", rassure-t-il. "Nous ne savons pas encore si cette application sera prête pour le déconfinement et nous ne sommes pas certains qu'elle sera utile, et si jamais elle l'est nous aurons un débat à l'Assemblée Nationale", annonce le parlementaire.
Gilles Le Gendre le concède, "nous devrons de toute façon imaginer des dispositifs inédits pour réparer ce qui a été abîmé par cette crise et qui laissera des traces longues" et cela passera par la création "de nouvelles solidarités auprès des populations qui sont aujourd'hui laissées pour compte". Est-ce le revenu universel ou un autre instrument ? Le député répond que "le moment n'est pas d'ouvrir la boite à idée". "Nous devons définir un cadre politique global, voir comment se construit ce programme de réparation d'urgence et de refondation à plus, long et moyen terme d'un pays qui de toute façon aspirait à un profond changement", reconnaît-il.
"On s'améliore dans une telle crise"
Critiqué pour sa communication, le gouvernement semble avoir trouvé sa voie. "Le président lui-même a indiqué à quel point le début de la gestion de la crise avait pu révéler des failles", concède la député de Paris. "On s'améliore dans une telle crise. On ajuste, on adapte, on évolue", rapporte-t-il. "Nous serons prêts à une diffusion très large des masques à la sortie du confinement alors que nous avons subi une pénurie dont nous n'étions pas responsables", assure Gilles Le Gendre.
Un projet de loi de finances rectificatives sera débattu à l'Assemblée national. "J'espère qu'il sera voté le plus largement possible", réagit le président du groupe LREM. "Il y a un point essentiel : la prime destinée aux ménages les plus modestes et dont nous devrions connaître les contours dans le courant de la journée", annonce-t-il. "Depuis le début de cette crise, tant pour protéger les entreprises, les salariés et les Français les plus modestes, nous avons décidé de faire les choses sans mégoter", se félicite Gilles Le Genre qui appelle à "un soutien massif pour remettre l'économie en route et dans le respect de la justice sociale".
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