Covid-19, Présidentielle 2022, Éric Zemmour, Association des maires de France et actualité. Gilles Platret répond aux questions de Patrick Roger.
Éric Zemmour est un "propulseur" de thèmes de campagne
Gilles Platret, vice-président des LR, estime que quelques années auparavant "on n’aurait pas pu avoir les débats qu’on a en ce moment". Pour lui, c’est possiblement lié à un "propulseur de ces thèmes-là", à savoir Éric Zemmour, qui serait en train de "réveiller certains" candidats.
"La réalité, c’est que nous devons coller à ce qu’il se passe sur le terrain", explique le maire LR qui juge les candidats à la primaire de son parti "assez conscients de ce qu’il se passe sur le terrain".
Il estime qu’avant, les candidats et les discours visaient à "faire plaisir à la bonne gauche moralisatrice" qui "tenait toutes les consciences". "Et on avait peur, si on disait ce qu’il se passait, d’être taxé de raciste."
Gilles Platret estime que ce fut une "prise d’otage idéologique" mais aujourd’hui, chacun utilise ses propres mots, une tendance qui "s’étend", ce dont il se félicite.
"Je pense que la réalité de la situation qu’exprime Éric Zemmour et la réalité de la situation que vivent nos concitoyens aujourd’hui est en train d’arriver dans le débat."
Covid-19 : "Il faut parler de prudence, mais parler de vague, on a l’impression du tsunami"
La cinquième vague de Covid-19 semble avoir atteint la France. Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône, juge que parler de 5e vague est "plus diffus" même s’il concède "qu’on sent que ça augmente, on sent que le nombre d’hospitalisations augmente". Toutefois, "on n’est pas saturés au niveau de la réanimation".
Pour lui, il n’y a pas encore de "flot" mais "ça bouge dans le mauvais sens". "Pour autant, moi je pense qu’il ne faut pas affoler la population. Il faut parler de prudence, mais parler de vague, on a l’impression du tsunami."
"La peur, c’est un moyen de gouvernement, c’est naïf de penser le contraire", estime Gilles Platret
Le maire LR juge en effet que le gouvernement affole la population française. "Il joue là-dessus, il joue sur les peurs depuis toujours." Il explique que l’allocution présidentielle de novembre 2021 n’a rien apporté mais a "fait un peu peur". "Alors, oui, la peur c’est un moyen de gouvernement, c’est naïf de penser le contraire", analyse Gilles Platret. "Je pense que le gouvernement en use."
Pour autant, il tient à expliquer qu’il faut "resserrer" et non "relâcher la bride". "L’hiver est une période où, justement, les difficultés respiratoires, les maladies infectieuses, ont tendance à se développer."
[#SudRadio] @gillesplatret "Le gouvernement joue sur la peur, c'est un moyen de gouverner. Il ne faut pas pour autant lâcher la bride. S'il faut rétablir le masque en extérieur ce ne sera pas de gaité de coeur" #Covid_19
— Sud Radio (@SudRadio) November 18, 2021
"Je ne vois pas l’intérêt immédiat d’imposer le masque en hiver"
Certains maires ont déjà imposé le masque pour tenter de limiter la propagation du virus. Une solution que n’exclut pas Gilles Platret : "on l’appliquera s’il faut l’appliquer, mais ça ne sera pas de gaieté de cœur".
D’ailleurs, il déclare ne pas voir "l’intérêt immédiat d’imposer le masque en hiver", notamment car la période n’est pas propice aux rassemblements extérieurs comme l’est l’été. "L’hiver, les gens ne se regroupent pas dans la rue."
S’il ne nie pas la possibilité d’un retour du masque dans sa commune, le vice-président du parti Les Républicains souhaite "qu’on ait le temps avec les services de l’État de prévenir la population".
Concernant la vaccination, le maire de Chalon-sur-Saône annonce que son centre est toujours actif. "On l’a mis en place au tout début de l’année" et il a permis de vacciner 60.000 personnes, soit "plus que la ville". "On l’a délocalisé, mais il continue de fonctionner."
Il souligne que la mairie a mis "des moyens matériels et des moyens humains", et regrette un peu qu’aucun remboursement ne soit prévu. "On a tenu, et on continuera de tenir."
Relations entre le gouvernement et les maires : l’exercice "sera compliqué"
Lors d’un dîner avec les maires de France, Emmanuel Macron leur a assurés qu’il ne les "lâcherait pas". "Je ne sais pas comment il faut interpréter ça, je ne suis pas sûr que ce soit dans le bon sens", remarque Gilles Platret. Pour autant, il estime que l’exercice "sera compliqué" pour le président de la République. Il juge qu’aujourd’hui, "il y a une recentralisation", alors que ce que souhaitent les maires, c’est "le mouvement inverse".
S'il avait un message à faire passer au président de la République, ce que fera sans doute David Lisnard élu à la tête de l'Association des Maires de France, c'est : "nous avons besoin en France d'une nouvelle loi de décentralisation", message qui est adressé à l'ensemble des candidats à la Présidentielle 2022. "Il faut lâcher les baskets des collectivités, leur donner de l'air."
"Quand vous voulez prendre une décision, vous avez 14 étages de réglementations qui vous tombent dessus", explique Gilles Platret qui juge que cela conduit "la plupart des communes" à tout simplement renoncer. Pour lui, les communes sont dans un "carcan administratif".
Philippe Laurent a "accepté d'être instrumentalisé par l'Élysée".
David Lisnard a remporté la présidence de l'AMF, l'Association des Maires de France, face au candidat soutenu par le gouvernement. Un choix qui, pour le maire LR, reflète "la volonté que l'AMF soit indépendante du gouvernement, de l'État et du président de la République". Gilles Platret ne manque pas d'expliquer que pour la première fois dans l'histoire de l'AMF, "le gouvernement coordonne une opération pour la récupérer", qui s'est traduite par la candidature de Philippe Laurent qui a "accepté d'être instrumentalisé par l'Élysée".
"On a dit à M. Macron, collectivement : 'vous ne toucherez pas à l'AMF", se félicite Gilles Platret.
[#SudRadio] @gillesplatret "Le succès de @davidlisnard c'est la volonté des maires de rester indépendants. Il y a eu une opération organisée par l’Élysée pour noyauter la liste de Philippe Laurent et une défaite énorme pour #Macron" #AMF
— Sud Radio (@SudRadio) November 18, 2021
Le parti LR "a encore un rôle"
Le parti Les Républicains affiche une très bonne santé, avec près de 150.000 adhérents. Outre un appel de la part des candidats à la Primaire envers leurs soutiens pour prendre la carte du parti, ce résultat est aussi lié aux "anciens militants" pour Gilles Platret. Ils seraient "intéressés" par la primaire : "des gens qui s'étaient éloignés et qui reviennent vers nous". Pour le vice-président des LR, cela signifie que son parti "a encore un rôle" alors qu'on le disait "mort".
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