Interrogé, comme de coutume, en ce 14 juillet, François Hollande a évoqué les sujets de l'actualité internationale, à savoir la Grèce et l'Iran, mais également les questions de politique intérieure, en matière de sécurité, d'économie, avant d'évoquer son avenir personnel.
Sur la Grèce, "l'humiliation aurait été de la chasser" de la zone euro
"C'est l'Europe qui a gagné et la France qui a joué tout son rôle." Voilà comment le président de la République a commenté l'accord obtenu lundi entre la Grèce et ses créanciers. Un accord qui prévoit un 3e plan d'aide à condition qu'Athènes adopte de lourdes réformes. Pas question toutefois de parler d'humiliation ou de mise sous tutelle, assure François Hollande : "C'était un risque que la Grèce puisse être humiliée si elle avait été sortie, abandonnée, lâchée. Ça, ça aurait été une humiliation. L'humiliation aurait été de la chasser. Les réformes sont dures parce qu'elles n'ont pas été faites par le passé. (...) Il n'était pas question d'humilier un peuple. Vous connaissez beaucoup de pays qui vont toucher 85 milliards d'euros, avoir 35 milliards d'investissement, un échelonnement de leur dette, un financement de court terme ? Il y a eu une vraie solidarité à l'égard de la Grèce."Des négociations qui ont pu parfois laissé entrevoir quelques crispations dans le couple franco-allemand. "Avec Mme Merkel, on a établi des relations depuis 3 ans, a précisé François Hollande. Il y a un lien qui s'est établi, fondé sur l'intérêt de l'Europe. A chaque fois qu'il a fallu faire des choix, nous avons fait le choix de l'Europe. Nous avons passé une nuit entière sur l'Ukraine et nous avons trouvé l'accord de Minsk. Lorsqu'il s'est agi de monter l'union bancaire pour éviter qu'il y ait encore des faillites de banques, nous avons trouvé l'accord. Et là, dans toute cette nuit sur la Grèce, il fallait que je convainque Mme Merkel, qu'elle ait des éléments de confiance. Sans le couple franco-allemand, il était impossible d'obtenir l'accord. Quand la France et l'Allemagne ne sont pas unis, l'Europe ne peut pas avancer."
Accord "très important" sur le nucléaire iranien
Ce mardi matin, un accord a été trouvé sur le programme nucléaire iranien, qui prévoit sa limitation pendant une décennie, ainsi qu'un meilleur contrôle de l'AIEA, en échange d'une levée des sanctions de la communauté internationale contre l'Iran. "C'est un accord très important qui a été signé, assure le président de la République. Ça faisait 12 ans qu'il y avait des négociations et là il y a enfin un aboutissement. La France a été très ferme. Fabius a conduit ces négociations avec beaucoup de rigueur et de fermeté. Ma préoccupation était d'éviter la prolifération nucléaire."Interrogé sur le rôle de la France dans cette région, François Hollande assure que "la France, si elle veut assurer la paix, doit parler avec tous, avec des principes qui valent pour tous. Pour l'Iran, tant qu'il y avait cette menace nucléaire, ce n'était pas possible. Quant aux autres pays arabes et aux monarchies du Golfe, elles doivent aussi jouer un rôle pour lutter contre le terrorisme, avec des garanties. Nous ne devons pas faire en sorte qu'il y ait des oppositions entre l'Iran, chiite et d'autres pays sunnites comme l'Arabie Saoudite. Nous devons porter les mêmes principes et parler avec tous."
Terrorisme : le dispositif Sentinelle prolongé pour plusieurs mois
"Toutes les semaines, nous prévenons des actes terroristes, assure le chef de l'Etat, en réponse aux remises en cause du travail des services de renseignement après les attentats de janvier. C'est ce qui se passe, grâce aux services de renseignement, aux services de police et de gendarmerie, grâce à nos actions extérieures. Il ne faut pas remettre en cause les services de renseignement, je n'accepte pas cette mise en responsabilité. En revanche, je pense que nous devons encore améliorer notre système, c'est le sens de la loi sur le renseignement."Le président de la République a ensuite assuré que le dispositif Sentinelle, mis en place sur le territoire national pour protéger les lieux sensibles, sera prolongé au moins jusqu'à la fin de l'année 2015, même s'il a avoué savoir "ce que ça représente pour les personnels, beaucoup de fatigue, de renoncement à des droits, comme pression psychologique, comme coût financier..."Refusant de reprendre l'expression de Manuel Valls, qui avait parlé fin juin de "guerre de civilisation", le président analyse la situation actuelle par un groupe "qui veut nier l'idée même de civilisation" : "Nous sommes face à des groupes qui veulent remettre en cause les civilisations, toutes les civilisations. Les victimes de ce groupe sont de toutes les religions, de toutes les origines. Les premières victimes sont des victimes musulmanes, les Chrétiens d'Orient font l'objet aussi de massacres.""On voit bien ce que cherche ce groupe, poursuit François Hollande, d'abord à nous faire peur. Je ne dois pas avoir peur et les Français ne doivent pas avoir peur. Nous sommes un peuple qui ne doit jamais céder face à la menace même si on peut avoir des angoisses. Les montrer, c'est céder. Ce que cherche ce groupe, c'est nous diviser, faire qu'il y ait une guerre de religions. Il faut montrer, face à ces volontés de séparation, que nous sommes unis."
Economie : une loi Macron II sur le numérique
Assurant d'emblée que "la reprise économique est là", le président de la République convient toutefois qu'il est nécessaire de la renforcer pour que cela se traduise sur le terrain de l'emploi. Les mesures législatives destinées à relancer l'économie vont se poursuivre : "Il y a une loi sur l'activité et la croissance qui vient d'être votée, enfin. On a pris aussi des décisions importantes sur le travail pour que des souplesses soit données aux entreprises, des sécurités aux salariés. Nous avons aussi allégé les charges. Et ça va continuer en 2016 et en 2017. Pour qu'il y ait des résultats, nous devons faire plus de croissance. On ne va pas dire que c'est fini et que nous devons attendre. Nous n'attendons pas."Pour ce faire, le prochain sujet de travail du président de la République et du Gouvernement sera de mettre en place un 2e volet de la loi Macron, centré sur le domaine du numérique et des nouvelles technologies : "Je vais faire préparer une loi sur le numérique, tout ce qui est activité nouvelle et qui peut provoquer plus d’emploi. La France est un pays de technologie. C'est une activité considérable mais mal organisée. On voit bien qu'il y a quelque chose à susciter. La loi Macron I était par rapport à des professions anciennes. Là, ce sont des métiers nouveaux que l'on va pouvoir stimuler.""Il n'y aura pas de hausse d'impôts d'Etat ou de sécurité sociale en 2016." L'annonce claire du président de la République laisse donc imaginer que c'est dans la baisse des dépenses que le Gouvernement ira chercher les 14 milliards qui lui seront nécessaires pour ne pas aggraver son déficit budgétaire, là aussi objectif clairement affiché par François Hollande : "Nous avons réduit nos déficits au long des 3 dernières années. Il faudra continuer car la France ne peut pas avoir un endettement qui progresse."
Politique : "Si je pensais à l'élection présidentielle, je serais à côté du sujet"
Interrogé sur l'élection présidentielle de 2017, le président de la République affirme une nouvelle fois qu'il demandera à être jugé sur ses résultats : "Personne ne juge un président sur son tempérament, sa disponibilité, le temps passé à négocier, je serai jugé sur les résultats. S'il n'y a pas de baisse du chômage, je ne serai pas candidat. Parce que si les Français, même s'ils pouvaient juger que j'ai pris de bonnes décisions, s'il n'y a pas de résultat, pourquoi me feraient-ils confiance pour 5 ans de plus ? Je ne veux pas m’accrocher."Une question qu'il ne se pose toutefois pas pour le moment, c'est en tout cas ce qu'il assure : "Nous sommes à près de 2 ans de l'échéance. Vous avez vu les sujets qui sont les miens, la Grèce, l'Iran, la sécurité, l'emploi. Et je serais là à chercher à imposer une candidature ? Si je fais une campagne, c'est sur l'explication, l'annonce de décisions. Si je pensais à l'élection présidentielle, je serai à côté du sujet."Enfin, le président de la République laisse la porte ouverte à "ceux qui veulent venir travailler", sous-entendu, les écologistes qui sont prêts à s'investir dans l'action gouvernementale en vue de la conférence climat en décembre "sont les bienvenus". Dans le même temps, François Hollande confirme que "Manuel Valls a vocation à rester jusqu'à la fin du quinquennat", ajoutant que "quand on a un bon Premier ministre, il doit terminer le quinquennat".