Guillaume Larrivé : "les contestations en dehors de la sphère politique sont inévitables dans un système présidentialiste"
Interrogé par André Bercoff sur sa lecture du discours télévisé d’Emmanuel Macron le 10 décembre 2018, Guillaume Larrivé a répondu : "[Emmanuel Macron] essaie d’éteindre l’incendie, qu’à certains égards il a allumé. Car il avait démontré beaucoup d’iniquité dans la manière de gérer sa politique fiscale. Il était donc urgentissime d’envoyer un geste de compréhension aux retraités, qui vivent avec des revenus très modestes. Je pense qu’il était important de rétablir la possibilité de faire des heures supplémentaires sans payer d’impôts. Je pense aussi que les vraies grandes questions qui tiennent à l’inquiétude sociale et territoriale qui s’est emparée de notre pays, la peur du déclassement, l’insécurité culturelle, toutes ces grandes questions ne sont bien évidemment pas réglées par la seule magie d’une allocution du Président de la République".
Pour Guillaume Larrivé, le problème majeur du système politique actuel est la concentration du pouvoir dans les mains d’un seul homme. "Il faut un chef de l’État qui incarne la nation. Je ne conteste pas les principes de la Ve République. Mais on n’est plus dans la Ve République originelle, on est dans un système présidentialiste. C’est une illusion selon laquelle un homme qui serait en charge des 100% des pouvoirs aurait la confiance des 100% des Français pour faire ce qu’il veut, ce qu’il entend, selon son bon plaisir pendant cinq ans, sans aucun autre lieu de délibération, de décision… Ça, c’est très pervers. Cela veut dire qu’inévitablement, il va y avoir des voies de contestation ailleurs que dans la sphère politique. Cette crise des Gilets Jaunes dit précisément cela", a-t-il estimé.
Guillaume Larrivé dénonce une "majorité complètement aux ordres"
Au cours de cet entretien avec André Bercoff, Guillaume Larrivé a également critiqué la manière de fonctionner de l’Assemblée nationale, avec sa majorité LREM. "Pour la démocratie on a besoin que la République fonctionne vraiment, qu’il y ait un Président qui préside, un gouvernement qui gouverne et un parlement qui débat et fait la loi. Il s’agit, ensemble, de diriger le char de l’État. Le parlement doit être un pouvoir de l’État. Il ne doit pas être juste un atelier d’éveil où des députés macronistes, tels des Playmobils, lèvent la main pour approuver tout ce qu’a dit le Prince", a-t-il déclaré.
"Pendant la campagne des législatives de 2017, le seul axe programmatique des têtes de liste LREM consistait à coller leurs bobines à côté de celle d’Emmanuel Macron sur des affiches, en disant : Emmanuel Macron, c’est génial, je ferai tout ce qu’il veut. C’est pas ça, un député. Un député doit être libre, indépendant pour faire entendre la voix des Français. Je pense qu’aujourd’hui on est dans les limites de cet absolutisme présidentiel. Cela a commencé avec Jacques Chirac, et le cycle se répète depuis", a poursuivi Guillaume Larrivé.
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